Cadres supérieurs

Pour cet accessoire, deux écoles cohabitent. La "classique" qui veut qu'on allie un tableau et un cadre de la même époque et l' "esthétique", plus actuelle, qui cherche à réaliser un ensemble agréable à l'oeil. Explications.

Alors que des vacations entièrement dédiées aux cadres sont fréquentes en Angleterre, ce n'est que depuis quelques années que l'on trouve, trois ou quatre fois l'an, de telles séances de ventes aux enchères en France. Car un cadre est rarement un objet artistique en lui même, il n'est que le complément d'un tableau.

Les amateurs se divisent en deux catégories: les "classiques", ceux qui ne jurent que par un cadre d'époque adapté à l'oeuvre elle même, et les "esthètes" pour qui l'unité d'ensemble est primordiale, peu leur importe la période de fabrication pourvu que cadre et tableau fassent un tout dans un environnement propice. C'est cette dernière tendance qui l'emporte aujourd'hui, notamment auprès des décorateurs influents.

La technique du cadre n'est pas si ancienne. Dans l'Antiquité, il n'y en avait pas et au Moyen âge, cadre et image ne faisaient qu'un. Ce n'est que vers le XVIème siècle que le cadre a mené sa vie à part, avec des artisans spécialisés, souvent doreurs ou écaillers. C'est l'ère des "Sansovino" vénitiens qui mêlaient écaille et ébène. Vers 1620, une nouvelle corporation "les borduriers" se met en place: ces artisans réalisent à la demande des oeuvres faites d'arabesques, frises, rinceaux, godrons, bouquets, voûtes et autres entrelacs, souvent inspirés par l'oeuvre elle même.

. SAVOIR. A chaque époque correspond un style, les peintures d'abord, puis le mobilier inspirant les borduriers: rocaille et dorure pour le Louis XIV, courbes et contre-courbes pour le Louis XV, lignes sobres et droites pour le Louis XVI, pâtisseries et stucs pour le Louis Philippe, sobriété et bois naturel pour le XXème siècle.

Au XIXème siècle, période particulièrement féconde, la majorité des cadres a été réalisé à l'aide de plâtre ou de stuc, un matériau plus malléable, mais plus fragile et moins onéreux que le bois. Les amateurs n'en sont guère friands et les prix moins élevés s'en ressentent.

Au XVIIIème siècle, les cadres étaient montés "à la clef", avec une pièce permettant le serrage pour parfaitement les ajuster. On peut donc aujourd'hui encore les restaurer à l'identique voire les adapter à un tableau moderne. Ce n'est pas le cas des cadres ovales ou circulaires, moins chers, d'autant que leur bois est plus fragile. Autre critère de choix, la dorure. Une ancienne dorure doit être non retouchée, elle se reconnaît à ses craquelures et ses transparences qui révèlent son apprêt. La redorure à la mixtion, technique très courante, donne un résultat plus mat sans les effets de lumière initiaux. Les spécialistes soulignent l'importance de l'épaisseur des feuilles d'or, ne serait-ce que pour dater le cadre. Enfin, quelques rares cadres sont estampillés: les marques de Etienne-Louis Infroit ou Pépin et Chérin entraînent une plus value de 30% à 50%.

ACHETER. Trouver un cadre, authentique, aux dimensions précises est toujours très compliqué: les quelques galeries dédiées (une demi douzaine pour toute la France) possèdent des milliers d'exemplaires: du fait de ce stock abondant - et donc de frais d'entreposage - leurs prix sont plus élevés qu'en salle des ventes. Ces professionnels compétents sont également souvent des restaurateurs de très bon niveau. Pour encadrer un tableau de valeur, mieux vaut les consulter.

Aux enchères, le marché n'est absolument pas spéculatif, la plupart des acquéreurs étant des professionnels. Pour un cadre Louis XIII, selon la taille, les prix s'échelonnent entre 750 euros pour entourer un dessin et 4.000 euros pour un grand tableau. Il faut compter un peu plus cher pour le Louis XIV, beaucoup plus pour le Louis XV aux formes arrondies, nettement moins pour les périodes suivantes, de 250 à 1.000 euros pour une oeuvre moyenne.

Peu onéreuses sont les baguettes en bois doré ou non des XIX et XXème (200 à 1.000 euros pour les néo-classiques) alors que les cadres flamands et hollandais s'envolent, à plus de 7.000 euros. Reste quelques exceptions, notamment les cadres décorés par les peintres: ils font alors le plus souvent partie intégrante du tableau

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