"Avec la suspension des salaires et la rupture des CDD pour les non-vaccinés, le gouvernement met la pression sur les salariés" (Patrick Martin, Medef)

Pour le président délégué du Medef, la suppression de l'article visant à licencier un salarié qui ne présenterait pas un pass sanitaire dans le cadre d'une activité soumise aux nouvelles règles sanitaires est une bonne chose. Et dit ne pas comprendre la possibilité de rupture des CDD ouverte par la loi. Même si l'économie est soumise à une nouvelle flambée de l'épidémie et à la hausse de l'inflation et de celle des matières premières, Patrick Martin se veut rassurant, tablant sur une progression du PIB proche de 6%. A condition que la vaccination accélère, un sujet qui pourrait à terme perturber la vie sociale de nombreuses entreprises.
(Crédits : Laurent Cerino/ADE)

LA TRIBUNE - Le Parlement a adopté ce week-end le projet de loi sur la gestion de la crise sanitaire. L'une des mesures phares - et qui fut âprement débattue dans l'hémicycle - portait  sur la possibilité de licencier un salarié qui ne présenterait pas un pass sanitaire dans une entreprise soumise aux restrictions sanitaires. C'est finalement la suspension du salaire qui a été votée. Quel regard portez-vous cette mesure ?

PATRICK MARTIN - Permettez-moi de rappeler à quel point le Medef est favorable à la vaccination de la population. Les entreprises, l'État et les organismes sociaux ne peuvent se permettre un nouveau confinement. La réussite de la campagne vaccinale est l'unique solution pour éviter une nouvelle mise sous cloche de l'économie. Un confinement serait fatal à de nombreuses entreprises.

Nous étions très mal à l'aise avec cet article de la loi visant à ouvrir la possibilité de licencier les salariés des secteurs concernés par les restrictions ne présentant pas un pass sanitaire. Et cela pour au moins deux raisons. La première, c'est qu'une telle mesure aurait été négative en termes de ressources humaines, dans un contexte de recrutement déjà tendu. La seconde, c'est que les indemnités de licenciement auraient été à la charge des entreprises. Or, de nombreuses sociétés ont déjà leurs finances exsangues par la crise sanitaire, et une telle disposition les aurait davantage affaiblies. Les mesures retenues par le Parlement - utilisation des congés payés, des RTT, ou congés sans solde tant que le salarié ne présente pas un pass sanitaire, ou encore la possibilité de transférer un travailleur sur un poste qui n'est pas en contact avec le public - nous semblent donc plus adaptées.

Le projet de loi prévoit un "régime d'exception" pour les contrats à durée déterminée (CDD), ouvrant la possibilité à une rupture de celui-ci en cas de non-vaccination du personnel concerné. Cette mesure ne risque-t-elle pas de créer un marché du travail à deux vitesses, et précariser un peu plus ces travailleurs ? 

Le Medef n'explique pas vraiment cette disposition spécifique aux contrats à durée indéterminée. Nous pensions que les mesures à l'œuvre pour les CDI seraient transposées aux CDD.

Que ce soit par une suspension du salaire dans le cadre d'un CDI ou la possibilité pour l'employeur de mettre fin aux contrats à durée déterminée, l'obligation du pass sanitaire pour ces salariés répond à une seule ambition du gouvernement : mettre clairement la pression sur les citoyens et les travailleurs pour accélérer la campagne de vaccination.

Toutefois des zones d'ombre juridique sont encore à éclaircir. Le Conseil constitutionnel, qui devra se prononcer sur le texte avant sa promulgation, pourrait bien notifier une inégalité de traitement entre ces deux types de contrats.

Au-delà des mesures de vaccination obligatoires pour les secteurs concernés, comment appréhendez-vous l'accélération de la vaccination en entreprise ? Redoutez-vous des conflits au sein du personnel titulaire d'un pass sanitaire et celui qui refuse la vaccination ?

