Amour britannique

Alors que la date des élections britanniques va être annoncée ce mardi matin -le 6 mai-, les Britanniques hésitent à mettre un terme à leur vieille histoire d'amour avec les travaillistes

C'est comme une romance qui a mal tourné. En 1997, les "choses ne pouvaient qu'aller mieux" (things can only get better), chantaient les Britanniques avec l'élection de Tony Blair. Après presque vingt ans de Thatchérisme, les travaillistes avaient emporté le coeur de cette Nation pourtant peu porté à la révolution. L'amour presque aveugle a duré environ cinq ans, pendant lesquels rien n'accrochait sur "Téflon Tony". Ensemble, ils regardaient à l'horizon le soleil se coucher sur la Tamise, les yeux mouillés par tant de bonheur...

Puis, les premières scènes de ménage sont apparues. Les premières anicroches semblaient n'être rien de sérieux, mais on en est rapidement arrivé aux piles d'assiettes cassées avec la guerre en Irak. Pourtant, comme par fidélité pour leurs premiers amours, les Britanniques continuaient à voter pour les travaillistes. Malgré tout, Tony Blair a remporté haut la main trois scrutins.

Il faut dire qu'il n'y avait pas vraiment de tentations ailleurs. Les vieux conservateurs au crâne dégarni et à l'embonpoint généreux n'étaient pas propices à une affaire extra-conjugale.

C'est alors que le jeune David Cameron est arrivé. Le nouveau leader des conservateurs rappellait tellement Tony Blair et son charme irresistible que les Britanniques ont presque immédiatement craqué. L'homme parlait de lendemains meilleurs, de "partage de la croissance", de protection de l'environnement... Et puis, la passion du côté du Labour était bien finie, il fallait se rendre à l'évidence.

Seulement voilà, à l'heure de signer le divorce, les Britanniques semblent hésiter. Les élections auront lieu le 6 mai. Vont-ils vraiment oser tourner complètement la page de l'amour transi de 1997? D'autant qu'une ombre a semblé apparaître sur le visage de David Cameron, au détour de la crise. N'était-ce pas les conservateurs d'antan, s'opposant à l'Etat par principe, qui se devinaient sous ces nouveaux habits? Et puis, le bougon mari écossais qui les attendait au foyer n'a-t-il pas su, après tout, continuer à faire bouillir la marmite pendant la crise?

Reste à faire le choix. Le courage du divorce et de l'inconnu, ou la suite d'un malaise conjugal, malgré tout? Un nouveau jeune premier séduisant, mais qui inquiète? Ou un vieil amour usé jusqu'à la corde, mais quand même rassurant? Les Britanniques ont un mois pour trancher.

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