Budget 2019 : quels sont les coups de rabot prévus par le gouvernement ?

Par Grégoire Normand  |   |  646  mots
Le ministre de l'action et des comptes publics Gérald Darmanin doit présenter le budget lundi prochain à l'issue du conseil des ministres. (Crédits : Charles Platiau)
Le gouvernement doit présenter, lundi prochain, son budget pour l'année 2019 dont l'objectif est de réduire les dépenses tout en limitant les dégâts. Mais la tâche paraît périlleuse dans un contexte de croissance ralentie et de mécontentement croissant à l'égard de l'exécutif.

A quelques jours de la présentation du budget, le 24 septembre, le gouvernement se prépare à affronter la grogne de l'opposition et des secteurs potentiellement touchés par des mesures d'économies. Pour limiter la dépense publique en 2019, Edouard Philippe a déjà annoncé quelques mesures qui devraient figurer dans le projet de loi de finances pour 2019. Le pari est risqué pour l'exécutif qui doit boucler un budget dans une conjoncture bien plus défavorable que prévu avec des recettes fiscales moins élevées.

> Lire aussi : Croissance : l'Insee confirme le coup de frein

En effet, l'Insee, la Banque de France et l'OCDE ont revu à la baisse leur prévisions de croissance pour 2018 à 1,6 % contre 2,3 % en 2017. De son côté, la Banque Natixis prévoit 1,5 % de croissance pour cette année. Et les projections pour 2019 n'annoncent pas d'embellie pour l'économie tricolore même si la croissance devrait rester élevée par rapport à la moyenne des années précédentes.

Coupes drastiques pour les chambres de commerce

Le gouvernement entend baisser les aides publiques aux entreprises. Chaque année l'Etat verse environ 140 milliards d'euros d'aides mais le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait demandé à ses services de faire une revue de ces dispositifs. Pour 2019, M. Le Maire a déjà identifié un milliard d'euros d'économie à réaliser. L'objectif est  d'épargner 5 milliards d'euros sur le quinquennat. Cette annoncé a provoqué la colère des organisations patronales.

> Lire aussi : Aides aux entreprises : un milliard d'économies identifiées à la rentrée

Les chambres de commerce et d'industrie (CCI)  sont également dans le viseur de Bercy. Au début du mois de juillet, le locataire de Bercy a précisé l'ampleur des coupes d'ici 2022 sans préciser de montant précis pour 2019. « L'effort que nous vous demandons est effectivement important avec un horizon en 2022 de 400 millions d'euros d'économies », avait déclaré M. Le Maire devant les présidents de CCI. Le ministre de l'Economie a reconnu que cela aurait « un impact sur les personnels ».

Moins d'emplois aidés

Par ailleurs, la tendance à la baisse des contrats aidés devrait se poursuivre l'année prochaine. Le gouvernement a prévu de financer 130.000 contrats aidés en 2019 contre 200.000 et 320.000 en 2017. Dans un entretien au JDD, le premier ministre Edouard Philippe "avait indiqué que la plupart [des contrats aidés] ne permettent pas d'obtenir ensuite un emploi viable."

Lors des rendez-vous de Grenelle organisés cette année au ministre du Travail, la ministre Muriel Pénicaud avait d'ailleurs précisé que l'emploi public avait diminué au second trimestre 2018 en raison notamment de la suppression de nombreux emplois aidés. Son ministère devrait largement être mis à contribution pour réaliser des économies. Les crédits alloués à la mission Travail et emploi de l'Etat pourraient être amputés de plus de 2 milliards d'euros.

La fonction publique mise à contribution

Le Premier ministre a également annoncé la suppression de 4.500 postes en 2019 après en avoir supprimé 1.600 en 2018. Lors de sa campagne, Emmanuel Macron s'était engagé à réduire le nombre de fonctionnaires de 50.000 dans la fonction publique d'Etat et 70.000 dans les collectivités. Mais l'objectif paraît difficilement tenable. Pour l'année prochaine, l'administration fiscale, l'audiovisuel public devraient être touchés par ces suppressions.

> Lire aussi : Fonctionnaires : le plan choc du gouvernement vise 120.000 suppressions de postes

Des prestations sociales désindexées

Pour réaliser des économies, le gouvernement a également décidé de s'attaquer aux prestations sociales. L'aide personnalisée au logement (APL), les allocations familiales et les pensions de retraite devraient progresser moins rapidement qu'avant.

La revalorisation de ces trois prestations devrait s'établir à 0,3 % par an en 2019 et en 2020. Leurs progressions devraient donc être bien inférieures à l'inflation attendue autour de 1,5-1,6 % en 2019. En revanche, le Premier ministre a précisé que le revenu de solidarité active devrait échapper à cette désindexation.