A ce jour, nous n'observons pas une hausse des tensions en entreprise, mais c'est un sujet à suivre de près. La forte dynamique de vaccination à l'œuvre depuis le discours du Président de la République, le 12 juillet dernier, pourrait modifier la donne. Avec un cas extrême : que les salariés vaccinés fassent jouer leur droit de retrait si de nombreux collègues au sein de leur structure ne sont pas vaccinés. Nous sommes toutefois sereins : la majorité des Français se font vacciner et le mouvement antivax est en recul.

La flambée du variant Delta, la hausse de l'inflation - tirée notamment par la progression des prix des matières premières et par celle du coût de l'énergie - peuvent-elles compromettre la reprise ?

Au regard de la dynamique de vaccination, on reste confiant sur une progression du PIB comprise entre 5 et 6% pour 2021. La hausse des prix des matières premières, pénalisant aujourd'hui le secteur du bâtiment, devrait s'interrompre d'ici à la fin de l'année. Ces tensions sur les prix étaient dues à la reprise rapide des économies chinoise et américaine, qui ont préempté de nombreux matériaux, alors qu'en France et en Europe, les entreprises avaient déstocké pour préserver leur trésorerie. L'économie européenne redémarre après les deux géants, dans un contexte de normalisation des circuits logistiques. Les prix de l'acier ou du bois, par exemple, ont stoppé leur progression, les délais de livraison tendent à se réduire. Concernant l'énergie, si la hausse des prix du pétrole est réelle ces derniers mois, il ne faut pas oublier qu'ils étaient tombés très bas en 2020. Les prix d'aujourd'hui sont peu ou prou ceux d'avant la crise-covid. Sauf crise géopolitique majeure, le cours du pétrole devrait se stabiliser.

Le plan de relance et son rythme répondent-ils aux attentes du patronat ?

Oui, les différents volets du plan de relance se déploient plutôt bien. La cadence est raisonnable, notamment sur le secteur de l'industrie et du BTP. Toutefois, la menace que fait peser sur l'économie le variant Delta impose le renouvellement des mesures d'accompagnement pour les secteurs les plus touchés : la restauration, l'événementiel. Toutefois, ces aides doivent être sélectives et adressées de façon chirurgicale. Certaines entreprises évoluant dans ces secteurs touchés par le Covid-19 tournent très bien, quand d'autres sont en grandes difficultés. Il faut donc faire du cousue-main.

Le Medef appelait il y a un mois à la fin du "quoi qu'il en coûte". Dans ce contexte, est-ce toujours votre position ?

Oui. Le "quoi qu'il en coûte" - qui a été très précieux lors des mois précédents - doit s'interrompre, mais à condition que le rythme de vaccination soit satisfaisant, notamment en tenant l'objectif de 50 millions de vaccinés d'ici à fin août. On n'a pas le choix : l'état des finances publiques ne peut supporter davantage cette politique gouvernementale.

Commentaires 28
à écrit le 27/07/2021 à 18:30
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le MEDEF n'est pas médecin que je sache ??? aucun vaccin n'a reçu d'autorisation de mise en marché !!!

le 18/09/2021 à 19:15
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exact et k les vaccinés contaminent:amateurs ,benets ou mauvaise foi? Que fait une fois de plus la représentation nationale?

à écrit le 27/07/2021 à 14:20
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La société française se tiers mondise tout bêtement. Vous avez deux choix en gros : monter en gamme avec des salariés bien payé et bien formés (Allemagne) et être contraint à la baisse de niveau dans tous les domaines parce que vos services essentiel...

le 28/07/2021 à 6:18
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Le but de bruxelles et ses affides est de reduire la liberte des travailleurs. Les aqsservir, les endetter pour mieux les exploiter. Retour au 19 ieme siecle.

à écrit le 27/07/2021 à 11:29
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Pae définition, un salarié reçoit un salaire

à écrit le 27/07/2021 à 9:04
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Déjà qu'avec leurs salaires au rabais ils avaient du mal à recruter on peut comprendre leurs craintes.

à écrit le 27/07/2021 à 8:55
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Disons que la CFDT est devenu un syndicalisme pour l’ère Macron.Alors qu’elle incarna un profond renouvellement de l’action collective dans les années 1960 et 1970, celle-ci accompagne depuis trente ans le détricotage du droit social, tout en jurant ...

