La Commission européenne présente son plan sur les technologies vertes

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Photo d'archives d'un parc eolien a graincourt-les-havrincourt[reuters.com]
(Crédits : Pascal Rossignol)

par Philip Blenkinsop

BRUXELLES (Reuters) -La Commission européenne (CE) a présenté mercredi un plan visant à soutenir la transition écologique de l'industrie européenne pour lui permettre de rivaliser avec celle des Etats-Unis dans le domaine des technologies vertes, tout en réduisant sa dépendance vis-à-vis de la Chine.

La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a proposé un assouplissement des règles de l'UE en matière d'aides publiques, des réaffectations de financements depuis des fonds existants et une autorisation plus rapide des projets "verts".

Elle a également présenté des mesures visant à renforcer les compétences et à conclure des accords commerciaux pour garantir l'approvisionnement de l'Union européenne en matières premières essentielles.

"L'Europe est déterminée à jouer un rôle moteur dans la révolution des technologies propres", a déclaré Ursula von der Leyen.

"Grâce à un encadrement simplifié, il sera plus facile pour nos entreprises de transformer les compétences en emplois de qualité, et l'innovation technologique en production à grande échelle. Un meilleur accès au financement aidera les acteurs européens des technologies propres à se développer plus rapidement."

Le projet présenté mercredi a notamment été développé en réaction au plan de soutien aux technologies vertes présenté par les Etats-Unis (Inflation Reduction Act, IRA), qui favorise les entreprises implantées sur le sol américain.

"Les grandes économies augmentent à juste titre leurs investissements dans les industries décarbonées", a déclaré Ursula von der Leyen pendant une conférence de presse. "Nous voulons une concurrence équitable au niveau mondial."

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) estime que la valeur du marché de l'énergie "propre" va être multipliée par trois d'ici à 2030, pour atteindre 650 milliards de dollars par an, et que le nombre d'emplois concernés va doubler pendant la même période.

L'UE ne veut pas rester sur le bord de la route et pour rivaliser avec les Etats-Unis et la Chine, l'exécutif européen a proposé mercredi d'assouplir temporairement - jusqu'en 2025 - les règles en matière d'aides publiques aux investissements dans les énergies renouvelables ou la décarbonation de l'industrie, tout en reconnaissant que tous les pays européens ne pourront pas se montrer aussi actifs en la matière que l'Allemagne ou la France.

UTILISER LES FONDS DISPONIBLES

Pour couvrir les besoins de financement à court terme, Ursula von der Leyen a suggéré que les Vingt-Sept puisent dans les 225 milliards d'euros de crédits encore disponibles du plan de relance adopté en 2020 pour faire face au choc de la pandémie de COVID-19.

Elle a aussi annoncé que l'UE allait réorienter 250 milliards d'euros de son plan REPowerEU visant à réduire rapidement sa dépendance envers l'énergie russe et à accélérer la transition écologique.

"Nous nous sommes complètement libérés de notre dépendance à l'égard des combustibles fossiles russes. C'est arrivé beaucoup plus rapidement que nous l'espérions", s'est félicitée Ursula von der Leyen. "Nous avons donc la possibilité de rediriger ou réorienter" les fonds prévus à cet effet.

La Commission espère obtenir l'accord des 27 chefs d'Etat et de gouvernement lors du sommet européen des 9-10 février, même si le plan devrait donner lieu à des débats animés.

Plusieurs pays ont déjà émis des réserves, notamment sur la question de l'assouplissement des aides publiques qui bénéficierait aux plus grosses économies, comme la France ou l'Allemagne, dont le ministre de l'Economie, Robert Habeck, a à l'inverse salué de "très bonnes" propositions.

Son homologue français Bruno Le Maire, qui a promis début janvier un projet de loi sur l'"industrie verte" en France, a lui aussi "salu(é) les propositions fortes de la Commission européenne".

"Face à l'IRA, l'Europe doit se mettre en ordre de bataille et défendre son industrie. La France est totalement déterminée à protéger et développer son outil productif", a-t-il dit.

A plus long terme, la Commission pourrait proposer la création d'un Fonds de souveraineté européen destiné aux investissements dans les nouvelles technologies.

Elle présentera dans les prochains mois son "Net-Zero Industry Act", un plan visant à rationaliser les processus d'autorisation et à harmoniser les normes, ainsi qu'une loi sur les matières premières essentielles pour en promouvoir l'extraction, le traitement et le recyclage au niveau local.

L'UE est fortement tributaire de la Chine pour les terres rares et le lithium, des matériaux essentiels à la transition écologique.

L'exécutif européen souhaite également conclure davantage d'accords de libre-échange et de partenariats afin de rendre les chaînes d'approvisionnement plus résistantes et d'ouvrir les marchés aux produits dits "verts".

(Reportage Philip Blenkinsop, avec Marine Strauss et Charlotte Van Campenhout à Bruxelles et Leigh Thomas à Paris; version française Camille Raynaud et Tangi Salaün, édité par Blandine Hénault)