Comment la majorité présidentielle veut torpiller la proposition d'abrogation de la retraite à 64 ans du groupe Liot

Le camp présidentiel a échafaudé un plan pour contrer la proposition de loi du groupe Liot qui vise à annuler la réforme des retraites. Les députés de la majorité espère faire retirer l'article d'abrogation des 64 ans en commission, où le rapport de force leur est plus favorable que dans l'hémicycle.
« Je prendrai mes responsabilités », a dit mardi Yaël Braun-Pivet, membre de Renaissance, après avoir été critiquée dans son propre camp pour ne pas avoir fait barrage plus tôt.
« Je prendrai mes responsabilités », a dit mardi Yaël Braun-Pivet, membre de Renaissance, après avoir été critiquée dans son propre camp pour ne pas avoir fait barrage plus tôt. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

L'examen par les quelque 70 députés de la commission des Affaires sociales ce mercredi du texte qui vise à abroger la réforme des retraites porté par le groupe indépendant Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer, Territoires), avant son arrivée le 8 juin dans l'hémicycle, promet son lot de polémiques.

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D'un côté, les parlementaires de la majorité présidentielle qui vont tout faire pour que le texte ne puisse pas être présenté au vote. De l'autre, des oppositions qui dénoncent une obstruction. « Nous ferons bloc » pour contrer cette proposition de loi, a promis la cheffe de file des députés macronistes du groupe Renaissance, Aurore Bergé. Avec ses alliés Horizons et Modem, elle a qualifié « d'atteinte grave » aux institutions la décision du président de la Commission des Finances, Eric Coquerel (La France insoumise), de déclarer la proposition de loi de Liot « recevable ».

Une abrogation qui n'est pas financée

Selon l'exécutif, abroger la réforme des retraites coûterait plus de 15 milliards d'euros. Or, l'article 40 de la Constitution dispose qu'une proposition de loi ne doit pas créer de charge publique. Eric Coquerel a invoqué quant à lui « les droits des oppositions » et une « pratique communément admise » de ne pas faire barrage à ce titre à des textes parlementaires.

Si le camp présidentiel parvient à supprimer l'article d'abrogation des 64 ans, le groupe Liot se verrait contraint de réintroduire sa mesure par un amendement avant le 8 juin. Un scénario qui autoriserait la présidente de l'Assemblée à brandir elle-même le couperet de la recevabilité financière, et d'empêcher ainsi un vote dans l'hémicycle. « Je prendrai mes responsabilités », a dit mardi Yaël Braun-Pivet, membre de Renaissance, après avoir été critiquée dans son propre camp pour ne pas avoir fait barrage plus tôt. Mardi, la Première ministre Elisabeth Borne a, de son côté, une nouvelle fois attaqué les oppositions, les accusant de mentir aux Français « en portant, avec la plus grande démagogie, un texte dont chacun sait ici, pertinemment, qu'il serait censuré par le Conseil constitutionnel ».

Les Républicains courtisés par les deux camps

Pour que ce coup de billard à plusieurs bandes aboutisse, la majorité compte sur la promesse des dirigeants Les Républicains de lui prêter main forte. « Je pense que la majorité des députés LR n'ont pas envie de participer à cette facétie qu'est cette proposition de loi », a déclaré le chef de file du groupe de droite, Olivier Marleix, tandis que la gauche et Liot espèrent que certains LR leur prêteront main forte.

« Nous ne laisserons pas l'exécutif museler la représentation nationale », ont prévenu les quatre groupes de la coalition de gauche Nupes, promettant d'utiliser « tous les moyens possibles » pour riposter au camp présidentiel. Ils organisent un rassemblement près du Palais Bourbon à 13H00. Pour la cheffe de file des députés écologistes, Cyrielle Chatelain, « les soutiens du gouvernement ont deux options : soit faire de l'obstruction soit perdre ». « Je leur dis « ayez le courage de perdre et d'affronter le vote de l'Assemblée nationale ».

Le groupe RN de Marine Le Pen a prévu pour sa part de soutenir le texte d'abrogation « face aux tentatives de sabordage de la macronie ». Bertrand Pancher, chef de file de Liot, en a appelé mardi à Emmanuel Macron, dans un courrier où il dénonce les « manœuvres » du camp présidentiel. « Nous vous demandons, en responsabilité, de laisser les députés voter et de respecter le fait démocratique », écrit-il au chef de l'Etat.

Les syndicats retrouvent la flamme

Malgré les faibles chances qu'a l'initiative du groupe Llot d'aboutir sur le plan législatif, elle maintient la flamme des opposants à la réforme, avant une nouvelle journée de mobilisation le 6 juin. Les syndicats ont invité mardi les salariés à y participer massivement, dénonçant une nouvelle fois la volonté de l'exécutif d'empêcher un vote sur le sujet au Parlement.