à écrit le 27/07/2021 à 8:53
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La liberté individuelle est inscrite dans la constitution à laquelle est soumise la loi. Hores aujourd'hui des citoyens sont rendus responsables du bien être des autres, et les privent en conséquence de leur liberté constitutionnelle. Ou est la légal...

à écrit le 27/07/2021 à 2:24
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Faudrait ressortir les faux, comme en 89.

à écrit le 26/07/2021 à 22:44
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En fait c'est une grosse arnaque. Le Senat et la CMP n'ont absolument pas annulé le licenciement pour défaut de vaccination. C'est reporté jusqu'au 15 novembre, date de renouvellement de l'état d'urgence, et pour laisser du temps aux salariés concern...

le 27/07/2021 à 7:11
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Mea-culpa : 15 novembre date de renouvellement du passe sanitaire, et non de l'état d'urgence, quoi que ...

à écrit le 26/07/2021 à 22:22
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La vaccination de la population ? ...La "populace" serait le mot juste pour un patronat qui ne voit dans la masse des travailleurs qu'une source de revenus.

le 27/07/2021 à 12:18
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Faudrait voir à changer de logiciel , germinal c'est pas aujourd'hui ni même avant hier. C'est vrai qu'un monde sans patron a apporté beaucoup de bonheur à ceux qui l'ont expérimenté !

à écrit le 26/07/2021 à 20:55
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Sais le roi et nous les brebis

à écrit le 26/07/2021 à 20:54
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Comme souvent le directeur délégué a l'air tellement plus compétent que le président, le Roux Baisé

à écrit le 26/07/2021 à 18:41
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Finalement, ce pass s'applique surtout aux emplois privés.

à écrit le 26/07/2021 à 18:00
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Aahh messieurs les salariés, nous affons le moyens de fous faire vacciner...

à écrit le 26/07/2021 à 17:39
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J'attends de voir la position de la CFDT sur ce sujet qui appelait la semaine dernière avec le Medef les salariés à ce vacciner.On peut rappeler que la CFDT a voté à prés de 48% pour Macron au ...1er tour de la présidentielle.

le 26/07/2021 à 18:15
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Normal, les adhérents de la CFDT sont en moyenne des salariés instruits, qualifiés et raisonnables. Le fait qu'ils soient majoritairement favorables à la vaccination et que beaucoup aient voté Macron n'a donc rien d'étonnant.

à écrit le 26/07/2021 à 17:30
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Désormais, dans la version définitive du projet de loi, une simple suspension du contrat (et donc du salaire) est prévue pour les salariés en CDI et les professionnels de santé récalcitrants. Avant cette suspension de contrat, ils pourront dans un pr...

à écrit le 26/07/2021 à 17:14
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La mesure de suspension des salaires est la disposition la plus scélérate prise par le régime macroniste ! Cette mesure doit être combattue avec férocité !

le 26/07/2021 à 18:17
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Les antivax et les GJ doivent également être combattus avec sévérité par les citoyens.

le 26/07/2021 à 20:48
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Vous pensiez être licencié et bénéficier pendant quelques mois de vos droits aux ASSEDIC ? C'est triste, ce Gouvernement a décidé que ce n'était pas les citoyens responsables qui seraient pénalisés mais les égoïstes, c'est vrai que c'est choquant, po...

le 27/07/2021 à 12:44
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@polaris "Les antivax et les GJ doivent également être combattus avec sévérité par les citoyens". Dit- il planqué derrière son écran.

à écrit le 26/07/2021 à 16:51
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Si j'ai bien compris, seuls les citoyens déclarés sains jouiront de leur liberté, toute relative quand même...

à écrit le 26/07/2021 à 16:47
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Un état qui fait du chantage à sa population, ça s'appelle comment ?

le 26/07/2021 à 20:45
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Une Loi est sanctionnée, cela ne signifie pas que la Loi soit du chantage. Si vous tuez quelqu'un vous finirez les année qui viennent enfermé, ce n'est pas du chantage, c'est la Loi. Ce n'est pas une menace, mais une information publique pour vous in...

le 27/07/2021 à 8:58
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Constitution : Art. 2. Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression. Art. 4. La liberté consi...

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