Women For Future : cinq femmes qui ont marqué l'édition 2023

Organisé par La Tribune, Women For Future, le forum sur la place des femmes dans l'économie s'est tenu le jeudi 19 octobre à Toulouse devant plus de 600 personnes. Comme l'a souligné la vice-présidente de la région Occitanie, Nadia Pellefigue, toutes les femmes invitées à débattre ont un nom, un prénom, une fonction à connaître. Parmi elles, La Tribune en a sélectionné cinq qui ont marqué cette journée d'échanges.
Women For Future s'est tenu le jeudi 19 octobre à Toulouse devant plus de 600 personnes.
Women For Future s'est tenu le jeudi 19 octobre à Toulouse devant plus de 600 personnes. (Crédits : DR)

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Dipty Chander

Dipty Chander : Présidente d'E-mma, le babel de la tech

Elle n'a pas de boule de cristal et pourtant, il y a cinq ans elle prédisait déjà ce qui arrive : à la tête d'E-mma, (une association créée en 2013 par des étudiants d'Epitech pour promouvoir la diversité dans le domaine technologique) Dipty Chander se désole :

« Si on laisse l'IA générative être fabriquée majoritairement par des hommes, le gap va encore se creuser »

Parole de développeuse. Les statistiques qui attestent de la prédominance masculine dans la filière lui donnent raison :

« 14 % seulement de femmes dans le cloud computing, c'est triste ».

Pour inverser la tendance, la présidente de l'association, nommée par Forbes comme une des 92 femmes qui perturbent le secteur de la tech en France, s'attaque à la racine du problème : l'éducation.

« Le numérique tout le monde y est. Pas la tech. Or, c'est là que le changement va pouvoir s'opérer », soutient celle qui plaide avec son organisation pour que l'accès à la technologie soit un droit humain fondamental.

« C'est tout le combat d'E-mma ! » explique Dypti qui ne croit pas à des actions de court terme : « un langage s'apprend sur quatre cinq ans c'est la même chose pour la tech ou le code. Pour qu'on puisse enlever les quotas explique-t-elle il faut donner en amont l'accès aux outils. »

Et pour que les femmes disposent demain des mêmes chances, c'est auprès des jeunes qu'elle agit. Après le succès du programme « code at home » qui a touché 70.000 enfants et adolescents pendant la période Covid, l'opération est relancée. Objectif : former dans les deux ans un million d'enfants dans le monde.

Nathalie Font

Nathalie Font : Thales Alenia Space se féminise

« Je voulais être juge d'instruction », lance Nathalie Font. Aujourd'hui, la jeune femme est pourtant à la tête du plus grand site industriel de Thales Alenia Space à Toulouse. Sous ses ordres, depuis le 1er octobre, plus de 2.800 personnes. Et pourtant cela tient du hasard si elle est devenue ingénieure :

« Ma professeure principale m'a dit, si toi tu ne fais pas des sciences, qui en fera dans cette classe ? Suite à ce conseil, je suis partie en classe préparatoire. »

Dès le départ, elle choisit la voie de la difficulté : un lycée militaire. De quoi tanner le cuir, en théorie. À sa sortie de Telecom Bretagne en 2007 pourtant « un camarade qui avait fait la même école que moi, qui avait le même niveau que moi, m'a dit je suis embauché parce que je suis bon, et toi parce que tu es une femme. Je pensais que ma génération était passée à autre chose. »

Alors discrètement, à son image, Nathalie milite pour que le nombre de femmes dans la filière augmente avec des arguments qui font mouche.

« On a encore très peu d'ambassadeurs qui nous aident à verbaliser que la place des femmes dans les entreprises ce n'est pas pour faire joli ou pour avoir 50% de femmes. C'est pour la performance de l'entreprise. »

La sienne - 27% de femmes dans ses effectifs - l'a compris et a mis des programmes en place pour recruter au féminin.

