Pas de récession en 2023 mais un « net ralentissement » de l'économie française, selon la Banque de France

Selon le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, une récession ne devrait pas intervenir en France en 2022, mais « pour 2023, rien ne peut être exclu dans la période de grandes incertitudes que nous vivons, mais nous nous attendons pour la France à un net ralentissement plutôt qu'à une récession ». Un scénario d'autant plus probable que la Banque centrale européenne (BCE) envisage de relever ses taux de 75 points de base en septembre face à une inflation qui frôle les deux chiffres. De son côté, la Première ministre prévoit que la France atteindra le pic de l'inflation « au cours de l'année 2023 ».
Selon le gouverneur de la banque de France, François Villeroy de Galhau, la croissance française devrait être « légèrement positive » au troisième trimestre.
Selon le gouverneur de la banque de France, François Villeroy de Galhau, la croissance française devrait être « légèrement positive » au troisième trimestre. (Crédits : Reuters)

Le gouverneur de la Banque de France n'est pas très optimiste quant aux perspectives économiques l'année prochaine. A la question de savoir si une récession était envisageable en Europe en 2023, François Villeroy De Galhau a estimé : « Pas sur 2022, très clairement. Pour 2023, rien ne peut être exclu dans la période de grandes incertitudes que nous vivons, mais nous nous attendons pour la France à un net ralentissement plutôt qu'à une récession », dans une interview au quotidien local Ouest France. Selon lui, la croissance française devrait être « légèrement positive » au troisième trimestre, et serait d'au moins 2,3%, ce qui correspond à la prévision de la Banque de France publiée en juin. La croissance du produit intérieur brut (PIB) français est d'ailleurs repartie au second trimestre à 0,5% a confirmé l'Insee mercredi, après avoir flanché, au premier trimestre, à - 0,2%.

Une récession pourrait venir d'un resserrement monétaire plus strict de la part de la Banque centrale européenne. Cette dernière a déjà resserré ses taux en juillet de 50 points de base et l'incertitude demeure sur la teneur du prochain relèvement en septembre. Il devrait être décidé lors de la prochaine réunion de l'institution monétaire le 8 septembre.

50 ou 75 points de base

Plusieurs gouverneurs de la BCE défendent la possibilité d'un relèvement des taux à 75 points de base, à commencer par Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE. Les perspectives d'inflation dans la zone euro (les 19 pays qui ont adopté la monnaie unique) continuent de s'assombrir. La hausse des prix y a atteint 9,1%, en août selon une première estimation publiée mercredi par Eurostat. Preuve pour Isabel Schnabel que les banques centrales doivent agir avec « détermination » pour combattre l'inflation. Face à « la voie de la prudence », la responsable monétaire a défendu « celle de la détermination » qui consiste à « réagir avec plus de force à la poussée actuelle d'inflation », a-t-elle plaidé, samedi dernier, lors de la réunion de Jackson Hole, aux Etats-Unis. « Si une banque centrale sous-estime la persistance de l'inflation - comme la plupart d'entre nous l'ont fait au cours de la dernière année et demie - et si elle tarde à adapter ses politiques en conséquence, les coûts peuvent être considérables », a-t-elle encore ajouté.

Le pic de l'inflation atteint en 2023 selon Elisabeth Borne

Concernant la France, « l'inflation se diffuse sur le reste de l'économie, y compris sur le secteur des services », a estimé François Villeroy de Galhau. « Ceci justifie notre mobilisation », a-t-il expliqué. Si l'inflation européenne se rapproche des deux chiffres, la France fait partie des pays où elle est la plus modérée. Elle a d'ailleurs ralenti en août à 5,8% sur un an après avoir atteint un record en juillet à 6,1% sur un an, soit le chiffre le plus élevé jamais atteint depuis juillet 1985, selon les données provisoires publiées ce mercredi 31 août par l'Insee. Ce dont s'est réjouie, ce jeudi, Elisabeth Borne. Selon, la Première ministre, « c'est plutôt une bonne nouvelle qu'on ait eu une inflation plus faible sur le dernier mois mais on considère qu'on devrait avoir passé le pic de l'inflation plutôt au cours de l'année 2023 », a-t-elle déclaré sur France Inter.

Pour autant, ce ralentissement de l'inflation nécessite de se confirmer dans les mois à venir, en particulier parce que la hausse des prix est causée par des facteurs extérieurs : d'une part la forte reprise de l'activité à la sortie de la crise sanitaire et, d'autre part, la guerre en Ukraine, la rendant très fluctuante.

Sans compter que, les bons résultats sur le front de l'inflation peuvent aussi s'expliquer par les nombreuses mesures pour protéger le pouvoir d'achat des Français prises par le gouvernement. Mais pour François Villeroy de Galhau, « il ne peut pas y avoir de "quoi qu'il en coûte"», en référence au soutien massif apporté à l'économie, en particulier aux entreprises, lors de la crise sanitaire. « Chacun doit prendre un peu sa part de l'effort, en protégeant les plus défavorisés de nos concitoyens », a estimé le gouverneur de la Banque de France.

Commentaires 4
à écrit le 02/09/2022 à 10:49
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Vous passez sous silence les prélèvements sociaux mensuels mirobolants, la mutuelle, la prévoyance, la formation obligatoire, les congés payés pour toutes sortes d’occasions personnelles payés par les entreprises, les délais de carence pris en charge...

à écrit le 01/09/2022 à 23:17
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" Le pic de l'inflation atteint en 2023 selon Elisabeth Borne "... C'est bizarre, Olivier Véran la semaine dernière en visite dans un supermarché de l'Essonne ( en opé com quoi ), devant les caméras et micros ( on se demande bien pourquoi ils étaient...

à écrit le 01/09/2022 à 17:58
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un monsieur qui ose dire la veritee nous aurons tres certainement une inflation a 2 chiffres en fin d'annee sans parler d'un risque de recession ?

à écrit le 01/09/2022 à 13:23
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C'est un vœux pieux de dire au entreprise de prendre leur part de responsabilité sociale. La seule responsabilité que les dirigeants acceptent d'endosser est de distribuer des dividendes encore plus mirobolants qu'avant, en battant tous les records. ...

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