Comment rebondir après la faillite ?

Chaque année, 60.000 entreprises déposent le bilan. Pour de multiples raisons : erreurs techniques, retournement du marché, prises de risques inconsidérées... Quels enseignements faut-il en tirer ?
Fabien Piliu
Pour éviter le pire en cas de faillite et préparer le rebond, plusieurs précautions doivent être prises.

Depuis 2002, les gouvernements qui se succèdent ont fait du soutien à l'entrepreneuriat une priorité. Symbole parmi les symboles de l'action des pouvoirs publics, le lancement en 2009 du statut de l'auto-entrepreneur. La création de la French Tech, la priorité accordée par Bpifrance au développement des start-up participent à cet élan. En revanche, peu de mesures ont été prises par l'exécutif pour aider des chefs d'entreprises qui ont échoué.

Pourtant, ils sont nombreux. Bon an mal an, depuis la crise de 2008 qui a déclenché une vague inédite par son ampleur de faillites, 60.000 entreprises défaillent chaque année. C'est beaucoup. C'est trop. Certes, environ 240.000 entreprises nouvelles voient dans le même temps le jour. Néanmoins, le rapport est peu flatteur.

Ne pas jeter l'opprobre

Organisée ce jeudi par l'Association des journalistes qui suivent les petites et moyennes entreprises (AJPME), une table-ronde a fait le point sur cette problématique. Elles sont nombreuses. Il faut commencer par aider les entrepreneurs à se reconstruire, à accepter les événements récents. " Il ne faut pas jeter l'opprobre sur les entrepreneurs qui se sont trompés. Ce sont des gens qui ont créé, embauché, innové, exporté. Ils ont une expérience, un savoir-faire qu'il ne faut pas jeter à bas. Ce serait un gâchis énorme ", explique Philippe Rambaud, un ancien chef d'entreprise qui, après avoir déposé le bilan de son cabinet de conseil en marketing, a notamment décidé de venir en aide aux entrepreneurs en difficulté.

Et de poursuivre. " A la différence de ce qui existe aux Etats-Unis, l'enseignement sur l'échec et le rebond n'est pas enseigné en France. C'est regrettable. Des méthodes, des discours existent pourtant pour repartir de l'avant ", .

"Après la faillite, le chef d'entreprise se sent seul. Le téléphone ne sonne plus. Le sentiment d'abandon est très fort. Il faut le soutenir et lui faire comprendre que cet événement n'est pas seulement de sa faute. Certes, il a une responsabilité. Des erreurs techniques auraient pu être évitées, certains choix auraient pu être différents. Mais il ne faut pas s'accabler. Un travail sur soi est nécessaire pour dissocier le chef d'entreprise de l'homme, ou de la femme. Des erreurs de gestion ne font pas d'une personne quelqu'un de mauvais. C'est important qu'il en prenne conscience", poursuit-il.

Des précautions à prendre

Peut-on prévenir les risques ? L'entrepreneuriat est par nature risqué... Mais des précautions peuvent être prises pour éviter le pire. Philippe Rambaud en recommande deux. Le chef d'entreprise doit absolument prendre une assurance chômage. Compte tenu du rapport défaillances/ créations, la probabilité de faire faillite est assez élevée. Donc, il faut sauter l'obstacle psychologique et se couvrir. "Si un chef d'entreprise n'a pas les moyens financiers de s'offrir cette couverture, il doit s'interroger sur la viabilité du modèle économique de son activité", estime Philippe Rambaud. Le coût de cette assurance oscille aux alentours de 100 euros par mois.

Seconde priorité, ne pas accepter d'être caution personnelle, en dépit des pressions des partenaires bancaires. " Les règles prudentielles qui encadrent l'activité des banques les rendent frileuses, trop frileuses face à la prise de risque des entrepreneurs. Ce n'est pas une raison pour fragiliser sa situation financière personnelle ", insiste Philippe Rambaud qui dénonce par ailleurs les effets dévastateurs de la cotation 040 de la Banque de France.

Les effets de la cotation 040 de la Banque de France

Cette cotation personnelle du dirigeant n'existe plus depuis la parution d'un décret publié le 2 septembre 2013. Mais, pour les dirigeants qui ont fait faillite avant cette date, les contraintes de cette cotation existent toujours. Citons l'impossibilité d'ouvrir un compte en banque  et donc d'obtenir un prêt, de disposer d'un chéquier, une carte bleue.  "Relancer une activité est donc quasiment une mission impossible ", constate Laurent Buob, chef d'entreprise accompagné par l'association "60.000 rebonds".

Que propose-t-elle pour favoriser le rebond ? La mise à disposition d'un coach personnel pour faire un point sur les événements passés et aider le chef d'entreprise à se reconstruire, un parrainage d'un chef d'entreprise, d'un manager, bref de quelqu'un qui peut aider dans la construction d'un nouveau projet et, enfin, un pilotage collectif de ce projet par plusieurs parrains.

Fabien Piliu
Commentaires 3
à écrit le 24/11/2016 à 16:51
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Oui les entreprises peuvent parfois deposer le bilan et licencier du personnel si la situation commerciale ne va pas pour elles, mais l'avantage ce que celà n'est pas totalement inéluctable , que le depôt de bilan veut parfois dire aussi rebondir ver...

à écrit le 24/11/2016 à 16:38
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Votre article sur les causes de faillite des entreprises petites ou moyennes, c'est souvent la coupure des "vivres" par la ou les BANQUES de l'entreprise. Pire les banquiers français ne sont que des prêteurs sur gages et se fichent pas mal du projet ...

à écrit le 24/11/2016 à 16:19
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"Les règles prudentielles qui encadrent l'activité des banques les rendent frileuses, trop frileuses face à la prise de risque des entrepreneurs. Ce n'est pas une raison pour fragiliser sa situation financière personnelle " Ben tiens... Et po...

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