L'alerte sur la dette américaine mine les marchés financiers

Déjà chahuté du côté européen par le secteur bancaire, les indices boursiers ont accentué leur repli dans le sillage de Wall Street après la mise en garde de l'agence de notation Standard and Poor's.
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La nouvelle a fait l'effet d'une bombe dans les salles de marché. Une demi-heure avant l'ouverture de Wall Street, ce lundi, l'agence de notation Standard and Poor's a abaissé sa perspective sur la dette américaine à « négative », ouvrant ainsi la voie à moyen-terme à une dégradation de sa note (AAA).

La réaction des opérateurs ne s'est pas faite attendre. Après avoir démarré la séance en forte baisse, le S&P500 a entraîné dans son sillage l'ensemble des bourses européennes (voir encadré). Alimentant, au passage, un regain de l'aversion au risque matérialisé, notamment, par un repli des investisseurs sur l'or, lequel a franchi un nouveau record et n'est plus qu'à quelques encablures des 1.500 dollars l'once. « Il y a un risque réel que les responsables politiques américains ne parviennent pas à un accord sur la façon de répondre aux difficultés budgétaires à moyen et long terme d'ici à 2012. Le profil de risque des États-Unis serait alors significativement plus faible que celui des autres pays AAA », explique Strandard and Poor's. L'endettement fédéral dépasse en effet les 14.000 milliards de dollars. Et il se rapproche à grands pas de la barre symbolique des 100 % du PIB.

« La perspective négative de S&P sous-estime la capacité des dirigeants des États-Unis à se rassembler pour répondre aux difficiles défis budgétaires du pays, a immédiatement réagi le Trésor américain. Comme le président l'a dit la semaine dernière, s'attaquer à la situation budgétaire actuelle est largement dans nos capacités. » Pour Mohamed El-Erian, le PDG de Pimco, l'un des principaux hedge funds américains, « ce nouvel avertissement met en évidence le besoin d'un meilleur contrôle de la politique budgétaire afin d'éviter la flambée des coûts de la dette et de maintenir le rôle central des États-Unis au sein de l'économie mondiale ».

Risque de défaut de paiement

Début avril, les démocrates et les républicains avaient attendu la toute dernière minute pour trouver un accord sur le budget 2011, évitant ainsi un « gouvernment shutdown », autrement dit la fermeture de nombreuses administrations. Cela ne met cependant pas un terme aux discussions sur le budget à Washington. Loin de là. Le Congrès va devoir rapidement se saisir du plafond de la dette fédérale, qui devrait être touché le 16 mai selon les estimations du Trésor. Sans entente pour relever cette limite légale, les États-Unis pourraient se retrouver en situation de défaut de paiement sur leur dette au début de l'été. Pour les républicains, il s'agira d'une nouvelle opportunité pour obtenir des coupes budgétaires encore plus importantes. Puis viendront les négociations sur le budget 2012. La semaine dernière, Barack Obama a présenté un plan visant à réduire de 4.000 milliards de dollars les déficits attendus au cours de la prochaine décennie. Un plan prévoyant à la fois une baisse des dépenses et une hausse des recettes, notamment par une imposition plus élevée sur les ménages américains les plus aisés.

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