Alors que le tarif à la pompe dépasse les 2 euros, le gouvernement étudie plusieurs propositions pour aider les Français. L'énergie pèse pour plus de 40 % dans la hausse des prix à la consommation. Et la question de la cherté des carburants met le gouvernement sous pression. Dans l'opposition, les propositions font feu de tout bois.
Le gouvernement face à l'opposition
Ainsi, Fabien Roussel, pour le PCF, promet-il de déposer une proposition de loi « pour faire baisser immédiatement de 35 centimes les taxes sur l'essence, mais aussi pour taxer les bénéfices des compagnies pétrolières ». « Le prix de l'essence flirte avec les 2,30- 2,50 centimes d'euros », a t il expliqué ce mercredi sur Europe 1, « une situation insupportable pour beaucoup de concitoyens, il faut vite faire quelque chose ».
Même volonté affichée du côté de la Nupes. Là aussi, l'idée est de déposer une proposition de loi mais cette fois, pour bloquer les prix sur les produits de première nécessité, dont l'énergie. Enfin, ce mercredi matin, Marine Le Pen, pour le RN, demandait que « les superprofits ( sur l'essence) soient taxés pour pouvoir financer les mesures de soutien au pouvoir d'achat ». Face à ces suggestions, l'exécutif cherche la meilleure parade.
Une taxe sur les énergéticiens ?
Le secrétaire d'Etat aux affaires européennes, Clément Beaune sur France 2, assurait ce mercredi matin, que le gouvernement allait demander « un effort aux pétroliers pour faire baisser les prix à la pompe ».
Si l'idée d'instaurer une taxe sur les gros énergéticiens - comme au Royaume Uni - n'est pas formellement mise à l'ordre du jour, en coulisses, elle est toutefois brandie comme une menace par le gouvernement. « Il serait de bon ton que les géants de l'énergie qui engrangent de gros profits se mobilisent. Faire un geste directement vers le consommateur est toujours mieux qu'une taxe », confie un membre du gouvernement.
Le premier visé est TotalEnergies, appelé à prolonger sa ristourne de 10 centimes d'euros sur le litre d'essence. Le ministre de l'Economie ne s'en cache pas : « Je vais demander au patron de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, de faire de nouveau un effort, parce que le prix du carburant reste très élevé », lançait-il en début de semaine. « Avec ses 14 milliards d'euros de profits et des résultats qui cette année promettent d'être tout aussi bons, le groupe français ne peut pas rester en retrait », plaide encore une source gouvernementale.
Si l'exécutif préfère un geste direct envers les consommateurs, c'est parce que c'est plus visible et plus rapide qu'un prélèvement fiscal.
Il veut également rester cohérent avec le discours qu'il rebat depuis plusieurs semaines aux Français : « il n'y aura pas d'augmentations d'impôts » - même si là, il s'agirait d'une taxe sur quelques entreprises, et non un impôt sur les ménages... Enfin, il souhaite préserver EDF, qui n'est pas au mieux de sa forme...
Vers une prolongation de la ristourne de 18 centimes d'euros
Outre l'effort demandé aux pétroliers, le gouvernement envisage de prolonger la ristourne de 18 centimes d'euros sur le litre de carburant. Normalement, la mesure doit s'arrêter le 31 juillet mais dans une interview, aux Echos, Bruno Le Maire propose de la prolonger jusqu'à la fin de l'année.
Cette prolongation ne serait pas neutre pour les finances publiques. Elle coûterait près de 4 milliards d'euros à l'Etat. C'est pourquoi le gouvernement entend la soumettre aux oppositions en contrepartie d'économies.
Lesquelles ? Pour l'heure, c'est flou. « Il n'empêche, il faudra bien la financer..... mais ....c'est difficile de supprimer la ristourne à l'approche des vacances alors que les prix des carburants ne baissent pas », regrette encore un conseiller.
Même si elle n'est pas convaincue par la mesure, « qui n'est pas la bonne méthode, puisque la ristourne a déjà été absorbée », Marine Le Pen assurait ce mercredi sur France Info que les députés RN pourraient voter cette prolongation.
Et en plus, un dispositif sur les gros rouleurs
Surtout, l'exécutif réfléchit tout de même à un dispositif d'aide ciblée pour les gros rouleurs, ces automobilistes obligés de prendre leur voiture pour aller travailler. Bercy travaille depuis plusieurs mois en croisant des fichiers - de carte grise, contrôle technique etc - sur un système permettant un geste en direction des travailleurs les plus modestes qui roulent beaucoup.
Un temps, la mesure avait été envisagée pour remplacer à la rentrée la ristourne de 18 centimes d'euros sur le litre. Mais, selon nos informations, ce dispositif dit « gros rouleurs » viendrait s'y ajouter et serait mise en place à l'automne. Traumatisée par la crise des Gilets Jaunes qui avait vu le jour sur les ronds-points à l'occasion d'une hausse des taxes écologiques sur l'essence, la majorité ne veut pas être prise en défaut.