« Il faut créer une agence publique qui mutualiserait les emprunts »

Président de la commission finances de l'Association des maires de France, Philippe Laurent plaide pour la création d'une nouvelle structure qui pourrait émettre des obligations.
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Quelles conséquences aura la disparition de Dexia ?

C'était un acteur majeur mais sa part de marché n'est plus que de 10 % aujourd'hui. L'impact est donc limité. Le vrai souci des élus, c'est le désengagement général des banques. La mise en oeuvre de Bâle III risque de provoquer un resserrement de crédit, car les banques, ne pouvant disposer des fonds libres des collectivités, n'auront pas de dépôts en contrepartie de leurs financements à long terme. On observe d'ailleurs déjà leur retrait. Au point que certains se demandent s'il n'y a pas de leur part une forme de chantage pour mettre la main sur nos excédents de trésorerie. Nous ne sommes pas favorables à un changement des règles du jeu car, en contrepartie du placement au Trésor de nos 20 milliards d'euros de fonds libres, l'État nous avance les impôts locaux par douzièmes, ce qui est très sécurisant pour les élus et les populations.

Oui mais alors comment allez-vous retrouver des financements ?

Les collectivités locales, ce sont 50 milliards d'euros d'investissements, plus 10 milliards pour les intérêts de la dette. Soit un besoin annuel de 60 milliards. Nous le finançons pour les deux tiers, dont la moitié par autofinancement, mais il reste 20 milliards par an à couvrir par l'emprunt. Si les banques se retirent, nous risquons l'asphyxie. C'est la raison pour laquelle nous espérons voir aboutir, lors de la discussion budgétaire, la création de l'agence de financement des territoires que nous réclamons depuis deux ans. Cette agence, pour laquelle nous estimons ne pas avoir besoin de la garantie de l'État, pourrait émettre des obligations sur les marchés financiers, avec la signature des meilleures collectivités territoriales. Cette agence, qui pourrait s'appeler France Territoires, pourrait couvrir le quart de nos besoins d'ici à deux ans, en mutualisant les emprunts. Le reste continuera bien sûr à venir du crédit classique et, dans ce cadre, nous appuyons fortement la constitution d'un acteur bancaire public adossé à la Caisse des dépôts et à La Banque Postale, qui a un puissant réseau de proximité sur le territoire. Avec l'Agence des territoires et ce nouvel acteur bancaire, on disposerait ainsi d'un véritable pôle financier public pour financer les investissements locaux.

Certaines collectivités prônent aussi un cantonnement des emprunts toxiques...

C'est un autre sujet. Je rappelle qu'au départ, les collectivités concernées ont fait des économies. Il est un peu curieux que certains veuillent aujourd'hui mutualiser leurs pertes en les faisant supporter par les contribuables. Ceux-ci ont déjà été bien mis à contribution avec le sauvetage de Dexia...

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