La Fed temporise sur fond de dollar en berne

La Réserve Fédérale s'est engagée à maintenir des taux bas pendant une période prolongée à l'issue de sa première réunion de l'année.
Copyright Reuters

C'est sur fond de dollar déliquescent que la Réserve fédérale américaine a bouclé mercredi la première de ses huit réunions annuelles. Alors que la Fed a mis l'accent sur la poursuite de sa politique monétaire ultra accommodante, l'indice pondéré du billet vert face aux monnaies des principaux partenaires commerciaux des États-Unis a reflué à son plus bas niveau depuis dix semaines. De son côté, l'euro a fait une incursion au-dessus de 1,37 pour la première fois depuis la dernière décade de novembre. Car ceci explique cela : en maintenant le taux cible des fonds fédéraux à un niveau voisin de zéro depuis décembre 2009, alors que les hausses de taux se multiplient dans les économies émergentes, la banque centrale de Washington encourage les pratiques de « carry trade », qui consistent à jouer sur les écarts relatifs de rendements, en prenant le dollar comme vecteur. Et en maintenant en l'état son « QE2 », son deuxième programme d'achats de titres de la dette publique des États-Unis mis en place début novembre - elle a confirmé mercredi le montant de 600 milliards de dollars d'ici à fin juin - la Fed continue à faire tourner une planche à billets qui alimente la baisse de la monnaie qu'elle imprime. Baisse d'autant plus accélérée face à l'euro que la Banque centrale européenne s'est inquiétée à plusieurs reprises ces derniers jours de la résurgence de pressions inflationnistes, que les marchés ont interprétées comme le prélude au recours à l'arme des taux pour les combattre, si l'inflation venait à ne pas rentrer dans le rang. Mais la Fed a-t-elle le choix ?

Persistance du chômage

Un allégement du « QE2 » pèserait immanquablement sur les rendements à long terme, que les récentes statistiques américaines positives, si l'on excepte le secteur de la construction toujours sinistré, ont déjà fait décoller de leurs planchers. Le taux des emprunts d'État à dix ans, qui assurent la majorité du financement de l'économie, est passé de moins de 2,50 % avant le lancement de la politique d'assouplissement quantitatif bis début novembre, à 3,40 %. C'est pour ne pas aggraver la situation que la Fed s'est contentée d'une modeste inflexion de la teneur conjoncturelle de son communiqué. Elle a pris en compte la franche diminution des risques de déflation et l'amélioration des perspectives économiques, confirmant une croissance 2011 comprise entre 3,5 % et 4 %. Dans ces conditions, la Fed a répété que le montant que QE2 serait ajusté si les indicateurs économiques continuaient à s'améliorer. Toutefois, la persistance d'un taux de chômage élevé de près de 10 % des actifs, justifie que la Fed continue à promettre « des taux exceptionnellement bas pendant une période prolongée».

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.