Le marché du travail des cadres continue de souffrir. Après une année 2020 apocalyptique, la reprise devrait être poussive. Les entreprises françaises interrogées par l'association pour l'emploi des cadres (APEC) prévoient d'embaucher 247.000 personnes au cours de l'année 2021 (+8%) selon le dernier baromètre (*) dévoilé ce vendredi 7 mai. Si cette hausse peut paraître spectaculaire, le niveau des embauches anticipé est très loin de retrouver celui de 2019 (281.300).
"La grande question pour 2021 va être la sortie de crise avec la fin des aides. En 2021, le rebond des embauches est encore modeste mais l'enquête montre un certain optimisme. Les entreprises ont prévu d'embaucher 247.000 cadres en 2021, c'est 8% de plus qu'en 2020 mais c'est 12% de moins qu'en 2019. On reste en deçà des embauches de 2019. La progression par rapport à 2020 est liée au rebond de l'activité économique avec une croissance attendue de 5,5%. La reprise de l'investissement devrait faciliter l'embauche des cadres. Il y a néanmoins d'énormes disparités territoriales et sectorielles" a expliqué le directeur général de l'association, Gilles Gateau, lors d'un point presse.
Des recrutements portés par trois régions
L'ensemble des régions, à l'exception de l'Occitanie, devrait enregistrer une hausse des recrutements de cadres au cours de l'année 2021. Trois régions devraient néanmoins booster la dynamique au niveau national.
"C'est un redémarrage à différentes vitesses. La situation devrait progressivement retrouver des niveaux d'avant crise mais certains secteurs devraient rester touchés. Les trois grandes régions (Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Hauts-de-France) représentent les deux tiers des embauches en France en 2021. En revanche, les embauches devraient reculer en Occitanie. La région est durement frappée dans l'aéronautique. Beaucoup de sous-traitants sont touchés par ricochet" a ajouté Gaël Bouron de l'APEC. Dans l'Ouest, la Bretagne a su tirer son épingle du jeu avec une hausse des recrutements à prévoir d'environ 9%. "L'informatique avec le secteur de la cybersécurité est bien positionné en Bretagne" a-t-il ajouté.
Les jeunes et les plus expérimentés en première ligne
L'onde de choc provoquée par la pandémie frappe les catégories situées principalement aux extrémités du spectre. Beaucoup de jeunes diplômés d'un bac +5 qui entrent sur le marché du travail depuis 2020 connaissent de grandes difficultés d'insertion. Les résultats du baromètre rendus publics par l'organisme montrent que les jeunes devraient profiter du redémarrage de l'économie avec des embauches supplémentaires à prévoir (+13% en 2021 par rapport à 2020) mais cette hausse serait loin de suffire à compenser la chute abyssale de l'année dernière (-26%).
"Les jeunes diplômés de l'enseignement supérieur, qui peuvent prétendre accéder à un poste cadre à l'issue de leur formation initiale (majoritairement les Bac+5 et plus), seront en 2021 dans une situation délicate, confrontés à un embouteillage avec trois promotions à la recherche d'un emploi en même temps. En effet, une partie de la promotion sortie en 2019 est toujours en recherche d'emploi avec celle de 2020, tandis que celle de 2021 va bientôt arriver sur le marché du travail", notent les auteurs de l'étude.
Les plus expérimentés devraient également payer un lourd tribut dans cette crise sanitaire et économique à rallonge. En 2020, le marché de l'emploi des cadres avec plus de 10 ans d'expérience (-21%) et 20 ans d'expérience (-27%) s'est contracté brutalement. Pour 2021, les projections ne sont guère réjouissantes avec une stabilisation des embauches pour ces deux catégories. Avec la réouverture progressive de l'économie, la question de la levée des aides pourrait obliger un grand nombre d'entreprises à se séparer de ce type de profil.
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(*) l'étude repose sur une enquête annuelle, menée auprès d'un échantillon permanent de 8.000 entreprises représentatif de la répartition par région, par taille et secteur d'activité des salariés du secteur privé en France métropolitaine et représentant 1,4 million de salariés dont 345.500 cadres. L'interrogation téléphonique a été confiée à BVA et s'est déroulée du 2 décembre 2020 au 19 février 2021.