Colère des agriculteurs : Darmanin convoque une réunion de crise pour éviter tout blocage à Paris

Le chef du gouvernement Gabriel Attal envisage des mesures supplémentaires pour protéger les agriculteurs français contre la concurrence déloyale d'autres pays qui ne sont pas soumis aux mêmes contraintes règlementaires. De son côté, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin prépare un « dispositif défensif important » afin d'éviter un siège de la capitale, une menace brandie par certains syndicats d'agriculteurs.
(Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

Article mis à jour à 16h47 avec les réactions du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et du président de la FNSEA Arnaud Rousseau

En visite ce dimanche sur une exploitation agricole de Parçay-Meslay, en Indre-et-Loire, le Premier ministre Gabriel Attal a déclaré qu'il envisageait des mesures « supplémentaires », aux niveaux national et européen, pour protéger les agriculteurs contre la concurrence déloyale d'autres pays qui ne sont pas soumis aux mêmes contraintes règlementaires.

« Je veux qu'on clarifie les choses et qu'on voie les mesures que l'on peut prendre, supplémentaires, sur ces histoires de concurrence déloyale », a-t-il déclaré alors que la colère des agriculteurs ne semble pas dégonfler malgré les annonces faites vendredi soir, comme l'annulation de la hausse du gazole non-routier (GNR) et un « choc de simplification » administrative.

Lire aussiColère des agriculteurs : Gabriel Attal annule la hausse de la fiscalité sur le gazole non routier (GNR)

« Ce n'est pas normal que vous soyez empêchés d'utiliser certains produits », alors que « des pays voisins, Italie ou autres » peuvent y avoir recours, a dit le chef du gouvernement, cherchant à répondre à l'une des revendications des agriculteurs.

« Avancer sur les jachères »

Engagé dans une discussion à bâtons rompus avec plusieurs agriculteurs, Gabriel Attal n'a pas donné plus de précisions sur les mesures qui pourraient être prises. Ces contraintes règlementaires environnementales touchent principalement à des produits phytosanitaires que les agriculteurs français ne peuvent plus utiliser.

« Développer notre agriculture, ça veut dire produire et retrouver notre souveraineté alimentaire. Il faut arrêter d'importer des produits qu'on pourrait faire chez nous », a assuré Gabriel Attal.

Il a ajouté que des progrès étaient possibles sur d'autres sujets de mécontentement des agriculteurs. « Je suis convaincu que dans les prochains jours, dans les prochaines semaines, on va montrer qu'on est capable d'avancer encore sur les jachères. Evidemment qu'il faut bouger là-dessus », a-t-il dit.

Les agriculteurs français contestent le Pacte vert européen qui prévoit une « trajectoire de décroissance de l'ordre de 15% » de la production agricole, ainsi que le refus de Bruxelles de prolonger en 2024 la dérogation permettant de mettre en culture les terres en jachère (environ 4% des terres arables). Gabriel Attal a par ailleurs évoqué la publication prochaine d'un rapport sur la retraite des agriculteurs.

Au cours de son échange, le Premier ministre a été mis en garde par la présidente de la FDSEA d'Indre-et-Loire, Frédérique Alexandre.

« Quelle agriculture française vous voulez ? Moi je ne comprends pas. A force de pas comprendre on en est là, on est dans le dur ", lui a-t-elle lancé. « Sachez que si vous n'étiez pas venu, le département, je pense, aurait été à feu et à sang ce matin », a-t-elle ajouté.

« Siège de la capitale »

Certains syndicats d'agriculteurs, non satisfaits des premières mesures dévoilées vendredi, promettent un « siège de la capitale » à partir de lundi.

« Dès lundi 29 janvier à 14h les agriculteurs des départements de l'Aisne, l'Aube, l'Eure, l'Eure & Loir, l'Île-de-France, la Marne, le Nord, l'Oise, le Pas-de-Calais, la Seine & Marne, la Seine-Maritime et la Somme, membres du réseau FNSEA et Jeunes Agriculteurs du Grand Bassin Parisien entament un siège de la capitale pour une durée indéterminée », ont écrit dans un communiqué les agriculteurs de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA) du bassin parisien, précisant que « tous les axes lourds menant à la capitale seront occupés par les agriculteurs ».

« Nous voulons assécher Paris », a même précisé sur France Info, un cadre des Jeunes agriculteurs. Désormais en pointe de la contestation agricole, la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, a, quant à elle, annoncé que ses troupes prendront la route lundi pour aller bloquer le marché de Rungis près de Paris.

Bloquer Paris ne servira pas les « intérêts des agriculteurs », a rétorqué dimanche le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau.

