Budget : le gouvernement sous la menace des motions de censure

Le président de la Commission des finances à l'Assemblée nationale, Eric Coquerel (LFI) a annoncé le dépôt d'une motion de censure sur le budget 2024 vendredi prochain. Et celle du Rassemblement national (RN) pourrait arriver dans les prochains jours. À la veille du verdict de l'agence de notation Standard and Poor's, tous les regards seront braqués sur le gouvernement. Très défavorable, ce calendrier pourrait mettre en difficulté la macronie à quelques jours des élections européennes.
Grégoire Normand
Le ministre des Comptes publics Thomas Cazenave et le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
Le ministre des Comptes publics Thomas Cazenave et le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. (Crédits : Reuters)

Les nuages s'accumulent au-dessus du ministère des Finances. Après le sévère avertissement du Fonds monétaire internationale (FMI) la semaine dernière, le gouvernement s'apprête à devoir affronter les tirs de barrage des oppositions parlementaires. Le député de la France Insoumise (LFI) et président de la Commission des Finances, Eric Coquerel, a confirmé, ce mardi, que son groupe allait déposer une motion de censure sur le budget en fin de semaine. Le texte devrait être présenté en début de semaine prochaine au Palais Bourbon. Fin avril, le groupe de gauche avait réclamé un budget rectificatif au gouvernement pour l'année 2024.

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Restés sans réponse, les parlementaires ont décidé de passer à l'offensive. « C'est une question grave, car si notre assemblée n'a pas pu voter un budget depuis deux ans, le budget reste en théorie une prérogative essentielle de l'Assemblée », a déclaré l'élu de Seine-Saint-Denis, lors d'un point presse au Palais Bourbon. Or, d'après les derniers chiffres, « nous avons un nouveau budget qui fait le choix de réduire la dépense publique pour s'adapter aux nouveaux chiffres de croissance du gouvernement ». L'exécutif dit que « c'est indolore », mais « très franchement, il y a bien une aggravation de la situation dans les ministères ».

Une motion le même jour que le couperet de l'agence Standard and Poor's

À quelques jours du couperet de l'agence de notation Standard and Poor's, cette annonce remet la pression sur la Macronie en perte de vitesse dans les sondages aux élections européennes. Les communistes et les socialistes ont déjà affirmé qu'ils allaient soutenir cette initiative. Cette motion a cependant peu de chances de passer compte tenu de la composition de l'hémicycle peu favorable au groupe de la France Insoumise. Le groupe LIOT a déjà affirmé que les députés du groupe n'avaient « pas vocation à participer à cette logique », a souligné Benjamin Saint-Huile, porte-parole pour LIOT.

Pour l'heure, Gabriel Attal n'a affronté qu'une seule motion de censure, largement rejetée, en février. Sa prédécesseure Elisabeth Borne a réussi à en surmonter 31. Mais l'exécutif avait échappé de peu à un renversement (9 voix) l'année dernière lors du débat houleux sur la réforme controversée des retraites. Le groupe LIOT avait réussi à rassembler un grand nombre de voix suscitant de vives inquiétudes dans les rangs de la majorité.

Eric Coquerel dénonce « un tour de passe-passe  »

En pleine tempête budgétaire, le gouvernement avait annoncé une première salve de coupes en février de 10 milliards d'euros dans le budget de l'Etat. Mais pour parvenir à ces objectifs de réduction des déficits, le ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave, a finalement dévoilé une nouvelle série de coupes au printemps de 10 milliards d'euros à réaliser cette année.

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« Tout cela est consternant et antidémocratique », a dénoncé Eric Coquerel. Pour rappel, les lois de finances autorisent l'exécutif à sabrer dans le budget de l'ordre de 1,5% des dépenses chaque année par décret, soit 10 milliards d'euros. Le ministre du Budget a annoncé qu'il passerait par « un projet de loi de fin de gestion ». Dans les faits, « ces coupes représenteront 4% des dépenses publiques qui auront été baissées sans projet de loi de finances rectificatives », a-t-il ajouté.

Le Rassemblement national (RN) doit également déposer une autre motion de censure

Le RN a également annoncé son intention de déposer une motion de censure. « Elle arrive », a confirmé sur TF1 la députée Laure Lavalette, soulignant que « ça va être l'occasion de voir ce que vont faire Les Républicains », selon que la droite décide de voter la censure ou « d'être une fois de plus la béquille du gouvernement ».

