Cette prostitution des mineures qu’on ne veut pas voir

ENQUÊTE - Combien sont-elles, contraintes de se vendre ? 15 000, 20 000 ? La prostitution des moins de 15 ans, boostée par les réseaux sociaux, touche toute la France.
La gare Saint-Charles, à Marseille, lieu de « recrutement » de jeunes filles fugueuses.
La gare Saint-Charles, à Marseille, lieu de « recrutement » de jeunes filles fugueuses. (Crédits : © LTD / CLÉMENT MAHOUDEAU/RIVA PRESS POUR LA TRIBUNE DIMANCHE)

Il fait gris, le ciel est poisseux, l'air vif. À Toulon, l'orage menace. Quelques gouttes tombent sur la ville. L'impression que ce jour de janvier recèle déjà une infinie tristesse. Nous retrouvons Sarah Benrah dans un bistrot, tout près de la place de la Liberté.

La jeune femme s'est investie dans le combat contre la prostitution des mineures depuis un an au sein de l'association Nos ados oubliés. Comme un sacerdoce. Sarah tend une feuille A4 sur laquelle on peut lire une longue liste de prénoms. Ceux de 150 jeunes filles, toutes de moins de 15 ans, déjà passées devant un juge pour enfants, que l'association prend ensuite en charge au sein de petites unités de « réparation ». Face à nous, Sarah égrène leurs pseudonymes, des prénoms qui ont marqué le début de leur calvaire. Le style du texte est télégraphique, mais les mots glacent le sang : « Leïla, 17 ans, Toulouse, a commencé la prostitution à 13 ans. Elle rencontre un homme de l'âge de son père qui l'héberge avec sa femme et la met dans les stups et la prostitution. » « Marina, 14 ans, parents séparés, fugues à répétition, récupérée par son oncle qui l'a exfiltrée d'un réseau de proxénètes qui l'ont rendue esclave à Rennes, Paris, Toulouse, Marseille, où elle a fini par échouer. » « Marah, 14 ans, Castres. A commencé dans la prostitution à l'âge de 14 ans, avec un homme de vingt ans son aîné. Elle subit aujourd'hui l'emprise de son "lover boy". Son "amoureux" la prostitue jour et nuit. » « Julia, 15 ans, un enfant. Elle sombre très vite dans la toxicomanie et la prostitution. Expulsée régulièrement de foyers, fugues à répétition, son bébé finit par être placé dans une famille d'accueil. »

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L'une d'entre elles - on l'appellera Mathilde - s'est confiée quelques minutes. Mais pas de rencontre. Juste le téléphone : « J'ai trop peur que mes proxénètes me "reprennent". » Des mots débités à une vitesse foudroyante pour exprimer ses regrets : « J'étais devenue une machine à baiser, un tiroir-caisse. J'ai changé dix fois de pseudo : Gueule d'ange, Fée Clochette, Barbie... Au début, j'étais toute seule. Puis une copine m'a rejointe dans mes délires. On avait 13 ans, on fuyait l'école, on fuguait, on dormait où on pouvait. Et un jour, ma copine m'a présenté un mec, un beau gosse. J'étais folle de lui. » Mathilde reprend son souffle, des sanglots dans la voix. « Quinze jours plus tard, il me piquait mes papiers, mon téléphone, mon argent. Je n'étais plus rien. Juste une petite pute parmi d'autres. Comme ces gamines de mon âge - même pas 15 ans - qui m'accompagnaient et qui n'étaient que des machines à cash pour leurs bourreaux. »

Aujourd'hui, Mathilde a repris ses cours au lycée. Elle s'est lancée dans le sport - l'équitation, le tennis, la boxe - à corps perdu. Et son petit ami, « un mec bien », veille sur elle.

Hélène David


Dans les locaux de l'association Agir contre la prostitution des enfants, à Paris, le 13 mars. Au centre, Hélène David, responsable de permanence. ( ©LTD/LEWIS JOLY POUR LA TRIBUNE DIMANCHE)

À l'origine de l'association Nos ados oubliés, il y a une autre femme, une combattante : Jennifer Pailhé, 35 ans, employée municipale à Toulouse. Elle a bataillé contre le monde entier pour retrouver sa fille, Aïssa, 14 ans, tombée sous la coupe d'un amoureux - Brice P. - à peine plus âgé qu'elle, qui l'obligeait à se prostituer.