« C'est un acte qui, à la fin, vient pénaliser principalement les Parisiens. Bloquer l'ensemble de l'Ile-de-France, je suis pas sûr que ça va rendre service aux intérêts des agriculteurs », a-t-il dit à l'antenne de BFMTV.

Gérald Darmanin organisera une réunion de crise à 18h

Pour éviter un siège de la capitale, Gérald Darmanin a demandé aux responsables des forces de l'ordre de mettre en place « un dispositif défensif important afin d'empêcher tout blocage » par les agriculteurs du marché de Rungis, des aéroports franciliens et « d'interdire toute entrée dans Paris ». Le ministre de l'Intérieur a ainsi réuni place Beauvau les directeurs généraux de la police et de la gendarmerie, Frédéric Veaux et Christian Rodriguez, ainsi que le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a-t-on précisé dans l'entourage de M. Darmanin.

Dans le prolongement de cet échange, le ministre tiendra à 18h00 une réunion interministérielle de crise à laquelle participera le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau. Dès le début de soirée, des forces de l'ordre seront déployées aux abords de Rungis.

Par ailleurs, le ministre a renouvelé sa demande de « modération » de la part des forces de l'ordre à l'encontre des agriculteurs. « La posture reste la même : les forces de l'ordre doivent agir avec grande modération », a-t-on expliqué place Beauvau. Les forces de l'ordre, a-t-on ajouté, « n'interviennent qu'en dernier recours et dans le seul cas où l'intégrité des personnes serait menacée ou les bâtiments/biens publics ou privés exposés à de graves dégradations » (par exemple des actions visant des camions étrangers).

Lire aussi« Le Premier ministre n'a obtenu la levée définitive que d'un seul barrage » (Arnaud Rousseau, président de la FNSEA)

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a, quant à lui, appelé ce dimanche, depuis un barrage installé sur l'A16 près de Beauvais (Oise), les agriculteurs au « calme et à la détermination » avant une « semaine de tous les dangers », prévenant que leur mobilisation restait « totale ». Il a aussi exhorté le gouvernement à « aller beaucoup plus loin » pour satisfaire les demandes de la profession.

(Avec AFP)

Commentaires 26
à écrit le 29/01/2024 à 21:31
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"Le ministre de l'Intérieur a ainsi réuni place Beauvau les directeurs généraux de la police et de la gendarmerie, Frédéric Veaux " Il a choisi le gars en fonction de son nom ,si cela peut calmer les éleveurs on, ne jamais.

à écrit le 29/01/2024 à 17:10
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Comme les agriculteurs sont tous bloqués à 45km de Paris et apparemment,ils ne vont pas bouger de la , ceux qui sont dérangé le plus en fin compte c'est la grande couronne. A Paris et la petite couronne cela ne pose pas de problème de déplacement.

à écrit le 29/01/2024 à 7:31
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Une bonne idée de bloquer Paris, faire changer un tant soit peu leurs habitudes aux répliquants ne pourra que leur faire du bien. Hé ho les gars vous êtes vivants ! Si si...

à écrit le 28/01/2024 à 23:17
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Curieuse coïncidence cette convergence des luttes agricoles en Europe à l'approche des élections européennes POUR l'utilisation massive de pesticides y compris par le libre échange avec l'Amérique latine (aka Mercosur) tandis que les amendes améri...

à écrit le 28/01/2024 à 22:24
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Ce chaos est la conséquence de l'inaction gouvernementale de toute la semaine dernière. A force de se dire que les agriculteurs rentreraient chez eux après une semaine et qu'on pouvait ne pas s'en soucier, le brasier a été allumé. C'est fou comme de...

à écrit le 28/01/2024 à 21:49
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Parmi les revendications des rentiers millionnaires de l'agrobusiness l'allègement de l'impôt succession afin de renforcer la solidarité négative du lobby agricole avec le reste de la France et l'autorisation de pesticides afin d'empoisonner le ma...

à écrit le 28/01/2024 à 20:27
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Vu l’inflation qu’on s’est pris sur fond de salaires stagnants, ça va craquer de tous les cotés. Darmanin panique parce qu’avant les JO, la police va se retrouver avec un nombre d’heure supp monstrueuse alors qu’ils sont déjà en grève pour ça, ça pro...

à écrit le 28/01/2024 à 20:26
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Vu l’inflation qu’on s’est pris sur fond de salaires stagnants, ça va craquer de tous les cotés. Darmanin panique parce qu’avant les JO, la police va se retrouver avec un nombre d’heure supp monstrueuse alors qu’ils sont déjà en grève pour ça, ça pro...

à écrit le 28/01/2024 à 19:33
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C’est à Bruxelles et à Strasbourg que les agriculteurs doivent aller. Le pouvoir est là bas et non en France.

le 28/01/2024 à 21:53
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Jusqu'à preuve du contraire les gratte-papiers de Bruxelles n'ont jamais réussi à imposer à la France le respect du traité de Masstricht. La France toujours eu le dernier mot dans le souk européen car c'est un membre fondateur largement contribu...