De son côté, le député LR Philippe Juvin a assuré défendre « l'idée d'une motion de censure, dans l'hypothèse où, sur un des textes budgétaires (...), nos propositions seraient refusées », alors qu'il était invité de l'Association des journalistes parlementaires (AJP). « Nos propositions sont toujours niées, que ce soit sur le budget ou dernièrement sur la fin de vie, donc il y a un moment où même les gens les mieux disposés comme moi (...), on prendra une décision ad hoc », a-t-il argumenté.

Des dialogues de l'Assemblée prévus après les Européennes

Les ministres de Bercy ne sont pas au bout de leur peine. Début mai, le président de la Commission des finances a annoncé le lancement des dialogues de l'Assemblée nationale sur la fiscalité. « Il s'agira de débattre entre les représentants de tous les groupes, de faire un état des lieux et de travailler concrètement sur les recettes publiques », a expliqué l'élu dans un communiqué.

Prévu entre les mois de juin et de septembre, le calendrier de cette commission devra permettre d'aborder « l'impôt sur le revenu, la TVA, la taxation du capital, les dépenses fiscales, les collectivités locales, les prélèvements obligatoires », avant les débats sur le budget 2025. Répondant aux dialogues de Bercy lancés par le gouvernement, cette initiative veut redonner du poids au Parlement sur les questions budgétaires. Mais déjà, les craintes d'un nouveau 49-3 planent au-dessus du prochain budget 2025.

Dette de l'Etat : la France bénéficie « d'une très forte demande » des investisseurs (Agence France Trésor)

Pressé par la décision de Standard and Poor's du 31 mai prochain, le gouvernement est critiqué de toutes parts. Le député Les Républicains, Philippe Juvin, a récemment lancé une commission d'enquête sur la croissance de la dette depuis 2017. Dans le cadre de cette instance, le patron de l'agence France Trésor en charge de la gestion de la dette de l'Etat, Antoine Deruennes, a voulu se montrer rassurant ce mardi 28 mai. « Nous bénéficions la France comme la plupart des pays européens d'une très bonne demande pour les obligations de long terme supérieures à 30 ans », a-t-il déclaré devant les parlementaires.

Avec la remontée des taux de la Banque centrale européenne (BCE), les inquiétudes sur la signature de la France et la capacité du pays à rembourser ses créanciers se sont amplifiées. Mais faute de concurrence, la dette de la France aiguise toujours les appétits des investisseurs étrangers. « Le fait qu'il y ait des investisseurs étrangers est une bonne nouvelle, car ce sont des épargnants qui ont confiance dans la France, dans sa signature et sa capacité à rembourser », a déclaré le haut fonctionnaire.

Grégoire Normand
Commentaires 25
à écrit le 29/05/2024 à 11:57
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@Tototiti. Lorsque que vous répondez à @Marc469 qu'il faudrait "simplement couper toutes les nouvelles augmentations de dépenses sociales par rapport à 2019", alors je m'interroge également à l'aune de la socialisation des pertes fiscales en rapport ...

à écrit le 29/05/2024 à 11:44
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🔥🤬 À la fin du processus parlementaire, le budget doit être validé tous les ans PAR RÉFÉRENDUM ‼️ Car c'est collectivement de NOTRE ARGENT qu'il s'agit ‼️

à écrit le 29/05/2024 à 10:57
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Puisqu'on parle d'économies, je propose que, lorsque le budget est adopté sous le régime du 49-3, les parlementaires et leur cohorte d'assistants et pseudo-assistants soient privés de rémunération et remboursements de frais jusqu'à la session suivant...

le 29/05/2024 à 14:36
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Moi je serais d'avis que tout gouvernement qui fait un 49.3 sur le budget perde leur salaires durant l'année pour lequel ils font le 49.3 car le budget est mal fait. Donc président 1er ministre et tout les ministre membre du gouvernement travaillerai...

à écrit le 29/05/2024 à 9:30
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Bien au contraire ! C'est le gouvernement qui nous menace et la motion de censure nous en libérera ! ;-)

à écrit le 29/05/2024 à 8:53
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Les kanaks, les européennes et çà en plus, beaucoup de soucis à moins de s'en ficher.

à écrit le 28/05/2024 à 21:18
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@Marc469. Si je ne me trompe pas trop, et selon Adam Smith, le capitalisme, et avec lui la loi du marché, permettait par son efficacité "la satisfaction du plus grand nombre". Smith considérait alors que l’égoïsme de chacun conduit par la satisfactio...

