Choose France : édition record avec plus de 15 milliards d’euros d’investissements

Emmanuel Macron réunit lundi au sommet « Choose France » environ 180 patrons étrangers qui profiteront de la vitrine du château de Versailles pour annoncer construire ou agrandir des usines, ou d'autres investissements en France pour plus de 15 milliards d'euros au total, un montant « record ».
Emmanuel Macron est attendi ce lundi à l'usine McCain de Matougues, dans la Marne.
Emmanuel Macron est attendi ce lundi à l'usine McCain de Matougues, dans la Marne. (Crédits : Reuters)

[Article publié le lundi 13 mai 2024 à 07h04 et mis à jour à 14h04] A peine débuté, le sommet Choose France voit déjà les annonces tomber les unes après les autres. Au total, les quelque 180 patrons étrangers réunis ce lundi au château de Versailles devraient investir plus de 15 milliards d'euros dans 56 projets. Un record depuis le lancement de ce rendez-vous il y a sept ans destiné à promouvoir les investissements étrangers dans l'Hexagone.

En tête d'affiche figure l'annonce dimanche par Microsoft de 4 milliards d'euros d'investissements pour un nouveau centre de données dans l'est de la France et l'agrandissement d'autres en région parisienne et près de Marseille, pour répondre à la demande croissante d'intelligence artificielle et de services informatiques en cloud. « Il s'agit de l'investissement le plus important que nous ayons jamais réalisé » en France, a déclaré son président Brad Smith à l'AFP.

D'autres entreprises ont déjà dévoilé des projets. FertigHy envisage pour 1,3 milliard d'euros de construire nouvelle usine d'engrais bas carbone dans la Somme, Amazon s'apprête à débloquer 1,2 milliard d'euros pour développer ses infrastructures cloud en région parisienne et son infrastructure logistique en Auvergne-Rhône-Alpes (1,2 milliard) et le Canadien McCain va investir 350 millions d'euros pour moderniser et agrandir des lignes de production de frites et pommes de terre de dans le Pas-de-Calais et dans la Marne, où se rendra Emmanuel Macron ce lundi matin. Citons, aussi, les 300 millions d'euros annoncés par l'entreprise suisse KL1 pour lancer en 2027 une entreprise de raffinage de nickel près de Bordeaux et les 400 millions de la société allemande Lilium pour fabriquer son « avion régional électrique » en Nouvelle Aquitaine.

Attal salue « l'attractivité retrouvée » de la France

Parmi les patrons réunis à Versailles figurent ceux des banques JPMorgan, Goldman Sachs ou Bank of America, des laboratoires Novartis et AstraZeneca ou des fonds souverains saoudien ou qatari

Ce lundi, avant de se rendre dans la ville royale, le Premier ministre Gabriel Attal a salué, au siège parisien de la banque américaine Morgan Stanley « l'attractivité retrouvée » de la France, avant de vanter l'agenda « pro-européen » de Paris. Aux côtés de Ted Pick, le PDG de la banque américaine qui a étendu ses activités en France, le chef du gouvernement a pointé « plusieurs symboles » : celui de « la confiance dans l'Union européenne, la confiance dans notre pays (et celui de) l'attractivité, l'attractivité retrouvée depuis 2017 par notre pays ». « Paris est vraiment devenu un centre gagnant de l'Europe », a de son côté affirmé Ted Pick.

« La réalité, c'est que nous récoltons les fruits du Brexit », soit la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, a fait valoir Gabriel Attal, en rappelant avoir baissé en sept ans de 30 milliards d'euros les impôts des entreprises et engagé une simplification des normes. La France « c'est ce pays où il fait bon entreprendre, bon investir, bon créer », a-t-il vanté.

L'exécutif promeut une France en bonne santé économique

A un mois des élections européennes et à 15 jours de l'évaluation de sa note de crédit par S&P, l'exécutif promeut ainsi une France en bonne santé économique et redevenue attractive pour les multinationales. L'Elysée en veut pour preuve le dernier baromètre EY, qui a sacré la France championne d'Europe de l'attractivité pour la cinquième année de suite, avec près de 1.200 annonces d'investissements étrangers en 2023.

