La BCE relève ses taux directeurs

La Banque centrale a procédé à son premier tour de vis monétaire depuis juillet 2008, relevant ses trois taux directeurs d'un quart de point. Le taux de refinancement passe de 1 % à 1,25 %.
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Engagement tenu : en se mettant en état de « forte vigilance » contre l'inflation le 3 mars, la Banque centrale européenne avait programmé la première hausse des taux depuis juillet 2008 lors de son conseil du 7 avril. C'est désormais chose faite: la BCE a majoré d'un quart de point son principal taux directeur, le portant du plancher historique de 1 % sur lequel il stationnait depuis mai 2009, à 1,25 %. Pour en amortir les effets, la BCE disposait d'un levier qu'elle a décidé de ne pas actionner. Lorsqu'elle avait abaissé son taux directeur jusqu'à 1 % en mai 2009, la BCE avait réduit l'écart qui sépare son principal taux directeur ? le taux de refinancement - de son taux plancher - le taux des dépôts ? du traditionnel 100 points de base à 75 seulement. Il s'agissait d'éviter que ce dernier taux ne tombe à zéro, les taux nuls n'étant pas dans la culture maison. Ce taux avait alors été maintenu à 0,25 %. En reconduisant le corridor étroit jeudi, ce taux qui rémunère les dépôts des banques commerciales auprès de la BCE, a donc lui aussi été majoré d'un quart de point, passant à 0,50 %. De même que le taux plafond qui encadre par le haut le taux « refi », et qui a été porté de 1,75 % à 2 %. La BCE a donc agi sur les deux tableaux dont elle a hérité à la faveur de la crise financière. Statutairement gardienne de la stabilité des prix, elle lance sa croisade en vue de pourfendre une inflation qui dépasse largement la ligne rouge de 2 % qu'elle lui assigne. Celle-ci a dérapé à 2,6 % en glissement annuel en mars. Mais elle lance également un avertissement au système bancaire.

Désintoxication

La cure de désintoxication de l'argent banque centrale doit commencer. C'est désormais par les deux volets de sa politique monétaire - le conventionnel et le non conventionnel légué par la crise - qu'elle entend agir.

Et maintenant... Si Jean-Claude Trichet a, à nouveau, insisté sur le fait que la hausse de jeudi n'était pas forcément la première d'une série, chacun sait que la normalisation passe par des taux nettement plus élevés. Le patron de la BCE a d'ailleurs indiqué que la politique monétaire restait très accommodante et que les risques inflationnistes restaient orientés à la hausse et seraient surveillés très attentivement. Et il s'est bien gardé de déclarer que le niveau des taux, après le tour de vis de jeudi, était « approprié ». L'absence de référence à la « forte vigilance » dans le discours de Trichet indique qu'il n'y aura pas de nouvelle hausse en mai. Mais tous les ingrédients sont réunis pour un nouveau tir de barrage contre l'inflation dès juin. D'autant que, quand bien même la BCE procéderait à deux autres resserrements monétaires de même ampleur cette année comme l'anticipent la plupart des économistes, les taux d'intérêt réels finiraient le millésime en territoire négatif. Ce qui constitue tout sauf une politique monétaire restrictive.

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