à écrit le 28/05/2024 à 18:47
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Première règle bloquer la dépense publique Deuxième règle supprimer toutes depenses non nécessaires au fonctionnement des missions régaliennes

le 28/05/2024 à 19:05
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Précisez les dépenses à supprimer sinon ce n'est YaKaFoKon !

le 28/05/2024 à 21:08
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@ Marc 469 : Simple couper toutes les nouvelles augmentations de dépenses sociales par rapport à 2019.

le 28/05/2024 à 21:42
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@marc469, c'est en effet là où ça coince car ceux répétant en boucle "la dette! la dette!" sont généralement de la génération s'étant indument enrichie sur l'argent des déficits depuis le milieu des années 70...

le 29/05/2024 à 11:35
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Histoire vraie Hollande président avait décidé de réduire la DGF dotation globale de fonctionnement aux collectivités locales qui de ce fait ont réduit leurs investissements .... aussitôt les professionnels du btp sont allés pleurer auprès des préfe...

le 29/05/2024 à 14:31
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@Idx : tant qu'il est question de Hollande, il avait aussi voulu rentre facultative je ne sais plus quelle démarche pour les TPE et il a du reculer quand le syndicat des commissaires aux comptes avait pratiqué le chantage à l'emploi et à la rupture d...

à écrit le 28/05/2024 à 18:15
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Le "quoi qu'il en coûte" des années confinement 2020-2021 n'était rien d'autre que de l'achat de voix. Aujourd'hui on paye le prix de cette gestion absurde

le 29/05/2024 à 10:20
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En parlant de confinement.On vient de nous sortir un nouveau variant de la Covid-19 ,le : FLIRT ,déjà présent aux États-Unis et qui émerge en Europe.

le 29/05/2024 à 11:18
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Pour FLIRT avec toi, je ferais n'importe quoi, pour un FLIRT , avec toi...

le 29/05/2024 à 16:00
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@Yakari Je serais prêt à tout Pour un simple rendez-vous Pour un flirt avec toi

à écrit le 28/05/2024 à 17:45
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Non seulement les gouvernements présentent des budgets " insincères " mais qui plus est Emmanuel Macron et Bruno LeMaire font le pari d' une croissance toute aussi improbable et dispersent l' argent public en aides sociales , subventions exceptionn...

le 28/05/2024 à 22:55
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Rien de nouveau déjà sous Chirac 1995-2007 c était le cas … gouvernement de gauche ou de droite depuis 1975 seuls 2 budgets ont été à peu prêt à l équilibre : 1978 Raymon Barre, 2000 Jospin lol les autres n ont fait qu emprunter pour payer leur clie...

le 28/05/2024 à 22:55
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Rien de nouveau déjà sous Chirac 1995-2007 c était le cas … gouvernement de gauche ou de droite depuis 1975 seuls 2 budgets ont été à peu prêt à l équilibre : 1978 Raymon Barre, 2000 Jospin lol les autres n ont fait qu emprunter pour payer leur clie...

à écrit le 28/05/2024 à 16:44
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QUAND je vois LE MAIRE faire des previsions de budget pour 2027 à moins de 3% et qu'il n'est pas capable de réaliser correctement celui de 2024 ?? ,,,,??????? ET HONTE à nos deputés qui ont permis cela ET METTENT la FRANCE DANS LA M ... !!!!

le 28/05/2024 à 22:07
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Le problème c'est que ceux qui prendront la relève ne valent pas mieux. Je n'ai pas vu un seul programme de gauche ou de l'extrême droite qui ne soit pas équivalent à une feuille de route de la CGT.

à écrit le 28/05/2024 à 16:32
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Il est bien temps! On est au milieu de l'année. On se demande a quoi sert ce Parlement qui ne vote le budget que sous la contrainte du 49-3 et refuse d'adopter depuis plusieurs années l'exécution du budget sans qu'il soit prévu une quelconque sanctio...

à écrit le 28/05/2024 à 16:18
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Que macron degage vive bardella Marine lepen Macron a defais la france, on en a mare des aides qui donne la france est perdu La france au francais

le 28/05/2024 à 19:07
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Faut être naïf pour croire que Bardella et Marine pourraient faire des miracles surtout avec le programme économique qu'ils proposent, proche de celui de Mélenchon !

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