« C'est à ça que sert la stabilité de notre politique économique », s'est félicité le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, sur France 2, citant les baisses d'impôts pour les entreprises :

« Etre attractif pour les investissements, avoir de l'activité sur tous les territoires, nous rapprocher du plein emploi et tenir cet objectif stratégique pour la nation française, redevenir une grande nation de production ».

Autre motif d'espoir pour la présidence, les 0,2% de croissance économique au premier trimestre, mieux que prévu. Une bonne séquence qui a suivi le maintien de la note de la France par les agences Fitch et Moody's.

Lire aussiDes investissements « record » attendus au sommet Choose France 2024

 « La plupart des projets annoncés lors du sommet sont des projets qui auraient vu le jour avec ou sans le sommet », estime Sylvain Bersinger, chef économiste au cabinet Asterès. « Le cœur de l'attractivité française ne réside pas là-dedans », dit-il à l'AFP, citant plutôt le système éducatif, le cadre « juridique, fiscal, l'environnement d'innovation, le marché local (...) ».

D'autres experts mettent en avant le réseau autoroutier performant au cœur de l'Europe ou encore un taux de chômage suffisamment haut pour pouvoir recruter.

L'impact sur l'emploi fait débat

Depuis la première édition de Choose France en 2018, plus de 31 milliards d'euros d'investissements pour 122 projets ont été annoncés, selon l'Elysée.

« Il y a un travail énorme » pour inverser 30 ans de désindustrialisation en France, a admis le ministre de l'Industrie Roland Lescure sur Franceinfo ce lundi.

« A Dunkerque on a détruit 10.000 emplois depuis 15 ans, et on va en créer 20.000 dans les 10 ans qui viennent ». « Au rythme d'ouverture d'usines sur lequel on est, d'ici une dizaine d'années, on aura inversé les 15 ans qui viennent de s'écouler », a-t-il insisté.

Cependant, l'impact sur l'emploi de cette moisson d'investissements, au-delà des annonces faites chaque année à Versailles, reste toutefois débattu. Le baromètre EY « nous informe que les projets d'investissements étrangers en France sont associés à 39.773 créations d'emploi » en 2023, a constaté l'économiste Lucas Chancel dans une tribune dans Le Monde. Soit moins qu'au Royaume-Uni (52.211) ou en Espagne (42.450).

Ces emplois, qui représentent 0,13% de la population active, « aideront les territoires qui en bénéficieront, mais force est de constater que le chiffre demeure bien faible par rapport à l'importance que certains voudraient lui prêter », poursuit le codirecteur du Laboratoire sur les inégalités mondiales à l'Ecole d'économie de Paris.

Les annonces de projets à Choose France, ce qu'on sait déjà

Les annonces du sommet Choose France lundi touchent aux domaines-phares de l'intelligence artificielle et du quantique, de la décarbonation, mais aussi de la santé, de la finance et de l'alimentation.

Voici ce qu'on savait déjà des projets lundi matin, avant leur présentation officielle par l'Elysée.

  • IA: Microsoft et Amazon en pointe

Les deux géants américains Microsoft et Amazon vont apporter à eux deux cette année un tiers des investissements en valeur: Microsoft annonce des projets pour 4 milliards d'euros, avec un nouveau centre de données dans l'est de la France et l'agrandissement d'autres en région parisienne et près de Marseille, afin de répondre à la demande croissante d'intelligence artificielle et de services informatiques en cloud.

Amazon doit pour sa part investir 1,2 milliard d'euros avec plus de 3.000 emplois à la clef, à la fois pour renforcer son réseau logistique, mais aussi pour développer son infrastructure cloud et soutenir le développement des capacités françaises en matière d'intelligence artificielle et d'informatique en réseau, via sa branche Amazon Web Services (AWS).