Pour la récupérer, Jennifer a tout essayé

Celle-ci a passé quatre ans dans des hôtels miteux, des chambres Airbnb où elle était traitée comme une moins que rien. « On faisait 20 clients, à 50 euros, par jour, avoue Aïssa aujourd'hui. Parfois, certains partaient car il y avait trop d'attente, il fallait aller le plus vite possible pour être tranquille... » Pour la récupérer, Jennifer a tout essayé : placer une mini-balise dans les baskets de sa fille pour la géolocaliser ; passer des nuits entières à sillonner les rues des zones aéroportuaires pour la repérer dans des hôtels low cost. Elle s'est même fait passer pour un client, pour la retrouver sur des sites d'annonces comme Coco, site de tchat connu pour être la plaque tournante de pratiques illégales comme l'extorsion de fonds et la pédocriminalité, que son proxo utilisait pour « vendre » Aïssa. « Je tombais directement sur les échanges entre elle et les clientsraconte Jennifer. Je voyais les messages, les tarifs, les pratiques, je voyais même les photos de ces hommes dénudés... L'horreur ! » Jusqu'au jour où... « Je l'ai retrouvée dans un état catastrophiquepoursuit-elle. Elle sentait mauvais. Son corps était couvert d'hématomes. Elle souffrait de tuberculose latente et de gingivite nécrosée aiguë. Elle avait la gale. Alors, je l'ai serrée dans mes bras, j'ai pris soin de faire la paix avec elle. »

Le procès, l'ultime étape pour se réparer

Restait l'ultime étape pour se réparer : un procès. Il s'est déroulé à la cour criminelle de Pontoise en mars 2023. Brice P., l'ancien « lover boy », aujourd'hui âgé de 21 ans, a été condamné à douze ans de réclusion criminelle pour proxénétisme aggravé, violences, viols et séquestration. Une libération pour les deux femmes. Après le verdict, Aïssa a revu la lumière. Elle a eu un bébé - Kelvyn - né d'une passe avec un inconnu. L'enfant a été placé dans une famille d'accueil. Elle vit avec son compagnon dans une résidence sociale près de Toulouse. Elle téléphone à sa maman tous les jours ou presque. Jennifer, elle, poursuit son combat. Toutes les semaines, elle rencontre des politiciens, des médecins, des psys, des magistrats ou des policiers de la brigade des mineurs, afin d'aider à la mise en place de structures d'accueil pour réinsérer toutes ces gamines qui veulent rentrer au bercail.

Pourtant, Nina ne manquait de rien

Thierry Delcroix, chef d'entreprise dans le nord de la France, a aussi vécu le pire. Pourtant, Nina ne manquait de rien. Elle n'avait que 15 ans quand elle est tombée dans la prostitution après une descente aux enfers. D'abord le harcèlement, puis le viol, la drogue et la prostitution. C'est elle qui a appelé son père au secours. Ils ont écrit un livre à quatre mains, Papa, viens me chercher ! (Éditions de l'Observatoire, 2020). Un récit bouleversant dans lequel ils se racontent : « Pendant toute cette période, on est restés soudés avec mon épouse et mes deux fils, confie Thierry. Au retour de Nina, le foyer n'a pas éclaté. On a réintégré notre fille dans la cellule familiale. On a su faire front. Il n'y a pas eu un vrai travail de reconstruction. L'association Agir contre la prostitution des enfants [ACPE] et le livre ont été salutaires. » Cette épreuve a laissé des traces, les parents de Nina ont peur, peur qu'elle rechute. « On a une crainte, reprend le père. Elle n'a pas voulu suivre de thérapie. Le livre lui suffisait. Pour notre fille, c'est de l'histoire ancienne. Mais comment va-t-elle réagir en cas de coup dur ? Les traumatismes sont là, il y a des fêlures. Ce n'est pas la prostitution qui nous fait peur, on sait qu'elle n'y retournera pas. C'est la drogue qui nous inquiète. »

Pour Thierry, quelques années après avoir partagé son expérience, et malgré son investissement, c'est la douche froide : « Je n'ai pas l'impression que ça change. On avait beaucoup d'espoir. À l'époque, on a fait une conférence devant 300 personnes, uniquement des professionnels du monde socio-éducatif. Et puis plus rien... Il faudrait que ça aille plus vite, notamment dans le domaine scolaire. Mais c'est la lutte contre le harcèlement qui domine. La prostitution des mineurs reste taboue. Dans les établissements privés, c'est même carrément du déni. »

