C'est officiel. Pour répondre à la pénurie de main d'œuvre, Emmanuel Macron annonce un texte de loi sur la réforme du travail « dès cet été », qui concernera non seulement l'assurance-chômage mais aussi la formation, notamment des seniors. Dans ce texte, le locataire de l'Elysée souhaite également inscrire des dispositions "sur la validation des acquis de l'expérience.
« Dès cet été il faudra qu'il y ait un texte de loi, après discussion avec les partenaires sociaux », a dit le chef de l'Etat, qui a évoqué la « réforme du RSA » , une « réforme de France Travail » en lieu et place de Pole emploi, mais aussi une réforme du lycée professionnel et la formation « tout au long de la vie ». « Beaucoup de gens sont aujourd'hui au chômage parce qu'ils ont une formation qui ne correspond pas aux besoins de la nation », a précisé le président de la République.
Aller plus loin que la réforme du premier quinquennat
Promise par Emmanuel Macron pendant sa campagne, cette réforme de l'assurance chômage viserait à aller un cran plus loin que celle déjà faite lors du premier quinquennat. « Bien sur qu'il faut aller plus loin », a réagit Emmanuel Macron ce jeudi 14 juillet.
Sur le papier, cet acte 2 devrait moduler les indemnisations en fonction de la conjoncture économique. Plus la situation se dégrade, plus le système d'indemnisation est généreux. Et à l'inverse, plus elle s'améliore, et moins le régime verse d'indemnités. Avec une croissance qui ralentit, mais un taux d'emploi qui reste élevé, le gouvernement aurait tout intérêt à ne pas trop attendre.
Dans la réforme, il s'agirait aussi, selon plusieurs sources, de durcir certaines règles qui peuvent inciter des salariés à bénéficier indûment d'indemnités et à rester au chômage. « Il y a de nombreux angles morts, des zones grises dans le système, qui ne favorisent pas le retour à l'emploi », plaide un bon connaisseur du dossier, proche de l'exécutif. Exemple : « quand vous abandonnez votre poste du jour au lendemain, sans donner signe à votre employeur, vous pouvez quand même toucher une allocation », développe-t-il. En durcissant encore un peu plus certaines règles d'indemnisation, le gouvernement espère donc inciter les actifs à reprendre un travail plus vite.
Côté calendrier, il y a une fenêtre de tir. La convention assurance chômage s'arrête le 31 octobre prochain... Il faut donc statuer. Le gouvernement peut donc choisir, soit de garder les mêmes règles, soit de les modifier. Olivier Dussopt, le ministre du Travail, a assuré cette semaine que l'actuelle convention assurance chômage serait prolongée un an.
Pour ne pas le déjuger, Emmanuel Macron pourrait travailler sur l'acte 2 de la réforme assurance chômage pour une application à l'été 2023.
Des syndicats opposés, mais une opinion publique plus favorable
Et tant pis, si les syndicats sont contre. De la CFE-CGC à la CFDT, en passant par la CGT, tous ont bataillé contre la dernière réforme, et il y a peu de chances qu'ils aient changé d'avis.
Interrogé sur France Info, ce lundi dernier, Philippe Martinez le leader de la CGT a ainsi regretté "que le gouvernement soit encore dans la croyance qu'il suffise de durcir le système, pour que les demandeurs d'emploi retrouvent du travail. C'est un peu plus compliqué que ça". Et le chef de file du syndicat de Montreuil de souligner qu'à peine un chômeur sur deux était indemnisé. En d'autres termes, on ne reste pas au chômage par plaisir ou par intérêt.
Le gouvernement sait toutefois que dans l'opinion publique, l'opposition est nettement plus partagée. Aucune réforme de l'assurance chômage n'a mis foule dans la rue. Pour convaincre les réticents, le gouvernement entend présenter cette réforme comme une solution pour lutter contre la hausse des prix.
« La meilleure réponse au pouvoir d'achat, c'est le salaire », a indiqué Emmanuel Macron.
Enfin politiquement, ce discours sur la priorité du travail séduira les Républicains. Alors que le gouvernement se cherche des alliés à l'Assemblée nationale, ce peut être un moyen de rallier quelques élus à droite, voire à l'extrême droite. Encore faut-il obtenir un « compromis responsables »
Retrouver des marges budgétaires
En faisant la réforme de l'assurance chômage, l'exécutif espère aussi retrouver quelques marges de manoeuvre budgétaires. Emmanuel Macron s'est engagé à atteindre le plein emploi, c'est-à-dire un taux de chômage autour de 5%... d'ici la fin du quinquennat. Il a confirmé ce 14 juillet sa volonté d'y parvenir.
L'enjeu est d'autant plus important que c'est par le plein emploi que l'exécutif compte trouver des sources de financement pour investir dans l'école, la transition écologique, la santé... Bien plus qu'en réduisant les dépenses.
Dernier argument que l'exécutif n'avance pas ouvertement mais à dans la tête, cette réforme serait aussi un signe envoyé à Bruxelles. Un gage de la capacité de la France à poursuivre sa transformation.