Un troisième groupe américain, IBM, devrait annoncer 45 millions d'euros d'investissements dans l'informatique quantique et une cinquantaine d'embauches d'ici 2025 sur son site de Paris-Saclay.

  • Décarbonation: engrais, nickel, avion électrique...

 Le consortium européen FertigHy veut investir 1,3 milliard d'euros à Languevoisin (Somme) dans une usine d'engrais qui réduirait fortement les rejets de dioxyde de carbone.

La start-up suisse KL1 compte implanter une usine de raffinage de nickel à Blanquefort (Gironde), pour 300 millions d'euros, représentant 200 emplois.

Le groupe chimique belge Solvay consacrera 100 millions d'euros à reconvertir son usine de La Rochelle pour lancer la première phase d'une unité de production à grande échelle de terres rares, indispensables aux moteurs des voitures électriques.

L'allemand Lilium investira 400 millions d'euros, sur un site à déterminer en Nouvelle-Aquitaine, pour une usine de production d'un avion régional électrique et de reconditionnement des batteries de cet avion. 850 emplois seraient créés.

Le spécialiste allemand des équipements électriques Hager, déjà implanté à Obernai et Bischwiller (Bas-Rhin), va investir pour sa part plusieurs dizaines de millions d'euros en France.

  • Santé, les labos persistent en France

De nombreux laboratoires étrangers comptent étendre leur investissement en France: l'américain Pfizer va consacrer 500 millions d'euros à développer des médicaments et à mener de nouveaux essais cliniques, le britannique AstraZeneca quelque 360 millions d'euros pour moderniser et agrandir ses usines et l'autre britannique, GSK, 140 millions d'euros à son site d'Evreux (Eure).

Le suisse Novartis investira pour sa part 28 millions d'euros dans la médecine nucléaire, avec 25 emplois à la clef.

  • Finance: nouveaux acteurs

 La banque américaine Morgan Stanley, passée en trois ans de 150 à 400 salariés en France, accueillera son nouveau campus européen à Paris, créant 100 emplois supplémentaires.

Le ministre des Finances Bruno Le Maire s'est félicité aussi de l'arrivée à Paris de nouveaux acteurs bancaires comme la First Abu Dhabi Bank, principale banque émiratie, et la Zenith Bank, banque nigériane devenue l'une des principales banques panafricaines.

  • Alimentation: frites et Thermomix

Le géant canadien des frites surgelées McCain, qui accueille lundi le président Macron dans son usine de la Marne, va investir plus de 350 millions d'euros pour moderniser et augmenter la capacité de ses trois sites français, dans le Pas-de-Calais et la Marne, créant 20 à 30 postes supplémentaires.

Vorwerk, le fabricant allemand du robot ménager haut de gamme Thermomix, investira 72 millions d'euros près de Chateaudun (Eure-et-Loir), où elle a déjà une usine.

Commentaires 19
à écrit le 18/05/2024 à 9:35
Signaler
15 milliards d'investissement, ok, COMBIEN DE SUBVENTIONS?

à écrit le 14/05/2024 à 9:33
Signaler
en tres clair choose c'est encore de illusion le paraitre mais ces vide de chez vide et comme c'est repris par des medias complice depuis la 1ere heure a la macronie qui n'est que le fruit d'une haute trahison des idees sociales

à écrit le 13/05/2024 à 20:10
Signaler
Bonjour le baratin, pour ne pas dire la propagande; On voit des millions d'euros, voir des milliards, avec peu d'emplois; Ainsi , "La start-up suisse KL1 compte implanter une usine de raffinage de nickel à Blanquefort (Gironde), pour 300 millions d...

à écrit le 13/05/2024 à 15:24
Signaler
C'est plutôt positif mais dans tous les pays il y a du bon et du moins bon et il ne suffit pas d'additionner toutes les bonnes nouvelles en ignorant les mauvaises pour améliorer les choses. Nous sommes attractifs pour certains et répulsifs pour d'aut...

