2022 : comment rebondir après les régionales et les départementales ?

POLITISCOPE. Seuls les présidentiables de droite avaient le sourire dimanche soir. Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez, chacun incarne une dimension : droite sociale et de l'autorité, pour l'un, droite de la proximité pour l'autre et droite libérale et identitaire pour l'ancien président des LR. La guerre des droites aura-t-elle lieu. Emmanuel Macron l'espère. Et se prépare à l'action. Principal enjeu : comment mobiliser les abstentionnistes ?
(Crédits : Reuters)

Pas de surprises : le second tour des élections régionales et départementales a confirmé les tendances du premier tour : abstention effroyable, humiliation pour LREM, claque monumentale pour le RN, primes aux sortants LR ou PS, et des forces de gauche qui peine à trouver une dynamique. Seuls les présidentiables de droite avaient le sourire. Tous ont d'ailleurs tenu à intervenir rapidement dans des discours solennels après l'heure fatidique de 20 heures. Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez ont tous voulu marquer le coup, chacun à sa façon. Droite sociale et de l'autorité pour Bertrand, droite de la proximité s'ouvrant aux « républicains des deux rives » (une formule de Chevènement !) pour Pécresse, et droite libérale et identitaire pour Wauquiez. Au point que Christian Jacob, patron des LR, avait bien du mal à répondre aux journalistes qui le pressaient déjà de choisir son candidat idéal. À peine la droite se voit conforter par les électeurs, et déjà les ambitions s'affrontent... La droite française va-t-elle retomber dans ses travers auxquels elle nous a habitué depuis une dizaine d'années ? La guerre des droites sera-t-elle de nouveau au rendez-vous ?

C'est peut-être ce qu'espère Emmanuel Macron, bien seul en son château, en ayant décidé d'organiser la prochaine élection présidentielle très en amont par rapport à la fin de son mandat, c'est-à-dire avec les deux tours en avril 2022. Car le président, comme nous le soulignions la semaine dernière, doit bien faire face à deux faiblesses tactique et stratégique : ses forces ont été incapables de siphonner la droite traditionnelle, et son meilleur épouvantail, le RN, subit une contre-performance notable, ses électeurs s'étant très largement abstenus (pour 70 % d'entre eux). Plus question pour Emmanuel Macron de jouer uniquement le rempart face à Marine Le Pen, qui, jusqu'alors, était présentée comme forcément qualifiée pour le second tour de la présidentielle. Pour ces deux raisons, le jeu en 2022 est de nouveau ouvert.

Et pourtant, les rares personnalités LREM qui se sont exprimées hier soir tentaient par tous les moyens de minimiser les leçons de ces scrutins. « Ce sont d'abord des élections locales ! », n'a cessé de répéter Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, qui avait pour corvée de passer de plateau télé en plateau télé. À quoi François Bayrou, patron du Modem, répondit en vieux routier de la politique : « il est nécessaire de ne pas passer au-dessus de ces élections, et même souhaitable », a-t-il affirmé sur LCI, critiquant en creux les responsables de la majorité qui essayaient ces derniers jours « d'enjamber » ces élections forcément « locales », et sans conséquences... nationales.

« Ni gros remaniement, ni Versailles »

Emmanuel Macron a déjà décidé cette semaine de multiplier les déplacements. Le président reprend donc son bâton de pèlerin, un peu comme lors du « grand débat », en pleine crise des gilets jaunes : on n'est jamais mieux servi que par soi-même. L'idée d'un remaniement large du gouvernement ne serait plus d'actualité, ni un discours à Versailles, que certains commençaient à évoquer. « Ni gros remaniement, ni Versailles. On ne peut rien tirer avec près de 70 % d'abstention », nous confie un proche du chef de l'État. À dix mois de la présidentielle, Emmanuel Macron souhaite toutefois ne pas déserter le terrain de l'action, réfléchissant à des annonces vers la jeunesse et la relance économique. À l'Elysée, on préfère se concentrer sur le contenu du prochain projet présidentiel.

Il reste une inconnue, et elle est de taille : comment mobiliser dans les prochains mois les abstentionnistes ? Et vers qui vont-ils se tourner finalement ? Au RN, les plus radicaux commencent déjà à critiquer la stratégie de banalisation de Marine Le Pen, qui aurait eu le tort de se projeter déjà au second tour en voulant à tout prix mettre de l'eau dans son vin notamment sur les questions économiques.

Au PS et chez EELV on semble ne pas comprendre que les classes populaires et moyennes n'ont pas voté massivement aux régionales et départementales. Les écologistes se félicitent donc de leur « dynamique » alors même qu'ils n'ont pas réussi à remporter une région, même lorsque l'union entre les forces de gauche étaient réalisée. Marine Le Pen a préféré expliquer que seule la présidentielle pouvait réellement changer la vie des gens et qu'il fallait donc se mobiliser pour. À gauche, Jean-Luc Mélenchon a choisi de se faire tout petit dans les jours qui ont précédé ces élections. Ses proches ne sont pas non plus bousculés sur les plateaux de télé. Lui, comme les autres têtes d'affiche de 2017, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, n'ont pas dit leur dernier mot.

Commentaires 3
à écrit le 29/06/2021 à 7:46
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Macron a tout organisé pour faire imploser la droite. Avec trois présidentiables, ça a déjà commencé depuis dimanche dernier, en mode Copé/Fillon. Il se retrouvera donc comme prévu face à Marine. Parce que le RN est le seul parti qui permet d'agiter...

à écrit le 28/06/2021 à 9:48
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"Emmanuel Macron l'espère" Et jusqu'à présent il s'est toujours bien planté mais avant de le faire parler il faudrait être sûr que ce soi bien lui qui prononce ces paroles j'ai quand même un sérieux doute, je pense plutôt que ce sont ses nombreux...

à écrit le 28/06/2021 à 8:12
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Aucune chance pour le Trio de Droite. Ils vont se détruire.

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