L'inertie des pouvoirs publics

Hélène David s'est battue toute sa vie contre toutes les formes d'addiction. D'abord au sein de l'association Charonne, où elle a tenté de « sauver » des gamins tombés dans l'alcool ou la drogue. Mais Hélène n'a jamais pu se résoudre à laisser partir ces mômes à la dérive. Aujourd'hui, elle a rejoint l'ACPE. C'est à Paris, à l'abri des regards, qu'elle reçoit des parents au bout du désespoir. Des hommes, des femmes qui ont tout tenté pour sauver leurs enfants. « Le combat n'est pas encore perdujure Hélène David, mais il faut se bouger. J'ai assisté au démarrage du trafic de cannabis. On n'a pas voulu le voir. Des décennies plus tard, les réseaux de drogue sont difficiles à démanteler et les "fours" [lieux de deal] difficiles voire impossibles à déloger. C'est la même chose pour le proxénétisme. Il y a dix ans, c'était impensable. Aujourd'hui, on ne peut plus fermer les yeux. La prostitution est partout ! » Car Internet a tout bouleversé : « Notre société doit s'interroger, ajoute Hélène David. Les réseaux sociaux permettent de se prostituer facilement. Même quand les gamins ne le cherchent pas, les proxénètes viennent les recruter. » Tout se vend et s'achète sur le Net, la prostitution est au bout des doigts.

Mais qui sont les nouveaux proxénètes ? Pourquoi ces macs 2.0, parfois mineurs, décident de prostituer des adolescentes ? Des questions qui hantent Hélène David : « Dans le proxénétisme comme chez les dealers, il y a plusieurs niveaux. Le petit qui surveille est en bas de l'échelle. Il appelle ça "faire le secrétariat". Mais la question est : pourquoi et comment en arrive-t-on à être proxénète ? Je suis allée voir des détenus en prison. À la fin, l'un d'eux s'est confié. Il avait une vingtaine d'années et m'avouait avoir usé une fille, alors qu'elle l'aimait, mais que ce n'était qu'une associée. Il se racontait une histoire, se disait qu'il avait une morale voire un code d'honneur. »

Pour Hélène David, le mal est profond et bouleverse toutes les notions d'égalité : « Beaucoup de gamins grandissent avec une vision de la femme qui date du Moyen Âge. Aujourd'hui encore, sur le Net et dans plusieurs cultures, on a tendance à expliquer que la prostitution est la faute des femmes et qu'elles aiment ça. Dans certains quartiers et dans les collèges, les filles sont même classées en deux catégories : il y a les "bonnes à marier" et les "BDH", ou "bandeuses d'hommes"! »

Asso Nos Ados Oubliés


Jennifer Pailhé (à droite), fondatrice de l'association Nos ados oubliés, et Eva, qui fut contrainte de se prostituer. (© LTD / RÉMI BENOIT POUR LA TRIBUNE DIMANCHE)

Dans une enquête de 2021 effectuée dans le Nord par l'observatoire départemental de
la protection de l'enfance sur les conduites prostitutionnelles de mineurs, 49,7% d'entre eux reconnaissent 
« des aspects positifs à la prostitution ». Un autre phénomène interroge : la notion de victime-auteur, comme nous l'explique Sophie Antoine, la juriste de l'ACPE : « Quand une fille veut arrêter, elle doit recruter une fille pour la remplacer. Dans ce cas, il y a deux procès, mais, dans les textes, il faut examiner la situation de la victime et de l'auteur pour évaluer les circonstances. » Pour Hélène David, sanctionner n'est pas la solution : « Dans la drogue, les consommateurs vont un peu dealer pour leur conso, pourtant il existe des modalités, un accompagnement. Pour les mineurs prostitués, il faut aussi des leviers, une obligation de soins. »

Loin de nos yeux, les tournantes ne font plus la une des journaux et des informations télévisées mais se pratiquent encore, comme nous le raconte Hélène David : « Elles existent toujours, mais plus personne n'en parle. Les jeunes qui y participent ne se considèrent pas comme des violeurs. Ils préfèrent raconter à leurs comparses que "l'autre", c'est une pute, que tout le monde peut passer dessus. C'est "la" coupable. Sa réputation va la détruire. Et eux ont la conscience tranquille. Autant que le proxénète qui dit protéger les filles. Il faudrait tout reprendre à zéro, notamment à l'école. »

