La croissance française sera plus importante que prévu en 2022 (Insee)

L'Insee a révisé de 0,3 point sa prévision de croissance du PIB pour 2022 à 2,6% contre 2,3% auparavant après un printemps plus favorable que prévu (+0,5% contre 0,25% au T2). En revanche, l'économie française pourrait brutalement marquer le pas au troisième (0,2%) et quatrième trimestre (0%). Quant à l'inflation, elle pourrait s'établir à 5,3% contre 5,5% auparavant.
Grégoire Normand
L'inflation continue de grignoter le pouvoir d'achat des Français.
L'inflation continue de grignoter le pouvoir d'achat des Français. (Crédits : Reuters)

L'économie française est toujours en zone de turbulences. Après un été caniculaire marqué par des records de chaleur sur tout le territoire et une sécheresse dévastatrice, la crise énergétique en Europe pourrait provoquer une onde de choc sur l'activité en France à l'approche de l'hiver. Pour autant, en dépit de ces mauvais signaux, l'Insee a révisé à la hausse ses prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB) pour l'année 2022 de 0,3 point à 2,6% contre 2,3% en juin dernier dans son dernier point de conjoncture dévoilé ce mercredi 7 septembre. Cette révision s'explique par « de meilleurs résultats que prévu au second trimestre (0,5% au lieu de 0,25%) », déclaré le chef du département de la conjoncture, Julien Pouget lors d'un point presse. La levée des mesures sanitaires au printemps a provoqué un rebond de l'activité dans l'hébergement et la restauration, ou encore le tourisme. Mais cette embellie pourrait rapidement s'effacer.

La crise énergétique menace l'économie tricolore

S'agissant des deux derniers trimestres de 2022, l'activité pourrait nettement ralentir. En effet l'institut de statistiques anticipe seulement 0,2% de croissance du PIB pour le T3 et 0% pour le T4. Autant dire que la fin de l'année risque d'être très morose sur le plan économique. « La période reste marquée par une conjonction de chocs exogènes. La crise sanitaire est toujours là même si elle touche moins les économies occidentales. La guerre en Ukraine fait craindre une crise énergétique. Enfin, la crise climatique a pesé sur la production agricole, la navigabilité du Rhin, la première artère fluviale et commerciale d'Europe », a résumé le statisticien.

Six mois après le début de la guerre en Ukraine, le scénario noir d'une coupure totale du gaz russe en Europe se précise. Dernièrement, le géant russe Gazprom a annoncé qu'il avait coupé ses livraisons à Engie. Même si la France est moins dépendante du gaz russe que l'Allemagne par exemple, cette coupure risque d'asphyxier une bonne partie de l'industrie tricolore dépendante des énergies fossiles. Dans son scénario central, l'Insee n'a pas évoqué le phénomène de récession mais de plus en plus d'économistes évoquent cette possibilité quelques mois de l'hiver.

En outre, le resserrement monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) risque d'affecter l'activité tricolore. Après avoir mené une politique monétaire accommodante, l'institution de Francfort s'apprête ce jeudi 8 septembre a annoncé une nouvelle hausse de taux pour les mois à venir. Ce qui mettrait un coup de frein à l'économie européenne.

De graves tensions sur l'offre

Les différentes enquêtes menées par l'institut de statistiques indiquent que les tensions sur l'offre ont atteint des sommets ces derniers mois. En juillet dernier, la moitié des entreprises industrielles interrogées et le tiers des sociétés dans les services ont exprimé des difficultés. « Les tensions d'offre sont passées durablement au dessus les difficultés de demande [Les carnets de commande, NDLR] dans l'industrie et les services. Ces difficultés peuvent concerner l'approvisionnement, le personnel », a indiqué Julien Pouget. Ces obstacles ont des répercussions sur les prix de production dans la plupart des secteurs de l'économie hexagonale. « Les prix à la production ont augmenté de 35% pour l'agriculture, 20% pour l'industrie et 7% dans les services sur les deux dernières année », souligne le conjoncturiste.

