Les automobilistes qui travaillent ne seront pas totalement abandonnés face à la flambée des prix des carburants. C'est le message du gouvernement alors que la ristourne à la pompe se réduit à partir d'aujourd'hui, mercredi 16 novembre, avant de disparaître totalement fin décembre. A la place, le gouvernement prépare un soutien « gros rouleurs / gros bosseurs », comme aime à l'appeler Gabriel Attal, le ministre des comptes publics.
Cette fois, l'aide sera ciblée
Mais cette fois, l'exécutif veut cibler sa mesure. « Pas question de continuer à prendre en charge une partie de la facture du cadre sup qui fait le plein pour passer le week-end à Deauville avec son SUV.» L'exemple est caricatural mais régulièrement avancé par Bercy. L'idée de ce nouveau soutien pour les automobilistes est bien de le réserver à ceux qui ne peuvent pas se passer de leur véhicule pour leur activité. Il s'agit de l'artisan, qui œuvre chez le client ; de l'infirmière libérale qui se déplace à domicile en milieu rural ; de l'ouvrier qui habite loin de son usine et doit faire chaque jour des dizaines de kilomètres pour se rendre sur site. Une chose est sûre : la valeur travail reste le marqueur fort pour le gouvernement macroniste, et ce coup de pouce sera ciblé sur les actifs.
Pour en bénéficier, il faudra donc répondre à deux critères : avoir une voiture ou pouvoir justifier de l'utilisation régulière d'un véhicule (en présentant, notamment la carte grise), et ne pas gagner trop de revenus. Bercy évoque la classe moyenne et basse, sans préciser le plafond de revenus (forcément issu d'une activité, qu'elle soit salariée ou libérale) à partir duquel un ménage n'y aura plus droit. Cet été, l'exécutif avançait le chiffre de 11 millions de foyers, mais ce sera probablement deux fois moins.
Enfin, l'automobiliste-travailleur devra en faire la demande sur le site des Finances publiques. Bercy travaille à un portail dédié. Ce geste prendra sûrement la forme d'un chèque versé, sur le modèle du chèque inflation, ou fioul, par exemple.
Entre 100 et 200 euros, voire plus dans certains cas
Le montant n'est pas encore défini, mais il devrait se situer entre 100 et 200 euros. Mais, le gouvernement envisage un premier socle tout en y ajoutant un possible supplément, un bonus pour les travailleurs qui font beaucoup de kilomètres. « Car si vous faites beaucoup de route, 100 ou 200 euros, ce sera vite insuffisant », plaident les conseillers de Bercy.
Quant à la date de sa mise en place, le gouvernement se dit prêt - techniquement- mais a encore du temps devant lui. « Cette aide ne viendra de toute façon que lorsque la ristourne à la pompe sera totalement arrêtée, c'est-à-dire fin décembre », assure Bercy. Ce sera peut-être en janvier ou février ; ou même seulement au printemps.
Aucune obligation à sa mise en place
Car l'exécutif ne cache pas aussi son espoir d'éviter ce dispositif pour lequel il a toutefois provisionné 1,6 milliard d'euros dans le budget 2023. L'enveloppe étant prévue, le gouvernement peut facilement la mobiliser, en prenant simplement un décret.
« Nous verrons bien, en fonction des cours du baril, s'ils ne sont pas trop hauts, si le prix à la pompe a baissé. Rien ne nous oblige à déclencher ce soutien », plaident encore les conseillers de Bercy. La situation sociale sera aussi un élément important. « Si on sent une grogne monter, bien entendu, nous temporiserons. Pas question de prendre le risque d'un nouveau mouvement type Gilets jaunes », assure un ministre.
Reste que le président lui-même s'est beaucoup avancé sur le sujet. Emmanuel Macron a évoqué ce dispositif lors de sa dernière intervention le 26 octobre sur France Télévision. « Nous n'avons qu'une seule boussole : continuer à protéger les Français sans laisser nos comptes publics déraper, et donc nos impôts de demain augmenter », rappelait toutefois encore, mercredi 15 novembre, Gabriel Attal, le ministre du Budget, dans l'hémicycle. Et d'ajouter « car derrière l'automobiliste qui fait le plein, il y a le contribuable qui paie, et en l'occurrence, le contribuable des années à venir ».
Selon Bercy, le dispositif de la ristourne à la pompe aura permis aux consommateurs une économie moyenne de 120 euros par mois, auxquels s'ajoutent 40 euros par mois en moyenne avec la remise Total, pour ceux qui sont allés se servir chez TotalEnergie. Mais la facture pour les finances publiques reste lourde : plus de 8 milliards d'euros cette année, uniquement, pour aider les Français à faire le plein.