« En Chine, la richesse dépend d'un système où le pouvoir est concentré au sein du Parti communiste »

La corruption en Chine est favorisée par la forte croissance économique et les failles du système juridique.
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La chute récente du ministre des Chemins de fer, Liu Zhijun, montre que la corruption en Chine reste plus que jamais d'actualité. Pourquoi ?

Même si ce n'est pas un problème spécifique à la Chine, le phénomène y est favorisé par deux aspects : les opportunités offertes par une croissance économique et l'impunité juridique. Si l'on prend comme critère de comparaison la parité de pouvoir d'achat (qui dépend du coût de la vie dans le pays donné) la Chine a déjà dépassé les États-Unis. Même en terme de PIB par tête, le rapport n'est pas de 1 à 6 comme le soutient encore le Fonds monétaire international mais davantage de 1 à 4. Cette richesse dépend directement d'un système où le pouvoir est concentré au sein du Parti communiste. La justice étant à ses ordres, l'impunité est assurée. Sur l'ensemble de la population chinoise, soit plus de 1,3 milliard d'habitants, on compte quelque 70 millions membres du Parti communiste, et selon une enquête de Cap Gemini environ 450.000 millionnaires en dollars. Le Parti donne accès à toute une série de rentes. Cette oligarchie politico-économique, où le monde des affaires est lié au pouvoir, relève d'une organisation clanique. Pour la majorité des gens ordinaires, le seul recours est un système de pétition, sans grand effet, qui n'est qu'un cache-misère de justice.

Quels sont les domaines qui favorisent cette corruption ?

Il y a l'immobilier. La Chine connaît une forte urbanisation, qui est passée de 20 % au début des années 1990, fin de l'ère Deng Xiaoping, à 40% aujourd'hui. Cela se fait aux dépens des paysans expropriés pour des montants dérisoires, par les pouvoirs régionaux en collusion avec les promoteurs immobiliers. Il faut rappeler que la valeur du capital foncier est largement supérieure à celle du capital industriel. En effet, les deux tiers des terres en Chine étant montagneuses, la population est concentrée sur 20 % du territoire.

Le système peut-il changer ?

Non, car il est viable, tant qu'il y a de la croissance économique, clé de la mobilité sociale. Même si le peuple ne touche qu'une petite partie de cette richesse, accaparée par une petite oligarchie, la dynamique existe. Et la classe moyenne est conservatrice. Toutefois, de nouveaux facteurs de perturbation apparaissent, comme l'inflation, en particulier sur les produits alimentaires, dont le coût représente plus de 30 % des dépenses des citadins. C'est un facteur de mécontentement. Et puis certains opposants en Chine ont soutenu ce qui s'est passé en Égypte...

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