Aides à l'embauche des jeunes : 60.000 emplois supplémentaires

L'aide à l'embauche aurait permis une augmentation de 7% de l’emploi en CDI ou CDD de plus de trois mois des jeunes de 22 à 25 ans, soit 60.000 emplois selon de récents travaux du ministère du Travail et du Conseil d'analyse économique (CAE).
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

Universités et lycées fermés, contrats saisonniers arrêtés, CDD non renouvelés... depuis le début de la pandémie, les jeunes paient un très lourd tribut. La "génération Covid" a traversé de longs mois dans un marché du travail atrophié par les vagues épidémiques et les confinements à répétition. Face à cette situation dramatique, le gouvernement a déployé plusieurs dispositifs visant à faciliter l'embauche et le maintien dans l'emploi des jeunes à travers le dispositif "un jeune, une solution".

Parmi les mesures mises en place, l'aide à l'embauche des jeunes permet aux entreprises de toucher une enveloppe de 4.000 euros pour recruter une personne de moins de 26 ans ou plus en contrat à durée déterminée (CDD) de plus de trois mois ou en CDI. Selon une première évaluation dressée par le service de statistiques du ministère du Travail et le Conseil d'analyse économique, cette mesure aurait permis une hausse de 7% de l'emploi des jeunes en CDD long ou en CDI entre août et décembre 2020.

"Sans la prime, le taux d'emploi aurait été de 38% contre 41% avec ce dispositif. Cette hausse de 3 points correspond à environ 60.000 emplois supplémentaires. L'aide à l'embauche des jeunes a eu un effet significatif sur les embauches des CDD et des CDI sur cette période. Cette hausse de l'emploi éligible est portée par l'emploi en CDI. Cela n'est pas étonnant car le CDI correspond à une grande majorité de l'emploi éligible", a expliqué Claire Lise-Dubost, chargée d'études à la Dares lors d'un point presse.

240.000 aides accordées aux employeurs sur 310.000 demandes

La pandémie a plongé un grand nombre de jeunes dans une situation sociale et financière dramatique. Privés de boulot pour financer leurs études ou payer leur loyer et leur nourriture, beaucoup n'ont pas réussi à sortir des listes de Pôle emploi, notamment pendant les longues périodes de confinement de l'année 2020. De leur côté, de nombreuses entreprises ont dû affronter toutes ces vagues épidémiques sans vraiment avoir d'horizon précis sur la sortie de crise. Dans ces conditions assombries, les embauches ont été rendues difficiles.

Malgré toutes ces incertitudes, près de 310.000 demandes d'aide à l'embauche des jeunes ont été adressées par les entreprises aux services du ministère du Travail. Sur ce total, 240.000 aides ont été accordées aux employeurs. Parmi les secteurs ayant le plus fait de demandes apparaissent en premier les hôtels, cafés et restaurants (HCR) et la culture selon une note du conseil d'analyse économique dévoilée également ce mercredi.

"Cette analyse montre en tout cas que ces secteurs ont bénéficié au moins autant que les autres de l'Aide à l'embauche des jeunes et que l'AEJ a contribué à y créer des emplois alors même que ces secteurs ont été fermés au public sur une partie de la période concernée", expliquent les auteurs Philippe Martin et Roland Rathelot.

Le coût d'un emploi créé pour une période de trois mois est estimé à environ 5.000 euros.

Cette évaluation d'un tel dispositif a cependant été perturbée par le second confinement et les différents régimes de restriction mises en oeuvre depuis le mois de novembre. "Quand le gouvernement a mis en place cette aide à l'embauche, il n'avait pas anticipé d'autres confinements. La montée en charge des aides à l'embauche a souffert du second confinement", a rappelé le président du CAE Philippe Martin lors du point presse .

Sortie de crise : ouvrir cette aide aux plus de 26 ans

La levée progressive des mesures de confinement jusqu'à la fin du mois de juin devrait permettre à l'économie de repartir progressivement. Si cette réouverture suscite de nombreux espoirs, de nombreux risques subsistent sur le front économique et social. D'abord, la situation sur le plan sanitaire est loin d'être apaisée même si la campagne de vaccination a montré des signes d'accélération. L'annonce du retrait des aides aux entreprises pourrait faire des dégâts dans les mois à venir. Pour éviter une hécatombe chez les personnes en emploi les plus vulnérables, le conseil d'analyse économique rattaché à Matignon a dessiné plusieurs options.

"La question de l'embauche des jeunes est cruciale car ils sont en première ligne dans la crise. L'une des pistes est d'ouvrir cette aide aux plus de 26 ans et aussi de la réserver aux secteurs les plus touchés. Au moment de la réouverture, ces secteurs vont souffrir d'une baisse de la productivité à cause des restrictions sanitaires. Il peut y avoir des effets d'aubaine mais ces aides pourraient aller vers des secteurs en difficulté", a ajouté Philippe Martin.

En outre, l'arrivée des futurs diplômés sur le marché du travail au mois de septembre risque d'accroître les tensions. Beaucoup pourraient se retrouver sans vraiment d'opportunité d'emploi et leur insertion professionnelle pourrait se révéler chaotique. Enfin, si certains outils ont eu un impact favorable, la situation des jeunes sur le marché du travail demeure critique comme le rappellent les derniers chiffres de l'Insee sur le taux de chômage chez les 18-24 ans autour de 18%.

Grégoire Normand
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