Aurore Bergé : « Des travaux d’intérêt général pour les parents défaillants »

La ministre des Solidarités et des Familles dévoile son plan choc pour responsabiliser les adultes, en particulier les pères déserteurs.
Aurore Bergé, ministre des Solidarités et des Familles
Aurore Bergé, ministre des Solidarités et des Familles (Crédits : © Tomas Stevens/ABACAPRESS.COM)

LA TRIBUNE DIMANCHE - Vous entamez cette semaine un tour de France de la parentalité. Pourquoi cette initiative ?

AURORE BERGÉ - Je pars d'un constat : les parents ne peuvent pas être les oubliés de nos politiques publiques. Nous avons besoin d'eux, nous devons faire avec eux. Et c'est sur eux que je veux m'appuyer en tant que ministre des Solidarités et des Familles. Quand avons-nous parlé d'eux récemment? Cet été à l'occasion des émeutes. Nous avons tous en mémoire les images de ces mères de famille sortant dans la rue, le soir, pour récupérer leurs enfants et les remettre dans le droit chemin. Mais il est frappant de constater que 30 % des émeutiers étaient des mineurs et que 60 % d'entre eux ont grandi dans des familles dites monoparentales. Nous ne pouvons pas nous intéresser à la parentalité uniquement face aux crises. L'en- semble de la société doit s'en saisir. Ça signifie quoi, être des parents ? Et où est le second parent, souvent le père? Les pères ne peuvent pas se résumer à une pension alimentaire ! La société a fini par s'accommoder du fait que les femmes assument seules certaines missions auprès des enfants. Un couple peut se séparer mais la famille vit toujours : on ne quitte pas ses enfants.

Lire aussi« La natalité n'est pas un tabou... mais un atout ! » (François Durovray)

Qu'allez-vous proposer ?

Accompagner les parents et donc bâtir avec eux cette nouvelle politique publique. Dès cette semaine, je commence donc un tour de France de la parentalité dont la première étape est à Trélazé, près d'Angers. J'irai à la rencontre des parents, des adolescents, des élus, des profes- sionnels de terrain qui agissent au quotidien avec les parents. Les familles ont changé, elles peuvent être séparées, recomposées, éloignées géographiquement, mais j'ai une certitude : nous ne pouvons pas nous passer des parents, ni faire sans eux, ni contre eux.

Il y a clairement un enjeu d'autorité à restaurer, ce n'est ni ringard ni réac de le dire. On voit bien que des parents peuvent être dépassés, déboussolés face aux nouveaux risques : sédentarité, importance grandissante des écrans aussi. Et tous les milieux sociaux sont affectés.

On se souvient du garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti demandant aux parents qu'ils « tiennent leurs gosses ». C'est l'idée ?

Poser un cadre, définir des règles, incarner l'autorité, c'est au bénéfice de nos enfants. Nous devons redonner aux parents la place qui leur revient. Je ne peux pas livrer de mode d'emploi, parce qu'il n'y en a pas ! En revanche, nous pouvons accompagner ceux qui se sentent seuls face à des moments de bascule, d'angoisse, ceux qui voient leur autorité disputée par des pseudo-experts qui se déploient sur TikTok. Le précédent quinquennat a consacré les mille premiers jours de la vie de l'enfant, là où se construisent les liens d'attachement, de sécurité et de confiance. Et après ? Aujourd'hui, notre ambition est d'aller au-delà et de nous intéresser à l'enfant, au préadolescent. Dès demain, je crée une commission scientifique, coprésidée par Serge Hefez et Hélène Roques, tous deux spécialistes reconnus de l'enfance et de l'adolescence avec des démographes, des magistrats, des pédopsychiatres, des philo- sophes. Ils auront six mois pour me faire des propositions concrètes pour relever les défis de la parentalité d'aujourd'hui.

Comment aider les parents à restaurer l'autorité ?
Il ne s'agit pas d'être paternaliste ou infantilisant. Je n'ai pas à dire aux parents comment être des parents ! Je veux créer un pacte avec les parents au cœur de notre société. Je veux créer un pacte avec les parents. Nous leur devons de la consi- dération, du respect, des moyens, et nous leur disons clairement : nous ne pouvons pas faire sans vous mais nous comptons aussi sur vous pour remplir pleinement votre rôle.