Un pouvoir d'achat en berne

Du côté des ménages, la situation n'est guère plus favorable. Après avoir brutalement chuté au premier semestre, le pouvoir d'achat augmenterait légèrement sur la fin de l'année. Au global, le pouvoir d'achat par unité de consommation reculerait de 0,5% en 2022 malgré les aides mises en œuvre. Il faut rappeler que la plupart des salaires en France, à l'exception du SMIC, ne sont pas indexés sur l'inflation. Ce qui signifie que les salaires réels, c'est à dire en prenant en compte l'inflation, ne cessent de dégringoler depuis le début de l'année.

Par ailleurs, certaines des mesures mises en œuvre dans le « paquet pouvoir d'achat » voté par le parlement en plein cœur de l'été ne sont pas non plus indexées sur l'indice des prix à la consommation (revalorisation du point d'indice des fonctionnaires de 3,5%, revalorisation des retraites de 4%). En parallèle, les hausses de salaires prévues dans les entreprises pourraient ne pas compenser la flambée des prix. Résultat, les ménages ont commencé à se serrer la ceinture. Au second trimestre, le taux d'épargne a commencé à diminuer après les deux longues années de pandémie. Durant cette période, la mise sous cloche de l'économie avait entraîné un surplus d'épargne dans certaines catégories de la population qui avaient l'habitude de consommer dans les restaurants, les hôtels ou encore pendant les vacances. Au bas de la distribution, les ménages avaient épargne de maigres économies mais l'inflation a déjà grignoté ces bas de laine.

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Une inflation légèrement révisée à la baisse

En 2022, l'inflation pourrait atteindre 5,3% en moyenne annuelle contre 1,6% en 2021. Là encore, l'Insee a révisé favorablement ses prévisions par rapport à son point de conjoncture de juin. A l'époque, l'organisme public tablait sur une hausse des prix de 5,5%. Cette révision à la baisse s'explique en partie par le renforcement de la remise à la pompe de 30 centimes d'euros prévue pour septembre et octobre.

En revanche, l'inflation pourrait continuer de grimper à partir de novembre avec l'extinction de cette aide et l'enlisement du conflit en Ukraine. La perspective d'une détente géopolitique cet automne semble s'éloigner. La Russie et l'Europe sont engagés dans un bras de fer amené à durer sur le front énergétique. Cette confrontation risque d'alimenter l'inflation énergétique, principal moteur de l'envolée des prix sur le Vieux continent.

Bien que le gouvernement presse les entreprises de mettre en œuvre des plans de sobriété, les réserves de gaz en cours seraient très loin d'être suffisantes si l'hiver se prolongeait. A cette crise du gaz s'ajoute celle de l'électricité en France. Les nombreuses failles et problèmes de corrosion sur le parc nucléaire français ne vont pas, non plus, se résoudre en quelques semaines.

Grégoire Normand
Commentaires 6
à écrit le 08/09/2022 à 10:13
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... " La guerre en Ukraine fait craindre une crise énergétique "... Qu'il est réconfortant de savoir que ce sont nos impôts qui paient ce genre diafoirus..

à écrit le 08/09/2022 à 10:00
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On rentre dans une zone de turbulences, avec 2 ou 3 certitudes: on a besoin de rééquilibrer notre balance commerciale, on a besoin d’énergie et l’euro avec une Allemagne en panne ne sera pas un facteur de blocage du rééquilibrage en cours. La France ...

à écrit le 08/09/2022 à 2:47
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La Tribune invente l'année de cinq trimestres pour faire monter le PIB. La pensée magique à son paroxysme !

à écrit le 07/09/2022 à 21:51
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Faudrait savoir !!!! un article aujourd'hui nous dit que le taux de croissance pour 2022 a été revu à la baisse et vous à la hausse !!!! On se sait plus à quel saint se vouer... Et vu l'inflation galopante, la flambée des énergies, ça m'étonnera...

à écrit le 07/09/2022 à 17:34
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Les prévision de L'INSEE à 34 mois de la fin de l'année 😂 Par contre 2023 ça ne sera pas là même musique ,seule les taux d'inflation et du chômage vont progresser 🤭 surtout avec le gaz et l'électricité dont les prix ne risquent pas de baisser malgré...

à écrit le 07/09/2022 à 16:14
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plus dure sera la chute

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