L'inflation en Chine, même recalculée, accélère

Les prix ont, officiellement, augmenté de 4,9 % en 2010, un niveau inférieur à ce que prévoyaient les analystes.
Copyright Reuters

La vie devient de plus en plus onéreuse pour les Chinois, avec des prix à la consommation qui ont en janvier officiellement progressé sur un an de 4,9 %, après 4,6 % en décembre. Ce chiffre a pourtant surpris. Le consensus des analystes établi par l'agence Reuters prévoyait + 5,3 %.

Comme le Bureau national de la statistique chinois (NBS) applique de nouveaux critères pour calculer l'inflation, le soupçon d'une manipulation de l'indice refait surface. Mais la différence avec l'ancien mode de calcul serait, selon le NBS, en fait tout à fait négligeable : une inflation de 4,918 % contre 4,942 %!

Ce changement traduit en fait l'évolution des habitudes de consommation, qui peu à peu se rapproche des standards occidentaux où le poids de la satisfaction des besoins vitaux est faible. Le NBS a donc augmenté dans son panier de référence la part du logement - de 15 % à 19 % - et réduit celle de l'alimentation - de 33 % à 31 % - et de l'alcool et du tabac - de 3,9 % à 3,4 %.

« Cette modification est un début, mais c'est insuffisant. Le logement compte pour plus de 40 % de l'indice des prix aux États-Unis, et 30 % à Hong Kong. Par ailleurs, la Chine n'intègre que les prix de location, et non le coût supporté par les propriétaires comme celui des emprunts. Or comme il y a près de 70 % de propriétaires de leur logement en Chine, on peut avancer que c'est davantage un coût qu'un investissement », explique Wei Gu, éditorialiste chez Reuters.

Nouveau tour de vis monétaire

Les prix de l'alimentaire devraient se stabiliser, selon les experts, car leur appréciation depuis la mi-2010 est « imputable à la conjonction de plusieurs facteurs » qui doivent s'atténuer, comme la hausse des coûts de production, l'urbanisation, les dysfonctionnements dans la distribution et la politique de rattrapage des revenus ruraux. Mais selon la mission économique de l'ambassade de France en Chine, « la présence de facteurs structurellement inflationnistes semble se renforcer », comme les prix de matières premières importées, notamment énergétiques.

Parallèlement, les prix à la production tendent aussi à s'emballer, à 6,6 % sur un an, comparé à 5,9 % le mois précédent. Cette flambée devrait pousser les autorités à relever le niveau de réserves obligatoires des banques de 19 % à 23 %. Et un nouveau tour de vis monétaire devrait intervenir avec une nouvelle appréciation du yuan dans la foulée.

 

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.