Il y a clairement un enjeu d'autorité à restaurer, ce n'est ni ringard ni réac de le dire

Il faut des moyens...

Et nous les mettons : la politique familiale, c'est notre avenir ! C'est un investissement déterminant. Et dès 2024 et jusqu'en 2027, j'augmente de 30 % les moyens de toutes les CAF pour le soutien aux parents : pour les renseigner, les aider, leur donner toutes les ressources. Mais nous avons besoin qu'ils soient pleinement des parents, et tous les jours de la vie de leurs enfants. Avec la Première ministre et le garde des Sceaux, nous mettrons en place des travaux d'intérêt général pour les parents défaillants, le paiement d'une contribution financière pour les parents d'enfants coupables de dégradations auprès d'une association de victimes et une amende pour les parents ne se présentant pas aux audiences qui concernent leurs enfants.

Par ailleurs, la natalité s'effondre. Comment la relancer ?
Le désir d'enfants est là. Ce qui m'inquiète, c'est cet écart grandissant entre le désir d'enfant - 2,4 enfants par femme et par couple et la réalisation de ce désir: un taux de fécondité de 1,7 enfant par femme. Et un couple sur quatre souhaitant avoir un enfant n'y arrive pas. Pourquoi cet écart? Des études plus longues, une installation plus tardive dans la vie professionnelle, des facteurs de santé publique et d'environnement qui jouent sur l'infertilité... Et le premier frein objectif, c'est le mode de garde. Un couple sur deux diffère l'arrivée d'un enfant car il craint de ne pas pouvoir le faire garder. D'ici à 2027, c'est 6 milliards d'euros uniquement sur la petite enfance pour financer de nouvelles solutions de garde et mieux rémunérer les professionnels. Ce sera l'équivalent d'un treizième mois, ce qui est inédit.

Vous travaillez sur un congé familial... À quoi va-t-il ressembler ?
Oui, ce congé familial verra le jour en 2025. Ce sera un nouveau droit pour les parents. Ce sera plus simple et souple : les parents pourront le prendre en même temps ou séparément avec une indemnisation clairement plus élevée que le congé parental actuel. Aujourd'hui, c'est 430 euros par mois. Quand on gagne 2 000 ou 3 000 euros par mois, on ne peut pas se permettre de s'arrêter. Ce n'est pas incitatif. Mon objectif est donc de donner le choix aux parents. S'ils ont envie de passer du temps avec leur enfant, qu'ils puissent le faire. Nous présenterons les modalités de ce congé familial en début d'année prochaine.

Mais comment allez-vous le financer alors que l'état cherche à limiter les dépenses publiques ?
Des couples qui n'arrivent pas à devenir des parents, des parents qui se sentent mis de côté et une autorité parentale qui se délite, des adolescents à la santé mentale abîmée... Combien cela coûte à la société? La famille, c'est le pilier de notre société, aujourd'hui nous l'affirmons clairement.

Commentaires 37
à écrit le 11/12/2023 à 14:50
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L'école des Parents avant d'être parents voir même une formation obligatoire à être parent ....mais avant de procréer ! les enfants sont les dommages collatéraux de parents non éduqués !

le 11/12/2023 à 16:15
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Et c'est quoi que vous appelez éduqué ? Et une formation pour expliquer quoi aux futur parents ? reciter le catéchisme et les doctrines du moment ?

à écrit le 11/12/2023 à 14:30
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Les parents n'ont plus le droit de corriger leurs enfants donc pourquoi leur demander de le faire ?vous leur avez enlevé ce droit et ce devoir . ne venez pas pleurer parce que les jeunes n'ont plus de limites c'était couru d'avance. Le droit de corr...

à écrit le 11/12/2023 à 11:27
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Depuis 30 ans, l'école et l'état ont désarmé les parents de toutes formes d'autorité (pas de punitions pas de sanction). Les parents ont été mis à l'écart sur l'éducation de leurs enfants avec des "allez bosser l'école va éduquer vos enfants mieux qu...

à écrit le 11/12/2023 à 10:21
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Ces brillants cerveaux n'ont que des idées géniales; demander à la mère de famille (nombreuse) qui travaille tôt le matin ou tard le soir d'effectuer un TEG (quel est-il, au fait?) est une trouvaille; demander au père de famille qui ne dispose que du...

