L'alchimie du droit et de l'entreprise

Je suis juriste d'entreprise. En 1999, j'ai été nommée juge au tribunal de commerce de Paris. On pose les règles. On les applique. C'est cette alchimie qui m'a séduite immédiatement. Le juge entend le demandeur et le défendeur. Sa mission est de découvrir la vérité. Il faut trancher et motiver la décision. C'est très enrichissant. Ce raisonnement par étapes me passionne.
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Ma famille est rentrée d'Algérie en 1962. J'ai été assez vite une rebelle dans mon enfance. J'étais joyeuse. J'aime les gens. Je voulais être directrice d'hôpital mais me suis très vite orientée vers le droit. J'ai débuté dans une agence immobilière à Nice. Mais si j'adore convaincre, je déteste vendre. J'ai ensuite monté des dossiers de financement d'aide à l'amélioration de l'habitat à la mairie de Nice. De retour à Paris en 1980 comme enseignant chercheur à l'université de Paris II, je suis entrée à la Sonacotra en 1989. Enfin le monde de l'entreprise ! Un vrai bonheur ! J'avais 80 personnes sous mon autorité. Mon deuxième enfant est arrivé. En 1994, j'ai pris la direction juridique de la Compagnie Immobilière Phénix, filiale de la Générale des Eaux (devenue Vivendi en 1998), sous la direction de Stéphane Richard (aujourd'hui patron d'Orange). Jean-Marie Messier a été nommé président le mois suivant. Il a lancé les acquisitions (Canal Plus, Havas...). Il faisait une opération tous les trois ou quatre mois. C'était de la folie. On n'arrêtait pas. Puis il y a eu la fusion Seagram/Universal. Des nuits et des week-ends de négociations. On faisait des notifications à Bruxelles. Après l'euphorie, en juillet 2002, Messier est parti. Jean-René Fourtou et Jean-Bernard Levy sont arrivés. J'ai pris le poste de directeur de la concurrence et de l'éthique nouvellement créé.

Je suis candidate à la présidence du tribunal de commerce de Paris parce que, après douze années de pratique en tant que juge, je me suis dit que je voulais aller jusqu'au bout de ma démarche. Il faut qu'on regarde les juges consulaires d'un autre oeil et montrer le vivier de compétences que le tribunal abrite. Changer l'image en se changeant soi-même. En 2011, sur 180 juges, il n'y a encore qu'une vingtaine de femmes.

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