À Arras, les 30 propositions des élus urbains aux candidats présidentiels

Considérant leurs territoires comme l'avenir économique de la France, les élus urbains exigent leur autonomie financière pour gérer leur destin dans la cohérence. C'est ce qu'ils ont affirmé lors des premières Journées nationales de France urbaine à Arras les 23 et 24 mars. Une revendication phare parmi 30 propositions réunies dans un manifeste qui sera remis aux candidats présidentiels dès lundi.

Sur les 30 propositions du manifeste de France urbaine aux candidats présidentiels, la revendication de l'autonomie financière sonne comme un cri du cœur. « Usés jusqu'à l'os par des années de disette terrible » et inquiets pour leur survie si de nouvelles baisses des dotations devaient advenir, les élus urbains appellent à une loi de finances dédiées aux collectivités.

« Il faut arrêter de transformer les impôts locaux en dotations. Une loi de finances spécifique nous permettra d'inscrire notre action dans le moyen terme sans être soumis aux aléas parlementaires et de Bercy », a affirmé Jean-Luc Moudenc, le président de France urbaine, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole en conclusion des deux journées de travail. Pour les 97 élus réunis au sein de cette association, le moment est historique.

La fin de l'État-nation

« Nous sommes en train de changer de modèle. Le modèle de l'État-nation et de l'économie qu'on pouvait gérer de manière verticale est périmé. C'est dans nos territoires que le renouveau économique et sociologique de la France peut se réaliser », a martelé Gérard Collomb, le maire de Lyon que certains dans les couloirs des Journées nationales de France urbaine imaginaient d'ailleurs déjà dans le rôle de futur Premier ministre...

Philippe Laurent est venu enfoncer le clou. Le secrétaire général de l'Association des maires de France (AMF), qui a organisé il y a quelques jours un grand oral pour tous les candidats présidentiels, se dit préoccupé par la vision des collectivités que portent les candidats.

« Ils raisonnent dans une logique de l'État des années 1970-1980 avec des collectivités qui sont le prolongement de l'État. Il faut une véritable réforme de la culture de l'État et je ne suis pas sûr que nous y soyons. »

Les effets pervers du non-cumul des mandats

Comme de nombreux membres de France urbaine, Philippe Laurent s'est également dit inquiet de la rupture que la loi sur le non-cumul des mandats va entrainer. Sans députés ou sénateurs-maires, beaucoup craignent un délitement des décisions concernant les collectivités. D'où une autre demande portée par France urbaine : la création d'une instance nationale de dialogue entre l'État et les territoires.

Dopés par les propos de l'universitaire Carlos Moreno venu vanter l'importance du fait urbain et l'émergence des hypermétropoles de 50 millions d'habitants avec une influence européenne en baisse sur l'échiquier mondial, les élus urbains sont également rentrés dans des détails extrêmement concrets. Outre la revendication majeure sur les finances locales, les élus ont planché sur cinq grands thèmes : le développement durable dont la transition énergétique, le logement avec les enjeux de cohésion sociale et territoriale, l'éducation liée à la culture et la citoyenneté, le développement économique et le corolaire de l'emploi et enfin la question de la sécurité avec la prévention de la radicalisation et la lutte contre le terrorisme.

Les collectivités à la recherche de nouvelles prérogatives

Sur la question du développement durable par exemple, les élus souhaitent prendre leur destin en main en faisant évoluer leurs rapports avec les fournisseurs d'énergie et en devenant eux-mêmes opérateurs. Ils appellent aussi à la création d'un établissement public des déchets sur le modèle des agences de l'eau, une proposition qui va « en déranger plus d'un » estime un élu.

Très critiques du modèle jacobin, ils souhaitent cependant la création d'un grand ministère de l'Aménagement du territoire rassemblant le logement, l'urbanisme, les transports et la politique de la ville. Nathalie Appéré, maire de Rennes, a milité pour une vision globale de la ville, énergétique, numérique et démocratique, avec un droit à l'expérimentation au niveau du territoire qui ne débouche pas sur l'obligation de généraliser sur d'autres territoires comme c'est aujourd'hui le cas. La diversité des situations est un point crucial pour ces élus.

En matière de sécurité, les élus aimeraient pouvoir compléter le rôle de police de l'État en donnant par exemple à leur police municipale l'accès aux fichiers de véhicules volés et le droit de procéder à des contrôles d'identité. « En matière de lutte contre le terrorisme, nous voulons être informés et associés aux décisions », a également affirmé François Rebasmen, le maire de Dijon. Plus d'autonomie financière, plus de prérogatives, les élus urbains veulent prendre leur destin en main.

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