à écrit le 11/12/2023 à 9:16
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Et elle va faire comment aurore berge pour sanctionner le geniteur quand celui ci n existe pas ou est mort ? C est quand meme son gouvernement qui a non seulement legalisé mais remboursé par la secu la PMA. une femme seule au RSA peut maintenant se f...

à écrit le 11/12/2023 à 8:43
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Vivement une idée pour lutter contre les dirigeants politiques défaillants. Voilà une loi qui ferait réellement avancer le pays.

à écrit le 11/12/2023 à 7:23
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Lamentable ! Tous ces macronistes incompétents qui ne connaissent pas les lois et veulent en inventer d'autres. Dommage causé par un enfant , article 1242 alinéa 4 du code civil, "le père et la mère, en tant qu'ils exercent l'autorité parentale, so...

à écrit le 10/12/2023 à 23:50
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amusant et d une naïveté déplorable. il suffit de voir l état des Yvelines dont Aurore berge est élu. la tête dans le sable et le c.. en l air . les moreaux trappes mantes la jolie poissy ... allez heures de travail couscous pour tous à la mairie po...

à écrit le 10/12/2023 à 11:43
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Bravo ! On sait tous que les parents defaillants, car le PERE dans 90% des cas, sont le problème. Il faut les responsabiliser cad les tenir responsables. Ce projet ira t il au bout ? Le gouvernement aura t il le courage de l'appliquer ? J'en d...

le 10/12/2023 à 12:53
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mais aussi des travaux d'interets general pour tous les ministres qui ont ignorer des causes du desastres et qui nie encore ce jour le racisme anti blanc et l'insecurite

à écrit le 10/12/2023 à 11:08
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Tout un système étatique (yc le législateur) qui s'est efforcé durant des décennies à minimiser le rôle des pères lors des divorces et qui à présent pleurniche sur un constat dont les politiques portent également leur part de responsabilité.

le 10/12/2023 à 13:17
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et aussi les journaliste qui écrivent que c'est de la faute de la police un enfant meurt apres un accident et une fuite

le 10/12/2023 à 14:04
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Vous citez les pères, les politiques .... et j'ajouterai la société dans son ensemble c'est à dire tous autant que nous sommes ; vous, moi et tous les autres car le constant est valable pour tous ; "exigeant envers les autres et tolérant envers soi m...

le 11/12/2023 à 12:31
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@idx : des proches enseignants me confient souvent n'attendre que la retraite car ils ne se sentent pas soutenus par leur hiérarchie et puis alors les parents... Je vais adapter une fameuse citation de Churchill, le meilleur argument contre la démocr...

à écrit le 10/12/2023 à 10:56
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Bonjour, encore une idee totalement hors sols.. Souvent les ou le parent de l'enfant délinquance est totalement dépassé... Et ils est trops tards pour vouloir éduquer un ganin a 14 ans... Seul les maisons de correction peuvent apporter une répon...

à écrit le 10/12/2023 à 10:25
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La micronnie confine a la folie. Aucunes reactions du peuple souverain. Qu'est devenu ce pays ?

à écrit le 10/12/2023 à 9:44
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Nos lois prévoient la récupération des préjudices pour tout acte de destruction du bien public et privé.. Alors, engageons systématiquement les actions judiciaires à l’encontre des familles des mineurs casseurs, et à l’encontre des contrevenants lors...

à écrit le 10/12/2023 à 9:22
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Pour ma part, je propose d'aller encore plus loin : l'instauration d'un permis à procréer, ce qui permettrait de faire des économies folles... A oui, les boomers demandent qui paiera leur pension, eh bien qu'ils se serrent un peu la ceinture, pour un...

le 10/12/2023 à 10:13
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le propos ci dessus me laisse sans voix ça frise l'eugénisme.Et si au lieu de taper sur des gens qui dans la plus part des cas ne s'en sortent pas on mettait en place des solutions pour leur permettre de s'en sortir ? On pourrait peut être fair...

le 10/12/2023 à 13:54
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@Kyssinger : on faisait ce que vous proposez à une époque, mais il a été décidé qu'au choix ça faussait la concurrence ou bien que ça coûtait trop cher à l'Etat... A un moment, il faut savoir ce qu'on veut!

le 10/12/2023 à 14:06
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A qui le donneriez vous ce permis ? les plus aisés fortunés et formés ne sont pas toujours et de loin les plus vertueux .

le 11/12/2023 à 9:21
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@Idx : il faudrait croiser des données car effectivement, la crise du Covid a mis en évidence un gouffre entre l'utilité sociale des individus et la hiérarchie des revenus... Et puis j'ai connu une famille d'aristos, tous plus dégénérés les uns que l...

