Deux prix pour un même baril : brent et WTI en plein divorce

La différence de prix entre pétrole américain et européen a touché un record de 22 dollars cette semaine.
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Il présente exactement les mêmes caractéristiques que son cousin américain. Pourtant, le baril de pétrole de qualité brent de la mer du Nord se paie aujourd'hui à 20 dollars de plus que son équivalent outre-Atlantique. Une différence record pour un produit strictement identique, qui pénalise un peu plus la croissance européenne. À l'origine de cette différence de prix, des problèmes de logistique sur le marché du pétrole : il y en aurait trop d'un côté, pas assez de l'autre. C'est du moins l'explication proposée par Francisco Blanch, analyste chez BofA-Merrill Lynch. « L'offre de pétrole bloquée en Amérique du Nord ne trouve pas sa voie sur le marché », assure-t-il.

L'essence à 4 dollars le gallon a en effet tendance à décourager les automobilistes. Et dans le même temps, le continent nord-américain pompe à plein régime. Le Canada et les États-Unis représentent à eux deux le premier producteur de pétrole avec 14 millions de barils par jour, devant les pays de l'ex-URSS à 13,5 millions selon les chiffres de l'Agence internationale de l'énergie. Pour les producteurs colombiens, il est aujourd'hui plus rentable d'envoyer du pétrole vers l'Europe que de le vendre dans le golfe du Mexique.

Avec seulement 4,2 millions de barils extraits de la mer du Nord, la production européenne est à la fois modeste et en retrait par rapport aux années précédentes. Pour les analystes de Goldman Sachs, l'origine de la divergence de prix reposerait plutôt sur les déboires des plates-formes européennes, qui extraient de moins en moins de pétrole, mois après mois. Olivier Jakob, expert chez Petromatrix en Suisse, avance une autre hypothèse : le roulement des positions indicielles, d'un mois sur l'autre. L'exposition au pétrole de l'indice GSCI, par exemple, entraîne des mouvements de positions à l'échéance des contrats à terme. « Cela a peut être fait pression à la baisse sur le WTI et renchéri le brent, parce que les indices rééquilibrent leurs positions à cette occasion », avance Olivier Jakob, qui rappelle que l'essentiel du pétrole traité dans le monde s'appuie sur le cours du brent. Les pétroles de type Oural ou Dubai, plus lourds et plus souffrés, se commercialisent en effet avec une décote par rapport au brent.

Une thèse qui donne de l'eau au moulin du président de la République française, qui s'est inquiété cette semaine à Bruxelles de l'impact de la spéculation sur les matières premières.

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