« C'est notre responsabilité en tant que grand groupe d'accompagner. Ce n'est pas tout d'avoir des femmes qui entrent, il faut aussi qu'elles aient leur place dans leur évolution de carrière. »

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Léa Moukanas

Léa Moukanas, Présidente d'Aïda : la santé au cœur

Elle a été la plus jeune présidente d'association caritative en Europe. Léa Moukanas, née à Beyrouth, a 24 ans aujourd'hui, mais 14 ans quand elle fonde Aïda. C'est au décès de sa grand-mère, « une femme forte » qui succombe à une leucémie, qu'elle choisit « d'accompagner les jeunes qui font face au cancer. À l'époque, je me rends compte qu'il y a des gens de mon âge, qui ne sont plus des enfants et pas encore des adultes, et qui n'ont pas dans leur parcours de soins de jeunes de leur âge ».

Alors, elle mobilise ses camarades de seconde et fonde l'association. Elle l'ignore, mais c'est une première.

« Aujourd'hui on accompagne plus de 2.200 patients dans 60 hôpitaux et plus de 80.000 jeunes se sont engagés en dix ans dans la lutte contre le cancer. À 85-87 % des jeunes femmes », dit-elle en souriant.

Aïda fait coup double, explique-t-elle :

« La prévention c'est un gros mot compliqué chez les jeunes. Quand tu as 16 ou 17 ans, que tu te confrontes à la santé des autres, et donc aussi à ta santé, ça a un impact. »

De quoi donner à certains l'envie d'aller plus loin et Léa en est fière :

« Au bout de cinq ans, un jeune sur deux nous dit "Avec Aïda j'ai découvert une vocation". »

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Nawel boutarouk

Nawel Boutarouk, Fondatrice d'Olympes : l'argent n'a pas de genre

Elle dit elle-même que c'est la mission de sa vie : Nawel Boutarouk veut donner la possibilité à chaque femme de prendre le contrôle de son épargne. C'est la raison pour laquelle en 2022 elle crée Olympes. La différence de cette plateforme tech ?

« On s'intéresse à la femme à sa personnalité, à qui elle est. Si c'est une femme en couple, si elle a grandi dans une famille qui parlait d'argent ou pas. On parle de ses projets, comment par exemple garder son train de vie après un divorce, comment partir un peu plus tôt en retraite. On identifie des moments clefs. »

Nawel, qui a vécu aux États-Unis en Afrique et en Europe, et qui a débuté dans la cybersécurité et les deep tech puis travaillé avec Nissan Sanofi ou Monoprix, a le goût des nouveaux défis et se dit obsédée par l'idée d'aller sur des terrains peu explorés. Son ambition :

« Démocratiser l'investissement des femmes. La tech à ce pouvoir. On est capable de proposer une démarche personnalisée y compris avec très peu. On a bien compris que les femmes veulent mettre leur argent au service de projets et de secteurs qui leur tiennent à cœur. »

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Maguelone Pontier

Maguelone Pontier, patronne du M.I.N de Toulouse. Et pourquoi pas une femme ?

Depuis quelques mois, elles sont deux, mais Maguelone Pontier est longtemps restée le seul visage féminin dans le monde des MIN. Quand on lui demande pourquoi, elle répond tout simplement :

« En France, soit les mœurs font la loi, soit l'inverse. Et en matière d'égalité, tant qu'il n'y a pas de quotas ce n'est ni naturel ni facile. Donc, si on ne force pas, ça n'arrive pas. »

Alors, sur son marché ou 6.000 commerçants viennent s'approvisionner chaque jour à Toulouse, elle fait la démonstration que c'est possible, et en profite pour tordre le cou à quelques idées reçues.

« Il n'y a plus aucun problème de pénibilité, aucun métier que physiquement on ne peut pas faire. Cela n'existe plus l'époque du fort des halles. »

C'est par la persuasion qu'elle concrétise ses avancées et reconnaît :

« Je me suis beaucoup disputée. Quand on est témoin ou victime d'une discrimination du fait de notre genre, il faut dire "je ne suis pas d'accord". Il n'y a pas de barrières, il faut y aller. Les petites filles sages iront au paradis. Nous, on ira bien où l'on veut. »

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