Bruxelles veut faire payer les poids lourds pour l'environnement

La Commission européenne a adopté un ensemble de mesures pour rendre les transports plus "écologiques", dont une réforme de l'eurovignette. Les Etats auront la possibilité de faire payer aux poids lourds le coût de leur impact sur l'environnement. Eric Woerth, ministre du Budget, veut "rester prudent" sur ce dossier délicat.

Même si la Commission européenne s'en est vivement défendu, elle va bel et bien faire "payer les poids lourds". Le commissaire chargé des transports, Antonio Tajani, vient d'annoncer ce mardi une série de réformes visant à limiter l'impact écologique de ces véhicules.

Parmi ces mesures, la possibilité de "moduler les péages en fonction des heures de pointe et de la pollution atmosphérique et sonore due aux émissions provenant des poids lourds", selon un communiqué de la Commission. Ce système de péage que les Etats membres peuvent ou non imposer aux véhicules de plus de 3,5 tonnes est actuellement calculé en fonction du type de véhicule. Il vise à financer la révision et l'entretien des infrastructures.

La France n'applique pas actuellement le dispositif de l'eurovignette mais a décidé sa mise en place dans le cadre du "Grenelle de l'environnement".

La modulation nouvelle devra répondre à une méthode commune de calcul des coûts de l'impact des poids lourds sur la santé et l'environnement en fonction des conditions locales. Cette prise en compte de l'impact du transport routier sur l'environnement représentera "quelque 5 centimes par kilomètre" en moyenne.

Le commissaire chargé des Transports, Antonio Tajani, s'est défendu d'imposer une hausse des coûts du transport au plus mauvais moment, le secteur étant confronté à une flambée inédite des prix du carburant. "Je suis convaincu au contraire que la décision adoptée aujourd'hui est une réponse à la hausse du prix du pétrole. C'est une réponse concrète pour réguler le trafic", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Il a ajouté: "il ne s'agit pas d'introduire une nouvelle taxe, et l'adoption de ces mesures par les Etats membres sera volontaire".

Pour la Commission, la modulation "environnementale" des tarifs, qui restera facultative, incitera les transporteurs à privilégier des itinéraires alternatifs et des horaires évitant la congestion des réseaux. Elle en attend une réduction des coûts de 8%. Le transport routier est en effet à l'origine de 75% des émissions de protoxyde d'azote (un gaz à effet de serre) issu des transports tandis que le coût de la congestion routière est évalué à 1,1% du PIB communautaire.

"Les coûts sont là", a insisté le commissaire pour qui "les pollueurs et non les contribuables doivent payer pour les dommages environnementaux". Les recettes additionnelles devront être affectées "à la recherche-développement pour des véhicules plus propres et aux modes de transport alternatifs", a-t-il ajouté.

Bruxelles souhaite que les Etats membres et le parlement s'accordent sur sa proposition pour qu'elle puisse entrer en vigueur dès 2011.

Eric Woerth, ministre du Budget, a réagi ce mercredi matin à cette annonce. Il a jugé qu'il fallait "rester prudent", tout en précisant: "il faut une fiscalité écologique, mais il faut faire très attention au poids financier qui pèse aujourd'hui sur un certain nombre de professions, notamment sur les routiers."

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