Trois ans après sa création, où en est la French Tech ?

Les ministres Emmanuel Macron et Axelle Lemaire ont inauguré le 25 juillet un nouveau pôle French Tech à Laval. L'occasion de faire un premier bilan sur ce programme très ambitieux 3 ans après son lancement.
3 ans après son lancement, la French Tech est une réussite médiatique mais doit désormais devenir un véritable accélérateur économique.

Le gouvernement français a lancé en 2013 l'Initiative French Tech destinée à mettre en valeur l'écosystème entrepreneurial français et à faire rayonner les startups françaises à l'international. Trois ans ont passé et de nombreux projets se sont greffés à ce programme ambitieux. L'occasion de faire un premier bilan critique.

Un maillage territorial complexe mais audacieux

La French Tech s'étend aujourd'hui sur trois niveaux visant à faire de l'ensemble du territoire national et international un véritable écosystème de startups françaises. Ce programme a ainsi progressivement "labellisé" French Tech de nombreux territoires afin de les mettre en valeur.

Au premier niveau, on distingue les Métropoles French Tech qui veulent être des territoires particulièrement dynamiques en termes de création d'entreprises, d'innovation et d'infrastructures destinées à l'entrepreneuriat. Pas moins de 13 d'entre elles ont été labellisés Métropole French Tech parmis lesquels Bordeaux, Lyon ou encore Lille.

A ces Métropoles s'ajoutent des Réseaux Thématiques, lancés le 25 juillet dernier par les ministres Emmanuel Macron et Axelle Lemaire. Un réseau thématique est un ensemble de projets locaux regroupés autour d'un domaine d'expertise précis et en cohérence avec une stratégie territoriale. Cela encourage "une dynamique sectorielle sur le plan national et en accroît l'impact à l'international", peut-on lire sur le site de la French Tech. Ces réseaux thématiques s'adressent non seulement aux Métropoles French Tech mais aussi  à tout autre écosystème de startups existant en France et aux associations privées d'entrepreneurs. L'objectif affiché par Emmanuel Macron est d'accompagner ces dynamiques régionales dans la compétition mondiale.

« Il faut laisser les champions réussir, aller le plus loin possible dans la compétition internationale, mais il y a aussi dans le même temps de l'excellence et de l'innovation que nous devons identifier sur l'ensemble de notre territoire », a affirmé le ministre de l'Economie le 25 juillet à Laval.

Neuf réseaux thématiques ont donc été lancés :

  • #HealthTech #BioTech  #MedTech #e-santé : santé, bien-être, biotechnologies et silver economy (l'économie dédiée à l'avancée en âge de nos sociétés).
  •  #IoT  #Manufacturing : internet des objets et robotique.
  •  #EdTech #Entertainment : éducation et industries culturelles et créatives.
  •  #CleanTech #Mobility : technologies vertes et développement durable.
  •  #FinTech : assurance, finance, banque et blockchain.
  •  #Security, #Privacy : sécurité numérique et physique.
  •  #Retail : commerce et e-commerce, distribution et économie collaborative.
  • #FoodTech : industries agroalimentaires et restauration.
  •  #Sports : coaching et événementiel sportif.

Retrouvez la répartition géographiques des Réseaux Thématiques sur le site de la French Tech!

Enfin, dernier niveau de ce maillage, la dimension internationale incarnée par les 12 Hubs French Tech installés à l'étranger (San Francisco, Abidjan, ou encore Barcelone) et dont le but est de promouvoir l'entrepreneuriat français à l'extérieur de nos frontières. On notera aussi d'autres initiatives comme le French Tech Ticket destiné à attirer des entrepreneurs étrangers à Paris en leur proposant des financements, des programmes d'accompagnement et en leur facilitant leur installation sur le sol français.

Ce maillage est certes ambitieux mais sa complexité laisse perplexe. Une impression dérangeante d'une "course au label" de la part des territoires français force à l'interrogation. Avec tant de territoires labellisés ne perd-on pas en efficacité et en cohérence?

Un programme d'accompagnement financier encore timide

Si la French Tech cherche à répondre aux manques de financement dont souffre nombre d'entrepreneurs français, ses initiatives restent encore limitées.

Dotée d'une capacité de 200 millions d'euros apportée par la Banque Publique d'Investissement, la French Tech veut « favoriser le développement des accélérateurs de startups privés en France ». Elle investit dans des programmes privés (Axeleo ou Usine IO par exemple) visant à accélérer la croissance des startups en leur apportant services et moyens industriels.

De son côté, la Bourse French Tech, d'un montant de 10.000 à 30.000 euros, vise à aider les jeunes startups de moins d'un an à financer leurs premières dépenses.

Au vu des sommes allouées, cet accompagnement financier manque donc encore cruellement d'ambition et gagnerait à être étoffé à l'avenir.

Un premier bilan en demi-teinte

Car le problème principal de l'écosystème français est celui du financement. Dans un entretien à Challenges, Gilles Babinet, le "digital champion" de la France auprès de l'UE, rappelle que "la France ne représente que 13% du montant total des fonds de capital-risque levés en Europe, contre 33% pour le Royaume-Uni". Ce mur financier auquel se confrontent les entrepreneurs français les poussent donc logiquement à aller chercher les financements là où ils se trouvent, aux Etats-Unis, comme en témoigne l'exemple de la pépite française Criteo.

A cette première limite s'ajoute un certain manque d'ambition internationale malgré les hubs French Tech. Nombreux sont ceux qui se souviennent de cette tribune au vitriol de Jon Evans dans lequel il s'en prenait à la French Tech.

« Le gouvernement français (et la French Tech plus largement) manquent d'ambition, de courage et de confiance en eux. La stratégie de la France dans la Tech est vouée à l'échec », affirmait en juin dernier l'éditorialiste de Tech Crunch.

Dans cette tribune, Jon Evans déplore notamment un état d'esprit général considérant qu'une startup n'a réussi que si elle est rachetée par un grand groupe du CAC 40. Une ambition à rebours de la compétition internationale et qui en aucun cas ne peut faire de la France le berceau des futurs Facebook et autre Uber...

Une chose est sûre : la French Tech a réussi sur le point essentiel du "soft power". Présence de nombreuses startups françaises au dernier CES de Las Vegas, John Chambers (Président exécutif du conseil d'administration de Cisco Systems) affirmant que "The next big thing is France". La France s'est imposée comme une nation qui compte dans l'écosystème mondial de l'entrepreneuriat. Reste désormais à ce qu'elle devienne une nation capable de garder ses pépites... et d'en attirer. Bref, passer au "hard power" en quelque sorte.

Lire aussi : Après l'euphorie, la French Tech doit encore prouver qu'elle a un avenir

Commentaires 4
à écrit le 03/08/2016 à 18:05
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La récession économique de la France provient du capitalisme de connivence (BpiFrance, Business France, Ademe) d’inspiration communiste.

à écrit le 03/08/2016 à 9:55
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Après trois ans, on baragouine toujours en américain, ça fait plus classe!

à écrit le 02/08/2016 à 15:24
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comme a leur habitude les socialistes ont tout vendange, puis viennent poser leur cataplasme sur une jambe de bois s'ils veulent des financments de projets il faudrait peut etre arreter de vomir sur les investisseurs s'ils veulent des boites qui se...

le 02/08/2016 à 19:36
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Ce n'est pas en vomissant sur les autres que tu amélioreras ton existence.

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