A crise exceptionnelle, mesure exceptionnelle. Après l'intervention en urgence vendredi de la Fed pour sauver Bear Stearns de la faillite, c'est au tour de la grande banque commerciale américaine JPMorgan Chase d'intervenir dans le dossier pour s'emparer finalement de la cinquième banque de Wall Street. Comme la rumeur le laissait entendre durant le week end JP Morgan Chase s'est en effet engagée dimanche soir à acquérir la banque d'affaires Bear Stearns. Mais les investisseurs vont surtout être surpris par le montant dérisoire de la transaction: 236 millions de dollars!

Cette opération, qui génèrera toutefois quelque 6 milliards de coûts associés pour JPMorgan, a été conclue à marche forcée ce week-end, sous l'impulsion de l'administration Bush et de la Réserve fédérale. Les conseils d'administrations des deux entreprises ont approuvé à l'unanimité la transaction, par échange d'actions, qui valorise chaque titre Bear Stearns à deux dollars, a précisé JPMorgan Chase dans un communiqué.

On est donc bien loin des valorisations annoncées encore ce week end par les médias américains. Le Wall Street Journal évoquait le prix de 2,2 milliards de dollars ou 20 dollars par action. Vendredi en clôture à la Bourse de New York, l'action Bear Stearns avait perdu près de 50% de sa valeur pour tomber à 30 dollars, soit une valeur boursière de 3,54 milliards de dollars. Il y a un an, cette même action valait 170 dollars.

Le montant de la transaction est d'autant plus dérisoire, qu'il tient compte du prix du siège de l'établissement new-yorkais, un immeuble de la prestigieuse Madison Avenue, évalué à 1,2 milliard de dollars, selon le Wall Street Journal.

Bear Stearns a par ailleurs renoncé à publier ses résultats lundi. Indiquant avoir renoncé "à la lumière de l'accord avec JPMorgan Chase", Bear Stearns n'a pas communiqué de nouvelle date de publication pour ses résultats du premier trimestre. Par ailleurs, JPMorgan a indiqué, qu'à effet immédiat, elle "garantissait les obligations commerciales de Bear Stearns et de ses filiales et que sa direction assurait la supervision de ses opérations". L'opération doit être close "d'ici à la fin du deuxième trimestre 2008" et augmentera "à terme" d'un milliard de dollar par an après impôt le bénéfice de JPMorgan, a précisé l'établissement financier.

Elle a été d'ores et déjà été approuvée par la Réserve fédérale, qui a par ailleurs accepté de "financer jusqu'à 30 milliards de dollars d'actifs moins liquides de Bear Stearns", c'est-à-dire ses actifs les plus longs à vendre. JPMorgan a évalué à 33 milliards de dollars l'exposition brute de Bear Stearns sur les produits adossés aux emprunts hypothécaires.

"En plus du financement que la Réserve fédérale fournit traditionnellement par l'intermédiaire de sa fenêtre d'escompte, le Fed va apporter des financements spéciaux en rapport avec cette transaction", a expliqué JPMorgan. "JPMorgan se tient derrière Bear Stearns", a commenté Jamie Dimon, PDG de JPMorgan Chase. "Les clients de Bear Stearns et ses contreparties doivent se sentir rassurés par le fait que JPMorgan garantisse les risques de contreparties de Bears Stearns", a-t-il martelé, cité dans le communiqué. Mais les

Le chinois Citic pourrait remettre en cause ses accords avec Bear Stearns.
CITIC Securities a laissé entendre lundi que ses accords pour des investissements croisés avec la banque d'affaires américaine Bear Stearns pourraient être compromis. "A ce jour, nous n'avons pas signé d'accord final, ni versé d'argent et la compagnie ne peut garantir que nous parviendrons à un accord final", a indiqué CITIC Securities, dans un communiqué boursier, en affirmant qu'elle allait étudier la situation. Bear Stearns et CITIC Securities avait annoncé en octobre un accord de principe pour former une alliance, qui prévoyait la création d'une société commune et des investissements croisés d'environ 1 milliard de dollars.