La BCE douche les attentes de hausse des taux

La BCE a maintenu son taux directeur à 1 % et son président a relativisé la résurgence des pressions inflationnistes.
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Vigilance. Mais patience. En dépit d'une inflation que Jean-Claude Trichet qualifiait en des temps pas si lointains de « poisseuse », la Banque centrale européenne (BCE) a maintenu son taux directeur ? le taux de refinancement ? au plancher historique de 1 % sur lequel il stationne depuis vingt et un mois. Et la BCE n'envisage pas de le modifier dans un avenir prévisible, malgré les anticipations de durcissement monétaire prochain qui avaient commencé à s'infiltrer sur les marchés.

Depuis le mois dernier, lorsque Trichet a pour la première fois évoqué la nécessité d'une grande vigilance à l'égard de l'inflation et des risques d'effets de second tour sur les salaires que sa recrudescence fait peser, rien dans le diagnostic de la BCE n'a changé. La banque centrale de Francfort ne passera de la parole à l'acte que si elle a confirmation que le dérapage inflationniste constaté depuis décembre n'est pas une simple « bosse » et qu'il s'enracine dans l'économie. Or Trichet et ses pairs, qui ont voté le statu quo monétaire à l'unanimité et jugent le niveau actuel des taux « approprié », ne le redoutent pas, du moins pour l'instant. L'analyse faite par Jean-Claude Trichet des tensions inflationnistes actuelles, avec une hausse des prix de 2,4 % en glissement annuel en janvier, après 2,2 % en décembre, est beaucoup plus modérée, le ton beaucoup plus « colombe », que ce qu'attendaient les marchés, même si « un suivi très attentif de son évolution s'impose ». Selon lui, « les anticipations d'inflation à moyen et long terme demeurent solidement ancrées à un niveau compatible avec l'objectif de la BCE de maintenir l'inflation à un niveau inférieur à, mais proche de, 2 % à moyen terme. »

Et de prédire que la hausse des prix pourrait rester un peu au-dessus de 2 % pendant une bonne partie de l'année 2011, essentiellement en raison des cours mondiaux des matières premières, avant de se modérer à nouveau. Le président de la BCE a été particulièrement insistant sur la différence entre les pressions à court terme sur les prix et leur évolution à moyen terme, l'horizon qui définit leur stabilité.

Poussée de fièvre

Ce n'est pas le moindre des paradoxes: ce diagnostic rassurant a donné une poussée de fièvre aux marchés. Les taux à deux ans, les plus sensibles aux anticipations de politique monétaire, se sont très fortement détendus, le schatz allemand - principale référence de la zone euro à cette échéance - cédant jusqu'à 15 points de base, à 1,35 %.

Quant au soufflé sur l'euro, il s'est brutalement dégonflé. La monnaie unique, qui s'était hissée jusqu'à 1,3860 dollar mercredi - au plus haut depuis trois mois - soutenue par la perspective d'une hausse de sa rémunération, ne valait plus que 1,3620 au plus bas dans les transactions de jeudi.

 

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