« Nous ne tournerons pas la page : ensemble, unis et déterminés pour gagner le retrait de la réforme et pour le progrès social, construisons partout les grèves et les manifestations le 6 juin », écrit l'intersyndicale regroupant huit syndicats et cinq organisations de jeunesse, dans un communiqué lu au cours d'une conférence de presse au siège de la CFDT à Paris. « Si encore une fois, le gouvernement s'obstinait à passer en force, en utilisant des artifices constitutionnels, la colère n'en serait que renforcée », mettent-ils en garde. « Une fois pour toutes, nous le redisons solennellement : comment pourrait-on empêcher la participation de la représentation nationale sur un sujet aussi important, qui vole deux années de vie ? », a déclaré à la presse Thomas Vacheron, secrétaire confédéral CGT. Également membre de la direction de la CGT, Sébastien Menesplier n'a pas exclu une 15e journée de mobilisation, si le vote sur la proposition de loi Liot était empêché le 8 juin.

Commentaires 33
à écrit le 01/06/2023 à 10:39
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Pendant que le pouvoir en place est embourbé dans cette histoire, il ne risque pas de nous faire d'autres bêtises au nom de l'Europe ! ;-)

à écrit le 31/05/2023 à 19:59
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Bonjour, déjà ils n'y a pas de majorité présidentielle .. juste un groupe plus important que les autres... Obligé de faire des alliances pour pouvoir avoir une majorité relative.... D'ailleurs la droite , qui a pactisé avec le gouvernement, vas le ...

à écrit le 31/05/2023 à 19:53
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curieux quand meme tout cela un type comme juppe prenait sa retraite a 57 ans bel exemple faite comme je dis pas comme je fais

à écrit le 31/05/2023 à 17:36
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Pas de doute, on est toujours entrain de nous faire de la pédagogie à la sauce McKinsey et l'on ne comprend toujours pas ! ;-)

à écrit le 31/05/2023 à 16:40
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Quel niveau. Il est difficile pour les députés de la majorité d'avoir du crédit avec Mme Berge contente d'être à ce niveau mais inaudible au niveau national. Son poste au niveau de l'assemblee devrait avoir un écho national mais non. Renaissance entr...

à écrit le 31/05/2023 à 14:43
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Avez-vous écouté sur France Inter mardi 07 février entre 08 et 09h cette intervention qui évoquait l'ineptie de la suppression (démagogie électorale de Macron) de la taxe d'habitation (-20 milliards d'euros de recettes pour L’État et les communes) al...

à écrit le 31/05/2023 à 10:49
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Pourquoi ne pas voter l'abrogation simultanément avec une baisse des retraites pérenne capable de compenser intégralement le cout de l'abrogation? Sinon l'abrogation sans compensation est en effet un vol aux générations futures. Et dire qu'on y pense...

le 31/05/2023 à 13:27
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A l'âge de depart que vous voudrez, le simple maintien des pensions actuelles est déjà en soi un vol...

le 31/05/2023 à 14:18
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@o Oui, la retraite par répartition est une fraude intergénérationnelle. Il s'agit dans mes propos juste de minimiser la fraude mais la majorité des français veut la maximiser.

le 31/05/2023 à 14:19
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@o Oui, la retraite par répartition est une fraude intergénérationnelle. Il s'agit dans mes propos juste de minimiser la fraude mais la majorité des français veut la maximiser et la prolonger le plus longtemps possible.

à écrit le 31/05/2023 à 10:44
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Citoyen blase, tu es fait. Rends toi, sinon le dossier te concernant (le 51, pas le pastis) sera livre a la vindict populaire.

le 31/05/2023 à 11:09
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Aucune chance mais je comprends, un seul repère en moins chez les personnes âgées et tout part en live... :-)

à écrit le 31/05/2023 à 9:45
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C'est vrai que de tenir compte de l'avis des français et des parlementaires , c'est incongru. Macron comme Sarkozy en 2005 , se moque pas mal de la démocratie. Notre 5 ème république est bien malade , nous devons revoir rapidement nos institutions.

à écrit le 31/05/2023 à 9:32
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Les combats d'arrière garde sont perdus d'avance. Ils laissent toujours un goût amer pour ceux qui les mènent les distrayant au passage d'autres problèmes. Quant à l'opinion publique, réaliste, elle a déjà tourné la page et s'agace de cette petaud...

le 31/05/2023 à 11:55
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Il ne vous aura pas échappé qu'en l'occurrence les règles (le règlement intérieur de l'AN) sont en contradiction avec la Constitution. D'aucuns ont d'ailleurs souligné qu'avec la même constitution, le texte instaurant le drapeau européen comme co-nat...

le 31/05/2023 à 14:56
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@reponse de contradiction L'empilement des textes est inevitable et c'est mal pour un bien. Rien n'est pire que ce qui est gravé dans le marbre, cela conduit toujours à des dérives. Que la Constitution vive est une garantie de justice, de démocrati...