à écrit le 13/05/2024 à 10:58
Signaler
Ce qui prouve que la France n'est rien sans l'argent des autres. La france est tellement attractive que les investisseurs français placent leurs intérêts majoritairement à l'étranger. Les français sont par exemple les premiers investisseurs aux USA. ...

le 13/05/2024 à 12:43
Signaler
Tous les pays cherchent des investissements étrangers.

à écrit le 13/05/2024 à 9:51
Signaler
C’est bien, mais à lui-seul le groupe BEI (financements de l’Union européenne) finance 12 Mds de projets par an en France (2023) !!!! Et cela, sans compter la PAC et les Fonds structurels européens…..et certains souhaitent un Frexit, comme le Brexit ...

le 13/05/2024 à 11:43
Signaler
Si vous voulez contrôler quelqu'un ou une entité contrôlez ce qui le nourrir et en l'occurrence ses finances . Bercy , l'Europe et la BCE même combat appauvrir et faire de grand geste et de grande com pour faire voir leur générosité . on vous perfu...

le 13/05/2024 à 15:39
Signaler
"L'argent qui vient de l'UE" dont vous parlez, n'est en réalité que de l'argent versé au budget de l'UE par... les contribuables français et qui revient en partie en seulement. J'explique: la France est le second CONTRIBUTEUR NET au budget de l'UE et...

à écrit le 13/05/2024 à 9:51
Signaler
l'idée est sympa mais choisir la France pour quoi faire ? le secteur primaire est dévasté et n'est pas compétitif face au pays de l'est, de la chine , de l'Australie et de l'Afrique . le secteur secondaire n'existe presque plus , on n'a plus d'ind...

à écrit le 13/05/2024 à 9:39
Signaler
OUI MAIS avec des subventions non financées et une pression fiscale tres avantageuse qui financera la difference ? dans 5 ans resteront ils ?

à écrit le 13/05/2024 à 9:34
Signaler
Ce pourrait être l'inverse, un désengagement des investisseurs étrangers. Sur le plan strictement economico/financier c'est dans la continuité du capitalisme. C'est pas top, mais...quoi d'autre? Les solutions du FN/RN de Jordan Bardella ? 🤣🤣🤣

le 13/05/2024 à 9:51
Signaler
Pour info, avant la crise de 2008, les investissements étrangers était à hauteur de 50 milliards...

à écrit le 13/05/2024 à 9:17
Signaler
Euuuh! Il reste des choses encore à vendre en France, qu'ils en profitent pour vendre aussi nos forges à autorités comme Sciences popo et l'ena... et certains bâtiments du type la Lanterne...

à écrit le 13/05/2024 à 9:13
Signaler
Au regard des 190 milliards de subventions accordées au secteur privé via les fonds publics, la propagande de l'Élysée continue de prendre le bon peuple pour des billes!

à écrit le 13/05/2024 à 8:33
Signaler
Lorsque j’entends des cris de joie à l’annonce des investissements étrangers en France dans le cadre de l’opération « Choose France » je me demande à quel prix ces investissements sont obtenus c’est-à-dire si les « avantages » dont vont bénéficier ce...

le 13/05/2024 à 8:44
Signaler
les avantages accorder au nouveau ne serve qu'a detruire les anciennes entreprise les accord fiscaux en cause ceux qui ne peuvent investir serons penalise tout cela pour ne pas reformer la fiscalite les illusionistes sont toujours en activite et ...

le 13/05/2024 à 9:36
Signaler
J allais écrire la même chose combien d’aides et de subventions pour inciter les entreprises étrangères à investir en France et concurrencer de manière déloyale celles qui y sont déjà là ? De plus 15 milliards d investissement ce n’est que à peine 2...

à écrit le 13/05/2024 à 7:54
Signaler
Heu... et toujours personne pour surveiller ce qu'ils font réellement du fric ? Parce que ça pourrait être 150 milliards sans qu'on en voit la couleur également hein. Ces annonces sont aliénantes, on comprend de moins en moins sa communication à notr...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.