Le ver est dans le fruit depuis longtemps. Quasi absente du combat contre la prostitution des mineurs, l'Éducation nationale se réfugie derrière l'inertie des pouvoirs publics et surtout des... politiques, quel que soit leur parti. Une mauvaise fable que Maud Olivier connaît hélas depuis trop longtemps. Cette ancienne députée PS de l'Essonne le martèle : « Il faut une éducation à la sexualité. La partie III de la loi sur la santé et la sexualité de 2016 n'est pas appliquée. Ça fait huit ans ! Il faut donner des moyens aux associations pour qu'elles interviennent dans les établissements scolaires. Il y a des collèges et des lycées où il y a un terreau favorable si on ne fait rien. »

L'« Uber shit » fait des ravages. Des trafiquants livrent au même moment de la drogue et une adolescente à leurs consommateurs

Aucun signe d'amélioration ne semble visible. Le rapport du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE) remis en janvier 2023 à Emmanuel Macron est accablant. Le bilan est sans appel : « Le sexisme ne recule pas en France. Au contraire, il perdure et ses manifestations les plus violentes s'aggravent. » Le HCE propose « un plan d'urgence global contre toutes les manifestations du sexisme et de ses causes », et en particulier « la régulation des contenus du secteur numérique » qui renforcent les stéréotypes. Maud Olivier rappelle que, à l'époque où elle siégeait au Palais-Bourbon, promulguer la loi contre le système prostitutionnel n'avait pas fait consensus, et ce même dans son propre parti. « J'ai subi diverses pressions, même dans notre camp, des politiques qui mettaient en avant la liberté d'Internet. J'ai déjà entendu de la part de certains d'entre eux que "ces filles [étaient] sûrement mieux sur le Net que sur un trottoir". Et puis, "elles le veulent bien !" ajoutaient-ils. » Maud Olivier s'emporte : « Il faut taper plus fort sur les clients. Il y a par exemple dix fois plus de policiers et de gen- darmes contre le trafic de drogue que contre la prostitution ! »

Agnès Rostoker


Au tribunal judiciaire de Marseille, le 14 mars, Agnès Rostoker, vice-procureure au parquet mineurs-famille, et Samah Meziani-Gimenez, juge pour enfants. (©LTD / CLÉMENT MAHOUDEAU/RIVA PRESS POUR LA TRIBUNE DIMANCHE)

À Marseille, deux magistrates se sont muées en lanceuses d'alerte. Agnès Rostoker, vice-procureure au parquet mineurs-famille, et Samah Meziani-Gimenez, juge pour enfants. Toutes les deux sont référentes prostitution au tribunal judiciaire de la ville. « De toute notre carrière de magistrates, nous n'avons jamais connu une telle explosion », révèlent-elles. Elles évoquent un engrenage qui donne le vertige. « Ce sont des enfantsmartèle Agnès Rostoker. Voir des gamines qui ont 14 ans, qui parfois en font 12, poster des photos d'elles dénudées pour aguicher des hommes qui savent pertinemment qu'elles sont mineures, c'est terrible, parce qu'elles vont droit vers tous les risques possibles : la séquestration, voire le meurtre. En plus, et il s'agit d'un phénomène tout nouveau, elles prennent des ballons de protoxyde d'azote pour "s'euphoriser" à haute dose, en risquant la paralysie... »

« Un phénomène terrifiant »

Bien que ces jeunes filles prétendent être « free-lance » - c'est leur expression -, il y a toujours quelqu'un derrière elles. Elles peuvent en effet s'accoler à un réseau de prostitution pour « la sécu », la création de faux profils sur les réseaux sociaux, l'obtention d'un téléphone et d'une carte de crédit prépayée, puis la location de voitures et de chambres Airbnb. En échange, elles versent une partie de leur argent aux proxénètes. « Comme si elles s'assuraient les services d'intérimairessouligne Samah Meziani- Gimenez. On remarque aussi une forte porosité avec les réseaux de stupéfiants dans les dossiers que je traite. Mon hypothèse, c'est que ces derniers détiennent la logistique, mais aussi un gros carnet d'adresses, des clients qu'ils dirigent vers les mineures prostituées. » Avec une foudroyante conséquence : ces trafiquants livrent au même moment de la drogue et une adolescente à leurs consommateurs. Un « Uber shit » qui fait des ravages à Marseille et dans toute la France.

