Avis de gros temps sur le fonds de secours européen

Le FESF paye à la fois les inquiétudes sur sa pérennité et la montée en première ligne de l'Italie, qu'il n'a pas les moyens de soutenir.
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Preuve de l'imbroglio dans lequel la crise de la dette englue la zone euro : le Fonds européen de stabilité financière - le FESF crée en mai 2010 -, a dû mettre le prix fort lundi pour procéder à son emprunt différé d'une semaine de 3 milliards d'euros à dix ans au profit de l'Irlande (voir « La Tribune » du 7 novembre de lundi). Alors que ses premières émissions avaient fait l'objet d'une très forte demande ? et même d'un raz de marée pour la première en janvier qui avait attiré 44,5 milliards d'euros de souscriptions en provenance de plus de 500 investisseurs, avec une forte présence internationale ?, le Fonds a tout juste récolté les montants recherchés. Pire, son taux est ressorti 177 points de base au-dessus de celui du bund allemand à dix ans, la référence de la zone euro, contre 51 points de base lors du précédent appel au marché du FESF à la mi juin, le premier emprunt sur cette même échéance à dix ans.

C'est la sévère rançon des interrogations sur la pérennité de ce fonds de secours qui explique cette détérioration. L'augmentation de sa force de frappe à 1.000 milliards d'euros est mise en doute par l'absence de participation du FMI et des grands pays émergents, à commencer par la Chine. Et quand bien même il serait abondé, sa capacité de financement serait tout à fait insuffisante pour porter secours à un poids lourd de la zone euro.

Taux italiens à 6,77%

Or, justement, depuis la semaine dernière, l'Italie, troisième pays de la zone euro, qui en représente près de 17 % du PIB, est montée en première ligne. Les besoins d'emprunts du gouvernement de Rome pour boucler l'année 2012 sont estimés à 235 milliards d'euros, alors que ses conditions d'accès au marché se dégradent de jour en jour. Les rendements obligataires italiens évoluent à des sommets inédits, s'approchant de 7 %, la ligne rouge à ne pas dépasser, sous peine de s'exclure du marché. Après avoir fait du yo-yo au gré des rumeurs de démission de Silvio Berlusconi et des démentis successifs, les taux italiens à dix ans - les BTP - ont atteint mardi, un nouveau record absolu à 6,77 %, un niveau insoutenable sur la durée au regard du poids de la dette abyssale du pays, qui atteint 1.900 milliards d'euros, soit quelque 120% du PIB.

Ces taux volent de record en record depuis vendredi, jour de la mise sous surveillance de l'Italie par le FMI et l'Union Européenne. Une évolution d'autant plus inquiétante qu'elle est similaire à celle qui s'est déroulée en Grèce, en Irlande et au Portugal, trois pays qui ont fini par faire appel à l'aide financière internationale et qu'elle intervient malgré la présence soutenue de la BCE sur le marché de la dette italienne. On a appris lundi que les achats d'emprunts d'État de la banque centrale au cours de la première semaine sous la présidence de Mario Draghi avaient plus que doublé pour atteindre 9,52 milliards d'euros.

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