Aux yeux de Moscou, l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie sont indépendantes

Le président russe, Dimitri Medvedev, vient de reconnaître l'indépendance des deux républiques séparatistes géorgiennes, au coeur de la crise depuis le 7 août. L'Occident a immédiatement condamné cette décision.

Moscou n'a "peur de rien", y compris d'une nouvelle "guerre froide" avec l'Occident. Le président russe, Dimitri Medvedev, a reconnu, ce mardi 26 août, la souveraineté de ces deux républiques séparatistes de Géorgie, l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie. C'est une étape de plus dans la crise qui a débuté le 7 août.

"J'ai signé les décrets sur la reconnaissance par la Russie de l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie. La Russie appelle les autres Etats à suivre son exemple", a déclaré le président russe Dimitri Medvedev dans une déclaration solennelle de quelques minutes à la télévision russe. Le parlement russe avait appelé hier le président géorgien Mikheïl Saakachvili à reconnaître l'indépendance des deux républiques séparatistes, qui en ont fait la demande solennelle une semaine plus tôt.

Cette décision a immédiatement été condamnée par les Occidentaux qui contestent également le maintien des positions russes avancées en territoire géorgien. La France, qui a actuellement la présidence de l'Union européenne l'a immédiatement qualifiée de "décision regrettable". Pour François Bayrou, président du Mouvement démocrate: "c'est une atteinte directe au droit international et le retour au temps qu'on croyait révolu des affrontements territoriaux, à base de conflits ethniques, tranchés par la force et l'intimidation. Du Caucase aux Balkans, nous sommes revenus au temps des coups de force"

Le gouvernement britannique l'a "catégoriquement rejetée", alors que la chancelière allemande Angela Merkel l'a qualifiée d' "inacceptable" et de "contraire au droit international". Pour la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, cette reconnaissance est "regrettable".

La présidence finlandaise de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe a condamné cette déclaration de la Russie, estimant qu'il s'agissait d'"une violation des principes de l'OSCE".

Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a déclaré devant la commission des Affaires étrangères du parlement que la reconnaissance de l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie par la Russie "ne s'appuie pas sur un cadre juridique international". Il a ajouté "qu'une balkanisation sur la base ethnique du Caucase est un sérieux danger pour tous". L'Occident a "commis une erreur" en "humiliant la Russie pendant dix ans", de 1991 à 2000, tout en demandant à Moscou "d'être un fournisseur d'énergie et d'accueillir nos investissements" mais sans pour autant lui reconnaître un "rôle politique, a-t-il estimé. "La Russie a nourri une frustration qui malheureusement explose aujourd'hui", a-t-il conclu.

A Tbilissi, le gouvernement géorgien a aussitôt rétorqué que cette reconnaissance n'avait "aucune valeur légale" et qu'elle aurait de "lourdes conséquences politiques" pour la Russie.

Alors qu'à Soukhoumi et Tskhinvali, capitales d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, les habitants ont célébré en klaxonnant et en tirant en l'air à l'arme automatique l'annonce de leur reconnaissance par Moscou.

Autre signe de tensions de plus en plus exacerbées, la Russie a également annoncé ce mardi la suspension de sa coopération avec l'Otan qui rejette la décision de Moscou la jugeant contraire à l'intégrétié territoriale de la Géorgie. En revanche, la Russie a maintenu sa coopération avec l'Alliance atlantique concernant le transit de vivres et d'équipements à travers le territoire russe vers l'Afghanistan, a déclaré le représentant permanent de la Russie auprès de l'Alliance, Dmitri Rogozine.

Ces déclarations surviennent au moment même où forces armées américaines et russes pourraient se retrouver en présence en Géorgie pour la première fois depuis le début du conflit.

Les Etats-Unis ont indiqué mardi matin qu'un de leurs destroyers était attendu mercredi dans le port géorgien de Poti, avant de revenir sur leurs déclarations. La destination du bateau demeure donc pour l'instant inconnue.

"A la demande du gouvernement géorgien, ils délivreront de l'aide humanitaire à Poti", avait déclaré à l'AFP un porte-parole de l'ambassade des Etats-Unis à Tbilissi, Steve Guice.

La Russie affirme agir dans le cadre de l'accord de paix négocié par la France. Les Occidentaux exigent pour leur part le retrait des soldats russes de Poti, jugeant qu'ils sont stationnés trop loin à l'intérieur du territoire géorgien.

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