à écrit le 10/12/2023 à 9:11
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Le jour où les parents ne craindront plus les plaintes de leur fiston pour mauvais traitement, on pourra voir la chose ! ;-)

le 10/12/2023 à 9:23
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@ bah situation Anecdotique par rapport aux enjeux societaux , sécuritaires et financiers des enfants délinquants car leur(s) parents préfèrent papoter au café avec les copains ou s abrutir sur tiktok que de les surveiller ou jouer avec eux….la facil...

le 10/12/2023 à 9:23
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@ bah situation Anecdotique par rapport aux enjeux societaux , sécuritaires et financiers des enfants délinquants car leur(s) parents préfèrent papoter au café avec les copains ou s abrutir sur tiktok que de les surveiller ou jouer avec eux….la facil...

le 10/12/2023 à 10:02
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Heureusement que le Jules que je connais a un cerveau bien mieux irrigué hein... ouf ! ^^

le 10/12/2023 à 22:42
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Ah bon ? Qui détient l autorité, la responsabilisation et qui est le garant de l equilibre de ses enfants ? vous ou eux ? .. les miens n’ont jamais posés de problème ni leurs enfants d ailleurs …

à écrit le 10/12/2023 à 9:06
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Une expérience personnelle est personnelle par définition elle ne doit pas nous influencer dans notre analyse madame Bergé. Ce principe n'a absolument aucune verrue pédagogique, le seul but est de punir or comme le disait Nietzsche "il faut se méfier...

à écrit le 10/12/2023 à 8:49
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Cette idée de pénaliser tout et n'importe quoi me plait: pénaliser ces députés qui se laisse imposer le 49-3 et cette armée mexicaine de ministres qui ne savent qu'accumuler les déficits et faire amplifier la dette me remplit d'aise. Quant-à ces "mau...

le 10/12/2023 à 10:38
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Si on applique votre logique jusqu'au bout, ce sont plutôt les votants qu'il faudrait pénaliser car au vu de leur sociologie, on peut aisément deviner qu'ils sont de mèche avec les gouvernants, confirmant cet adage voulant qu'en politique, une fois q...

à écrit le 10/12/2023 à 8:05
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Vous voulez en savoir plus sur les parents et les famillles : allez voir les assistances sociales et vous verrez que les ponctionnaires sont les grands responsables de l effondrement parentale : prof flics et j en passe

à écrit le 10/12/2023 à 7:51
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J'aime beaucoup Aurore Bergé, elle a souvent de bonnes idées

à écrit le 10/12/2023 à 7:27
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Puisque l on parle beaucoup du petit caporal en ce moment, Napoléon à l'epoque avait autorisé le divorce mais devant le "déferlement" des demandes venant de la gente féminine, l'avait abrogé. Notre ministre ne frequette certainement pas les prétoires...

le 10/12/2023 à 9:08
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Le droit révolutionnaire avait permis le divorce (20 septembre 1792) que le Code civil conserva (en 1804, aux seuls faute et consentement mutuel à cause des abus). Le divorce fut supprimé sous la Restauration, avec l’arrivée au pouvoir du parti des u...

le 10/12/2023 à 10:44
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"9 cas sur 10 que c'est l’épouse qui demande le divorce et pourquoi ?" Peut-être parce que c'est plus compliqué pour une femme enceinte de tromper son mari que l'inverse?

le 10/12/2023 à 10:54
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J'ajouterais que dans les pays anglo-saxons, le taux de divorce avait atteint de telles proportions qu'on envisageait d'instaurer un mariage à durée déterminée... Par ailleurs, Rudolph Giuliani se vantait d'avoir sécurisé New York alors qu'il ne doit...

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