à écrit le 28/01/2024 à 18:32
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Mais comment pourrait il en être autrement ? La destruction de la France est programmée depuis la mort de de Gaulle. Le seul rempart que nous avions . Être aussi mauvais depuis autant d'années ne relève pas de l'incompétence, statistiquement ce n'est...

à écrit le 28/01/2024 à 18:28
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et voila darmanin dans la md.... si les gars sont decides sa va pas etre facile sauf a faire du grabuge ce que les cultots ne veulent pas mais si ont les c hauffes sa risque de tres mal se passer avec des degas des 2 cotes allez donc retenir 100 ...

à écrit le 28/01/2024 à 17:50
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[...pour protéger les agriculteurs contre la concurrence déloyale d'autres pays qui ne sont pas soumis aux mêmes contraintes règlementaires...] D'autres pays de l'UEM en Europe?!🤣 Concurrence "déloyale" envers un pays? La France, par son économie pol...

à écrit le 28/01/2024 à 16:47
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Dans ce bras de fer le ministre de l'agriculture montre s'il en était besoin que son poste n'est pas du à sa compétence mais à l'équilibre très politique d'avoir au moins un ministre issu du Modem pour faire plaisir à le tout aussi inutile M.Bayrou. ...

à écrit le 28/01/2024 à 16:43
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l'UE doit défendre SES intérêts aussi, il serait temps de se poser la question du libre échange que la commission veut nous faire avaler. Les européens doivent être biens dans leurs frontières et ouvrir notre marché aux 4 vents est une folie que nous...

à écrit le 28/01/2024 à 16:37
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...."contre la concurrence déloyale d'autres pays".....??? L'economie francaise, entierement subventionne par l'etat, et une dette de plus de 3200 milliards euros, parle de concurrence deloyale? Cherchez les menteurs, ou plutot les tricheurs.

à écrit le 28/01/2024 à 16:33
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Il vivait où? Toujours mensonger inepte et pathétique. Toute les contraintes qui ont été imposés aux agriculteurs français ont été prises en pleine conscience qu'ils seraient exposés à la concurrence d'autres pays qui ne sont pas soumis aux mêmes co...

à écrit le 28/01/2024 à 16:18
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Ben le diesel trop cher dans ce cas pk les agriculteurs roulent au diesel.et pas au gaz naturel?

à écrit le 28/01/2024 à 16:02
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Le sur-endettement, puis la concurrence déloyale n'a d'autres finalité que d'accélérer la transition d'une agriculture artisanale vers le modèle industriel. La surcharge réglementaire et administratives donne le coup de grâce. J'avais lu un article m...

le 28/01/2024 à 19:55
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@PAFO - C'est ce que je dis à longueur de commentaire, tout ceci bien orchestré par....la FNSEA. Quand les agriculteurs comprendront que la FNSEA ne travaille QUE pour a minorité la plus aisée? Principalement les céréaliers et oléagineux.

à écrit le 28/01/2024 à 14:46
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C'est à se demander s'il habitait un monde virtuel organisé par leurs donneurs d'ordre, ou s'il suivait l'actualité de la vie quotidienne des français ?

à écrit le 28/01/2024 à 13:22
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Que lles agriculteurs rendent public leur patrimoine au même titre que le demandent les Conseillés Généraux aux personnes âgées demandant à bénéficier d'aides sociales pour rester à domicile ou en Epads. .

à écrit le 28/01/2024 à 13:09
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S'il avait des trippes il démissionnerait. S'enfoncer tjrs plus dans des concéssions ridicules est contreproductif. Il faut faire une politique astucieuse de l'absence de gouvernement et d'interlocuteurs. Tant qu'il n'y aura pas de gouvernement en ...

à écrit le 28/01/2024 à 13:07
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Bonjour, s'est tellement simple, ils suffit de demander, l'autre comiques donne... A vraiment, ce président et ses gouvernement sont vraiment des maroilles.... Nous n'avons pas finie le quoi qui en coûte... Et la dette du pays est en train d'exposé...

le 28/01/2024 à 14:25
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Juste histoire d'être constructif, que proposez-vous de concret ? Ca râle, ça râle, mais vous proposez quoi aux agriculteurs pour les sortir de cette situation ? Un chèque en blanc, comme d'habitude ?

le 28/01/2024 à 19:58
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@Rogger - Il n'est pas interdit de réfléchir individuellement plutôt que rapporter les propos de comptoir du bistrot d'à côté. Pour cela il y a aussi LCI - Bfm - C News et...Jordan Bardella.

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