Depuis la fin du confinement, Agnès Rostoker et Samah Meziani-Gimenez ne cessent de recevoir des dossiers de plus en plus sordides : « Il s'agit de jeunes prostituées qui deviennent proxénètes à leur tour. Elles nous font comprendre qu'il faut monter dans la hiérarchie, que le proxénétisme, c'est l'ascenseur social ! "Avant, j'étais une ouvrière. Aujourd'hui, c'est moi la patronne, et j'aurai ma 'petite', mes 'petites' !" De victimes, elles deviennent bourreaux. »

Si les pratiques changent, le langage qui les accompagne aussi. Confirmation de Samah Meziani-Gimenez : « La terminologie du passé n'est plus celle d'aujourd'hui. Pour les jeunes filles de 2024, une prostituée, c'est quelqu'un qui fait le trottoir. Elles, dans leur jargon, elles... travaillent ! À Toulouse, elle "kébabent", selon l'expression locale. Sous-entendu : elles ne sont qu'un morceau de viande. » L'absence de contrôle, l'inertie des pouvoirs publics font que le pire peut dès lors se produire.

Notamment dans les foyers d'accueil de l'Aide sociale à l'enfance (ASE), comme ceux de Marseille gérés par le conseil départemental, récemment épinglés par un rapport au vitriol de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas). « J'ai vu un phénomène terrifiant dans un dossier concernant l'un d'euxraconte Agnès Rostoker. Une ancienne prostituée, toujours mineure, qui organisait des viols en série de gamines vierges, pour les souiller et les contraindre à vendre leur corps à leur tour, au sein même du foyer ! » Un scandale qu'Éric Mangin, vice-président du tribunal judiciaire chargé des enfants, voisin de palier de Samah Meziani-Gimenez, a récemment dénoncé dans un reportage de l'émission Sept à huit sur TF1. Il ne regrette rien, nous dit-il en nous recevant dans son bureau : « Je me suis mis à dos tous les élus du conseil départemental. Mais il est anormal que les dépenses d'aide sociale à l'enfance par habitant de moins de 20 ans s'élèvent en 2019 à 480 euros, contre 632 euros dans le Nord et 737 euros en Seine-Saint-Denis. »

La juge Samah Meziani-Gimenez poursuit : « Nous sommes dans un processus où les gamines basculent dans le proxénétisme parce qu'on va chercher les profils les plus vulnérables dans les foyers pour essayer de les recruter ! » « À Marseille, dans ces structures de l'ASEassure Agnès Rostoker, le phénomène de recrutement de prostituées par des rabatteuses, toutes mineures, est devenu majoritaire. » Des solutions ? « C'est compliquérépond la juge. Ces jeunes filles bougent tout le temps. C'est un problème structurel : dans ce pays, on manque d'éducateurs, de médecins, de psychiatres, d'infirmières, de juges, de greffiers pour défendre ces gamines et les prendre en charge. Les institutions sociales et sanitaires, en dépit de la bonne volonté des uns et des autres, ne sont plus adaptées aux problématiques des jeunes filles d'aujourd'hui. » « Une chose est certaineconclut Agnès Rostoker, nous en sommes au même niveau qu'au tout début de la lutte engagée contre les violences faites aux femmes, il y a environ dix ans. Nous avons un train de retard, mais nous sommes sur la bonne voie... »

Commentaires 2
à écrit le 25/03/2024 à 0:04
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"Thierry Delcroix, chef d'entreprise dans le nord de la France, a aussi vecu le pire." "Pourtant, Nina ne manquait de rien." Sauf d'un véritable père confident et protecteur de son foyer plutôt que d'un porte-feuille. "Ils ont ecrit un liv...

à écrit le 24/03/2024 à 19:26
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La prostitution, les drogues et autres trafics, les femmes battues et harcelées, les quartiers islamisés, et les migrations non absorbées, tout est en partie lié, mais il ne faut pas le dire. Les vases communicants. Le rase gratis chronique fait qu...

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