Emmanuel Macron va-t-il réussir à atteindre son objectif de plein emploi d'ici à 2027 ? Rien n'est moins sûr. L'économie française a marqué le pas ces derniers mois. Frappée de plein fouet par la hausse des taux, la consommation des ménages, traditionnel moteur de l'activité tricolore, a flanché. La Banque de France table désormais sur une croissance poussive du PIB de 0,1% au dernier trimestre 2023. Après une croissance négative au troisième trimestre, l'activité a évité de justesse la récession technique. Et l'Insee pourrait revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour 2023 jeudi prochain comme l'a déjà fait l'OCDE. Le chômage a déjà commencé à remonter et les perspectives ne sont guère réjouissantes. Le revers subi par l'exécutif à l'Assemblée nationale sur le projet de loi sur l'immigration risque d'affaiblir les projets de réformes d'Emmanuel Macron. Ce mardi, le gouvernement a opté pour une commission mixte paritaire (CMP) mais il peut rester englué dans une paralysie à rallonge.
Dans ce contexte économique et politique morose, le gouvernement veut tout faire pour relancer l'emploi. Lors de son déplacement ce lundi 11 décembre à Toulouse pour souffler les deux premières bougies du plan France 2030, le président de la République a répété ses trois priorités dans les années à venir: « la souveraineté industrielle, le plein emploi, la décarbonation ». Si la réforme de la rupture conventionnelle ou la réduction de la durée d'indemnisation chômage des plus de 55 ans ont déjà été évoquées, les réflexions s'accélèrent à Bercy pour tenter de relancer l'emploi par exemple par un nouveau choc d'offre. Après la transformation du CICE en baisse pérenne de cotisation et les baisses d'impôt sur les entreprises (IS et production), des redéploiements dans les allégements de charges pourraient permettre d'avoir un impact rapide et à coût nul sur l'emploi peu qualifié.
Renforcement des contrôles
Au premier janvier prochain, la loi « plein emploi » va entrer officiellement en vigueur. Le texte vise à réformer le réseau d'agences Pôle emploi en France Travail : objectif : ramener les personnes les plus éloignées de l'emploi sur le marché du travail. La mesure la plus controversée concerne les bénéficiaires du RSA qui vont désormais devoir effectuer 15 à 20 heures d'activité par semaine.
Pour freiner la remontée de la courbe du chômage, Bercy planche, selon nos informations, sur des mesures à effets rapides, car les mesures structurelles mettront du temps à avoir un impact. L'idée est de ne pas seulement agir sur les plus éloignés de l'emploi mais aussi ceux qui sont proches de l'emploi en renforçant les contrôles sur les obligations des demandeurs d'emploi. Pour rappel, les demandeurs d'emploi sont considérés comme des chômeurs de longue durée au-delà de 12 mois d'inscription à Pôle emploi. Un tour de vis sur les chômeurs de courte durée pourrait concerner 2,9 millions d'inscrits selon les derniers chiffres de la Dares.
Parmi les autres pistes à l'étude figurent les exonérations de cotisations pour les salaires supérieurs à 2,5 SMIC. Déjà dans le viseur de Matignon depuis plusieurs semaines, l'efficacité de ces exonérations est de plus en plus contestée, par les économistes et certains membres de la majorité parlementaire. Cette somme pourrait servir à relancer le pouvoir d'achat des bas salaires ou à baisser le coût du travail.
L'objectif de plein emploi s'éloigne
Le coup de frein de l'économie de l'activité a provoqué une remontée du taux de chômage au troisième trimestre passant de 7,2% à 7,4% de la population active. Cette hausse, certes légère, met fin à plusieurs années de baisses consécutives de baisse du chômage. Et la France est loin d'être seule sur le continent européen. Dans plusieurs Etats, l'emploi a montré des signes d'essoufflement. Le maintien d'une politique monétaire restrictive pendant le premier semestre 2024 pourrait avoir des répercussions délétères sur les chiffres du chômage sur le vieux continent.
Ce jeudi, la Banque centrale européenne (BCE) devrait faire des annonces sur l'orientation de sa politique monétaire en 2024. Les marchés et les investisseurs tablent sur une baisse des taux au printemps. Au ministère des Finances, on reste prudent et on table sur une stabilisation des taux en raison de la persistance d'une inflation sous-jacente élevée. Une mauvaise nouvelle pour faire repartir la machine de l'emploi.