à écrit le 31/05/2023 à 9:19
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On aurait évité tout ce cinema, digne de Cannes finalement, si l’on forçait nos institutions à équilibrer nos budgets sociaux d’une année à l’autre: un déficit? Mise en place immédiate de mesures correctives (comprenez baisse des retraites sur ce suj...

le 31/05/2023 à 11:33
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C'est en gros ce que Macron prévoyait dans sa première réforme qui a été votée à l'Assemblée Nationale et qu'il a abandonnée ensuite, on ne sait pas trop pourquoi...

le 31/05/2023 à 14:00
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Je suis d'accord et c'est même incroyable que le parlemement puisse voter des lois qui ne respectent pas ce principe

à écrit le 31/05/2023 à 8:53
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"en france le pouvoir est plus proche de la dictature" ben voyons, c'est l'argument de ceux qui n'ont plus rien à dire ! Avant de raconter des âneries allez vivre en Corée du Nord ou dans un autre pays dirigé par un dictateur.

le 31/05/2023 à 9:25
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hé oui. ! aujourd'hui 20% des dominants décident pour les 80% des dominés ! pas rassurant pour les élections à venir

le 31/05/2023 à 10:40
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La France depuis micron le destructeur est devenue une democrature, rien de moins.

le 31/05/2023 à 12:14
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Bah, si il n'y avait que la Corée du Nord.... Mais on ne peut dire que Macron lui-même soit un parangon de démocratie. Sa théorie du "ni droite, ni gauche" laisse à ses marges les trois quarts des français. Ça ne pourra pas durer. Çà a marché une foi...

le 31/05/2023 à 16:02
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C'est démocratique ça ? : Pour tenter d’allumer des contre-feux médiatiques, le service communication du président a organisé une rencontre entre Emmanuel Macron et dix éditorialistes de la presse parisienne en janvier . « Une rencontre en toute ...

à écrit le 31/05/2023 à 8:26
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En ne sanctionnant pas le gouvernement , Mr Ciotti s'est définitivement mis hors jeu pour les prochaines législatives, car le retour à 62 ans sera l'enjeu des prochaines élections présidentielles et législatives .

le 31/05/2023 à 15:47
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L'enjeu sera de refinancer la dette alors que notre crédibilité est au minimum. Tout le reste ne deviendra que très secondaire. Pour les retraites seuls les menteurs peuvent promettre autre chose que des nouveaux allongements de la durée de cotisatio...

à écrit le 31/05/2023 à 8:01
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Mais qu'est-ce qu'ils sont agressifs en ce moment nos serviteurs des marchés financiers !

le 31/05/2023 à 8:16
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ces gens de la macronie refuse la democratie compare a l'espagne ou un vote a une partiel contre dit le gouvernement celui ci ce remet en cause en france le pouvoir est plus proche de la dictature ou contre dire m macron est une insulte et pourtand...

le 31/05/2023 à 8:38
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Le début du commencement de la fin du néolibéralisme ? Je n'ose l'espérer... "La violence est le dernier refuge de l'incompétence. L'éducation à la non-violence passe par la non-violence de l'éducation. Ce que tu gagneras par la violence, une violenc...

le 31/05/2023 à 8:56
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Pour l'instant, en matière de violence, je vois plutôt vos amis de la NUPES.. Accuser de neo libéralisme un pays perclus d'impôts et où la redistribution sociale est une des plus élevées du monde semble assez surréaliste. Ca ressemble au festival de ...

le 31/05/2023 à 9:10
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"Pour l'instant, en matière de violence, je vois plutôt vos amis de la NUPES" Et tu viens sous mon commentaire raconter tes salades habituelles sans rire ? Tu sais que les médias de masse qui gueulent ça H24 ont une puissance de feu sans commune mesu...

le 31/05/2023 à 9:27
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Ça ressemble à du “citoyen blasé “. Rassurez vous, j ai d autres canaux d expression. Le “petit forum du petit journal “ appréciera …

le 31/05/2023 à 10:38
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"Ça ressemble à du “citoyen blasé “." Tu peux arrêter au moins de confirmer sans cesse ce que j'écris, au moins... ? Promis je n'ai pas besoin de toi va te trouver une utilité ailleurs stp Merci. "Le “petit forum du petit journal “ appréciera …" Ben ...

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