Vers un gouvernement définitif mais fragile en Belgique

Après l'accord de cinq partis obtenu ce mardi matin, un gouvernement définitif devrait être installé à Bruxelles ce jeudi, sous la direction du démocrate-chrétien flamand Yves Leterme. Mais les experts craignent qu'à la première occasion cette coalition hétéroclite s'effrite.

Sauf coup de théatre, la Belgique disposera cette semaine d'un vrai gouvernement. Cinq partis politiques ont conclu ce mardi matin un accord sur un programme de gouvernement, qui ouvre la voie à l'entrée en fonction dès jeudi du démocrate-chrétien flamand Yves Leterme comme Premier ministre, plus de neuf mois après les élections législatives du 10 juin.

"C'est un bon accord de gouvernement avec des mesures équilibrées", a déclaré le futur chef de gouvernement après une nuit de négociations ardues. Les cinq partis politiques, qui constituent l'actuel gouvernement de transition composé des libéraux et des démocrates-chrétiens du Nord et du Sud du pays auxquels se sont alliés les socialistes francophones, doivent encore se mettre d'accord sur la composition du futur cabinet.

L'accord sera présenté ce mercredi aux congrès des partis et, sauf énorme surprise, l'actuel Premier ministre, le libéral Guy Verhofstadt, cèdera jeudi le relais à Yves Leterme. Cette sortie a été facilitée, selon les observateurs, par l'action de Guy Verhofstadt, qui a accepté en décembre, après six mois de tractations infructueuses, d'assumer la direction d'un gouvernement intérimaire, et par le ton plus conciliant d'Yves Leterme.

Avec son énergie habituelle, le libéral flamand Verhofstadt, qui est aussi populaire au Sud qu'au Nord, a pris les choses en main après que Yves Leterme eut par deux fois échoué à former un gouvernement en raison de la méfiance qu'il suscite en Wallonie, où il est perçu comme le défenseur des seuls intérêts flamands. Guy Verhofstadt est parvenu à recréer un climat de confiance minimale entre les deux communautés du pays pour conclure un programme de gouvernement classique centré sur la réforme fiscale, la création de 200.000 emplois et l'immigration.

Les Flamands, qui réclament une réforme de l'Etat selon laquelle d'énormes pans de compétences seraient gérées par les régions, y compris dans le domaine de la sécurité sociale, ont mis de l'eau dans leur vin et accepté d'étaler leur programme. Les francophones, qui ont commencé par rejeter toutes les revendications flamandes, dont ils craignaient qu'elles ne sonnent le glas de l'Etat fédéral, ont petit à petit compris qu'il leur fallait négocier sous peine de voir la Flandre s'émanciper voire, pour les pessimistes, faire sécession.

L'accord de gouvernement prévoit donc des transferts de compétences anecdotiques, comme la sécurité routière.

Enfin, les nationalistes flamands de la NVA, qui se sont présentés en cartel aux élections avec les démocrates-chrétiens et se montraient les plus "durs" en matière de transferts, ont quitté les négociations, ce qui a facilité les pourparlers.

Pour les analystes politiques, le futur gouvernement sera toutefois fragile tant les dissensions sont grandes entre les cinq partis qui le composent. La coalition est en outre déséquilibrée, puisqu'elle est soutenue par plus de députés francophones que de flamands et elle ne dispose pas de la majorité des deux-tiers, alors que les nationalistes flamands martèlent que "la Belgique a existé mais elle n'existe plus".

Le premier test interviendra dès juillet prochain, lorsque le gouvernement se penchera sur de nouveaux transferts de compétences qui devraient porter dans un premier temps sur l'emploi, dont la structure est très différente en Flandre, où les bras manquent, et en Wallonie, où le chômage frôle les 20%. Il faudra en outre parvenir à un compromis sur le sort à réserver aux 150.000 francophones qui vivent dans la périphérie flamande de Bruxelles et que les partis du Nord ne veulent plus voir voter pour des listes francophones.

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