L'Afrique du Sud réalise un sans-faute

Le pays hôte de la Coupe du monde de football a été félicité pour son organisation et la qualité de ses infrastructures. Reste à traduire ce succès en performances économiques.

Pas un faux pas. En Afrique du Sud, les hooligans n'ont pas eu droit de cité et ont été repoussés aux frontières. Les supporters ont été épargnés par la violence de ce pays qui comptabilise pourtant près de 50 meurtres par jour. Et hormis lors de la demi-finale à Durban, les fans de football ont pu se rendre facilement d'un stade à l'autre, là où les infrastructures de transport avaient jusqu'à présent toujours fait cruellement défaut. Aujourd'hui, tout le monde se félicite, la Fifa, le comité local d'organisation, le gouvernement et bien sûr les Sud-Africains.

Les tribunaux spéciaux mis en place pour la Coupe du monde ont bien fonctionné. Selon le ministère de la Justice, les 172 enquêtes ouvertes depuis le 26 mai sur des crimes et délits liés au Mondial ont débouché sur 104 inculpations, soit un taux record de 60 %. Les suspects ont souvent été jugés dans les 48 heures, écopant de peines lourdes. « Jusqu'à présent, nous pensions que la police était sans espoir, les tribunaux débordés, explique Gareth Newham, de l'Institute for Security Studies (ISS). Les gens vont peut-être se montrer plus exigeants désormais. »

Le Mondial a aussi eu un impact positif sur la croissance. Selon Pravin Gordhan, le ministre des Finances, le PIB a crû d'environ 0,4 %, avec une injection de 38 milliards de rands (3,9 milliards d'euros) dans l'économie du pays. Mais le gouvernement a dépensé 4 milliards d'euros au cours des sept dernières années pour préparer la compétition, soit plus du double de ce qui était planifié au départ. Le défi, c'est donc que les infrastructures construites, notamment les stades, ne deviennent pas des « éléphants blancs ». « Nous avons de bons retours sur investissements, a assuré le président sud-africain Jacob Zuma. L'argent investi dans les stades a créé environ 66.000 nouveaux emplois dans le bâtiment. Les 1,3 milliard de rands dépensés pour la sécurité ont permis de recruter 40.000 nouveaux policiers. » La Bourse de Johannesburg, qui représente 80 % des capitaux du continent, s'attend aussi à un véritable effet Coupe du monde et mise sur de nouveaux investissements étrangers.

Moins optimiste, Frans Cronje, directeur de l'Institut sud-africain des relations raciales, ne croit toutefois pas au « miracle » Coupe du monde?: « Si nous n'arrivons pas à combler le fossé entre les plus riches et les plus pauvres, nous ne profiterons pas de cet événement sur le long terme et nous n'arriverons pas à faire face aux problèmes socio-économiques. » Dans le pays le plus inégalitaire au monde, 43 % de la population vit toujours sous le seuil de pauvreté.

Les immigrés craignent le coup de sifflet final

En 2008, les violences xénophobes avaient fait 62 morts, 670 blessés et 150.000 personnes avaient été déplacées. Deux ans plus tard, ce souvenir douloureux revient hanter les millions d'immigrés installés dans le pays. Dans la township de Diepsloot, à 20 km de Johannesburg, Elinah Dube, une mère de famille zimbabwéenne raconte l'angoisse du coup de sifflet final?: « Les Sud-Africains nous traitent de ?Makwere Kwere? (?sales étrangers?) et nous disent qu'on doit dégager après le Mondial. Sinon, ils viendront nous chasser ou même nous tuer?! » Dans les autres bidonvilles de la métropole, à Durban et au Cap, les rumeurs de prochaines attaques violentes contre les étrangers s'intensifient. Le gouvernement a promis de sévir contre ceux qui seraient tentés de perpétrer ces attaques. L'Afrique du Sud n'est pas une « république bananière » et ne permettra à personne de commettre des violences xénophobes, a affirmé la semaine dernière, Nathi Mthethwa, le ministre de la Police.

Commentaire 1
à écrit le 19/12/2010 à 12:15
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C'est un grand dommage pour les pauvres gens qui vont mourir, parcequ'il croit encore a leur ancien Président

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