Procès Volkswagen : l'ex-PDG Ferdinand Piëch convoqué à titre de témoin

L'ancien patron du groupe doit justifier pourquoi il n'était pas au courant du système de corruption existant au sein du constructeur automobile. Il a choisi l'avocat vedette Matthias Prinz, qui défend également Caroline de Monaco, pour le soutenir à la barre. Un choix qui laisse à penser que la défense de sa notoriété l'importe plus que les faits.

Tous les regards ce mercredi sont tournés sur Brunswick, une petite ville très bourgeoise de Basse Saxe où se tiennent depuis un an plusieurs procès d'anciens salariés de Volkswagen soupçonnés d'abus de confiance. A la barre ce matin, c'est Ferdinand Piëch qui doit rendre des comptes au juge d'instruction dans le cadre du procès de l'ancien président du comité d'entreprise Klaus Volkert et de l'ancien responsable des ressources humaines de VW, Klaus-Joachim Gebauer, tous deux dans le box des accusés depuis l'automne.

L'ancien président du groupe, toujours à la tête du conseil de surveillance du premier constructeur européen, va devoir expliquer comment il pouvait ne pas être informé du vaste système de corruption des représentants du personnel qui a permis des années durant d'acheter la paix sociale. Que savait il vraiment des largesses concédés aux représentants du personnel pour obtenir leur soutien ?

En décembre, l'ancien directeur du personnel de Volkswagen, Peter Hartz, aussi convoqué à titre de témoin après avoir été condamné en début d'année dernière, a défendu Ferdinand Piëch, prenant sur lui toute la responsabilité. Peter Hartz a expliqué qu'il n'avait parlé que "de façon informelle" avec Ferdinand Piëch en 1994 des revendications de hausse de salaires de Klaus Volkert. "On" s'était mis d'accord pour traiter M. Volkert comme un cadre supérieur, a-t-il toutefois concédé en ajoutant que les détails n'avaient pas été évoqués.

Dans le cadre de son procès, l'ancien proche de l'ex-chancelier Gerhard Schröder, avait reconnu avoir versé environ 2,6 millions d'euros de primes en tout genre à Klaus Volkert, qui avaient servi à payer des prostituées ou des voyages. Par la voix de son avocat, il avait fait comprendre qu'il n'avait pas eu le choix. Au nom de la cogestion allemande et surtout du système Volkswagen par lequel les représentants des salariés sont parties prenantes du fonctionnement du groupe.

"Cette coopération exceptionnelle en Europe dans une entreprise a permis de résoudre la crise de 1993 chez Volkswagen et d'en faire dans les années suivantes une success story" avait démontré son défenseur, obtenant au final une amende de quelque 300.000 euros mais pas de prison pour son client.

Pour obtenir aussi des jugements plus cléments, les avocats de Klaus Volkert et Klaus-Joachim Gebauer veulent montrer qu'il s'agissait d'un système et donc que Ferdinand Piëch était forcément au courant. Ce dernier a jusqu'à présent toujours nié avoir été informé des faits.

L'ancien patron de Skoda Helmuth Schuster, également inculpé, a pourtant déclaré devant les juges qu'un compte central, destiné à financer les pots-de-vin versés à plusieurs membres du comité d'entreprise, était dirigé pendant des années depuis le bureau de l'ancien patron du groupe.

Il a également expliqué que plusieurs membres du directoire, et pas seulement Peter Hartz avaient souvent insisté sur l'importance pour VW de contenter ses comités d'entreprise. L'ancien médecin du travail de VW a affirmé également que le directoire était au courant depuis 2004 des voyages de luxe offerts. Selon ce témoin, Hans-Joachim Gebauer lui avait parlé en janvier 2004 d'une enquête menée en haut lieu à ce sujet.

En revanche, l'ancien directeur financier Bruno Adelt a affirmé que, jusqu'en 2003, aucune particularité n'avait été remarquée au service comptabilité et donc qu'aucune enquête n'avait été menée. Un autre cadre de VW, dont l'anonymat est requis par la loi allemande sur la protection des témoins, a affirmé devant la cour que Peter Hartz mettait un point d'honneur à contresigner personnellement les notes de frais douteuses.

Mardi plusieurs secrétaires qui étaient entendues ont confirmé les avantages dont bénéficiaient plusieurs hauts représentants des salariés mais également leurs femmes au cours de voyage où ils recevaient des enveloppes d'argent liquide. Prostituées, voyages de luxe et cadeaux en tout genre étaient l'habitude. Mais Ferdinand Piëch aujourd'hui va dire une nouvelle fois qu'il n'en savait rien...

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