La voilà donc, la nouvelle citadine de Peugeot, tant attendue ! Cette lointaine descendante de la fameuse 205, qui a sauvé le groupe PSA au début des années 80, a une rude mission : reproduire le miracle d'il y a trente ans. Elle doit absolument redorer le blason de la firme française, en très graves difficultés financières. « Nous visons 500.000 ventes par an dans l'Union européenne, dont 30 % en France », nous affirmait-on récemment au sein du constructeur. Sa devancière, la 207, avait atteint les 520.200 en 2007, son année record, alors que PSA tablait initialement sur plus de 600.000. La 208 concurrence les ténors de la catégorie, Ford Fiesta, Volkswagen Polo, Citroën C3-DS3, Opel Corsa, Toyota Yaris et la... future Renault Clio IV prévue pour octobre prochain. La 208 doit remplacer la 207 mais également, fin 2012, la vieille Peugeot 206+.

Compacte et légère

Bien dessinée, compacte, originale, surtout à l'intérieur avec une présentation très épurée et une ergonomie simplifiée, la 208 a été conçue pour être légère, afin de moins consommer. Elle perd ainsi une centaine de kilos par rapport à la 207, il est vrai particulièrement lourde. Elle est d'ailleurs plus petite qu'elle, mais sans perdre en habitabilité, qui demeure bonne. Bravo. La ligne renouvelle un style Peugeot qui s'enferrait dans des voitures de plus en plus empâtées et clinquantes. Elle a même le bon goût de rappeler (en trois portes) celle de la 205. Des clins d'?il sympathiques. On regrettera toutefois que cette jolie carrosserie ne soit pas du tout protégée, face aux aléas de la circulation urbaine. Pour une citadine, c'est franchement absurde. Mais c'est la mode.

Petit volant et instrumentation surélevée

L'habitacle surprend avec un tout petit volant et un combiné d'instruments surélevé, que l'on regarde par dessus la jante du volant. Une disposition qui ne conviendra pas à tous les gabarits. En mettant le siège en position haute, ça va. Mais, si l'on préfère conduire plus bas, le volant cachera inévitablement une partie des compteurs. Discutable. En revanche, rien à redire sur l'écran central tactile, fonctionnel et aux fonctions bien repérables. La qualité des assemblages est correcte, mais certaines jointures entre les plastiques sont disgracieuses. La profusion de plastiques durs fait un peu bas de gamme. Une Volkswagen Polo fait mieux. Sinon, la 208 est globalement comparable à ses autres concurrentes sur ce plan. On espérait quand même un effort supérieur, après les progrès enregistrés sur les DS4, DS5 ou 508. Nous attendions un peu plus de raffinement.

Ambiance triste

Déplorons l' « harmonie » noire de l'habitacle. Ce n'est pas la peine qu'on nous fasse de grands discours sur le design, pour faire des intérieurs aussi tristes, au final. Ce n'est certes pas pire à cet égard que chez les rivales. Mais, un peu plus de chaleur et de gaieté serait le bienvenu, non ? Que font les designers ? Ils sont à ce point lugubres ? Ceci dit, on est bien assis, avec un habitacle large (à l'avant) et bien dégagé. On rentre et on sort du véhicule sans problèmes. Les sièges sont confortables, mais le tissu, pas très agréable au toucher, est en outre un peu glissant et ne maintient pas suffisamment le dos en virage.

Moteur pas assez souple

Le diesel e-HDi de 92 chevaux ne cale pas au démarrage, contrairement à bien des concurrentes. C'est bien. Il manque toutefois de souplesse à bas régime. Les relances sont faiblardes et il faut souvent réenclencher la première à petite vitesse, moyennant de légers à-coups. Ca manque dès lors de fluidité en ville, dans les embouteillages. Nous sommes d'autant plus surpris de cette relative apathie en bas du compte-tours que le même moteur (porté à 110 chevaux), essayé récemment sur une DS4 plus lourde, nous avait paru bien plus dynamique. Le levier de vitesses un peu rêche - défaut habituel chez PSA - gêne aussi l'évolution dans les encombrements. Sitôt dans les tours, en revanche, la mécanique fait preuve de beaucoup de bonne volonté. Elle reste également assez sobre (6,3 litres aux cents durant l'essai). Même si, évidemment, on est fort loin des consommations « homologuées », comme c'est souvent le cas sur des véhicules à prétentions écologiques dont on sollicitera souvent le moteur pour les arracher à leur paresse naturelle. Saluons également l'excellentissime « Stop and Start » (arrêt et redémarrage automatiques du moteur au feu rouge), dont la douceur et l'efficacité sont remarquables. C'est assurément le meilleur système de la production mondiale actuelle.

Agile et plutôt confortable

La voiture est très, très agile, parfois même un peu trop, tant les changements rapides de trajectoire surprennent. Mais, la voiture accroche bien sur le bitume, quel qu'il soit, malgré des pneus « écolo » qui ne favorisent pas la tenue de route. La 208 est sûre, amusante, précise. Le tout avec un niveau de confort satisfaisant pour un si petit véhicule. Mais, notre voiture d'essai en finition Active (une des plus « basiques ») recevait des petites roues avec des pneus à flancs hauts favorisant le confort. Les grandes jantes et pneus bas des versions plus huppées dégradent incontestablement l'ensemble. A propos de confort, signalons que les suspensions travaillent trop bruyamment.

Prix compétitifs

Voilà une bonne petite, sympathique, moderne, dans l'air du temps. Même si l'absence de répondant du moteur à bas régime et les grincements des trains roulants nous ont un peu gâché le plaisir. Financièrement, la 208 est disponible à partir de 11.950 euros, en version 1,0 litre de 68 chevaux et finition de base extrêmement dépouillée. Notre véhicule d'essai e-Hdi 92 était une trois portes en finition Active, qui offre la climatisation, l'écran tactile, les rétroviseurs électriques. Elle est à 16.800 euros. Pour deux portes de plus (utiles), il faut compter 17.400. Compétitif face aux concurrentes, même si la Volkswagen Polo est plus agressive. On bénéficiera d'une toute petite remise écologique avec un bonus de 100 euros, grâce aux 98 grammes seulement de C02 rejetés dans l'atmosphère.
Alain-Gabriel Verdevoye

Modèle d'essai : Peugeot 208 e-Hdi 92 Active (3 portes) : 16.800 euros (-100 euros de bonus)

Puissance du moteur : 92 chevaux (diesel)

Dimensions : 3,96 mètres (long) x 1,73 (large) x 1,46 (haut)

Qualités : ligne réussie, agencement intérieur original, tenue de route sûre, agilité, « Stop and Start » doux et efficace

Défauts : paresse à bas régime, suspensions bruyantes, ambiance intérieure triste, plastiques peu valorisants

Concurrentes : VW Polo TDi 90 Trendline : 15.490 euros ; Ford Fiesta 1,6 TDCi 95 Trend Pack : 17 .750 euros ; Renault Clio III 1,5 dCi 90 Expression Clim : 18.300 euros

Note : 14 sur 20