De nouvelles annonces, et de taille. C'est ce qu'ont encore obtenu les agriculteurs samedi matin avant la visite très chahutée du président de la République au Salon international de l'agriculture. L'une des principales concessions : la mise en place d'un prix plancher au-dessous duquel les transformateurs ne pourront pas acheter aux producteurs leurs aliments et les distributeurs ne pourront pas non plus les vendre. « C'est la chose la plus engageante qu'on ait jamais faite », a souligné Emmanuel Macron lui-même lors d'un débat avec des délégations des syndicats agricoles.
Ces prix correspondront aux indicateurs des coûts de production que chaque filière aurait déjà dû élaborer en vertu de la loi Egalim 2 de 2021 mais que certaines professions n'ont pas encore définis, a expliqué le président. La mesure figurera dans un projet de loi consacré à une révision des lois Egalim et déjà promis par le Premier ministre mercredi. Ce projet sera rédigé à l'issue d'une mission d'évaluation confiée à deux députés, Alexis Izard et Anne-Laure Babault. L'objectif est que la mesure puisse s'appliquer aux négociations commerciales de 2025.
Plan d'urgence sur la trésorerie
À plus court terme, afin de calmer l'exaspération des agriculteurs confrontés à une hausse de leurs charges non compensée par de meilleurs revenus, le président a promis le lancement d'un plan d'urgence sur la trésorerie. Dès demain, le gouvernement amorcera la définition d'un cadre national avec l'ensemble des acteurs concernés. En même temps, un recensement local sera lancé par chaque préfecture pour identifier les situations les plus difficiles. Le plan d'urgence ne concernera d'ailleurs pas que les agriculteurs, mais aussi d'autres secteurs en crise comme le BTP, a précisé Emmanuel Macron.
Afin de répondre à la demande de reconnaissance criante des agriculteurs - bafouée à leurs yeux par le couac autour de l'invitation à débattre avec les Soulèvements de la Terre -, le président de la République a encore garanti que le projet de loi pour une agriculture souveraine, qui sera présenté en Conseil des ministres le 20 mars, élèverait l'agriculture au rang « d'intérêt général majeur » : une notion différente de celle d'« intérêt fondamental » déjà évoquée par Gabriel Attal, et qui sera opposable aux juges, garantit l'exécutif.
Sur le sujet sensible des pesticides, le président a assuré vouloir corriger le système actuel, qui permet à l'Anses de se prononcer sur l'autorisation de mise sur le marché national des produits phytosanitaires avant que l'autorité européenne, l'Efsa, ait décidé de l'homologation des molécules. Il promet de prôner l'adoption d'une « règle unique », et de remettre en question « dans les prochaines semaines » les décisions nationales en décalage avec celles de l'UE. Il s'est aussi engagé à réduire les délais nécessaires pour obtenir des dérogations.
Quant à l'eau, grand sujet de discorde entre les agriculteurs et les défenseurs de l'environnement, le président a promis l'adoption d'un principe : l'usage agricole et alimentaire sera désormais prioritaire.