La rentrée démarre sur les chapeaux de roue à Bercy. Après un été marqué par les manifestations contre le pass sanitaire, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et la ministre du Travail Elisabeth Borne doivent recevoir ce lundi matin une myriade de représentants des filières de l'hôtellerie, des cafés de la restauration, du tourisme ou encore de l'événementiel. L'après-midi, ce sont les représentants du monde de la culture qui sont attendus au ministère des Finances pour une réunion avec la ministre de la Culture Roselyne Bachelot.
Tous ces secteurs sont frappés de près ou de loin par la pandémie et l'application des mesures sanitaires. L'entrée en vigueur de ce sésame au début du mois d'août a amplifié les craintes dans un grand nombre d'établissements déjà affectés par 18 mois de crise sanitaire. Il s'agit selon Bercy de faire le point sur la situation économique de ces secteurs et les aides de l'Etat. La plupart des milieux économiques et financiers s'attendent à un changement de doctrine du gouvernement. A l'université d'été du Medef la semaine dernière, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a clairement exprimé cette nouvelle approche déjà annoncée par le chef de l'Etat Emmanuel Macron au cours de l'été.
Durant la crise sanitaire, "nous n'avons pas compté l'argent public parce que c'était responsable de le faire. Mais maintenant que l'économie française redémarre, que nous avons des perspectives de croissance à 6%, le 'quoi qu'il en coûte' c'est fini", a déclaré M. Le Maire. "Tout le travail que nous avons fait avec les entreprises et les salariés donne des résultats [...] Le niveau de chômage est revenu à son niveau d'avant-crise" a-t-il ajouté sur l'antenne de France Inter ce lundi matin. "Il s'agit de passer d'un dispositif général et forfaitaire d'aides à du sur-mesure. [...] Il n'y aura pas de couperet des aides", a-t-il néanmoins nuancé face aux craintes exprimées.
Vers un ciblage des aides sur les secteurs les plus fragiles
Sans surprise, le ministre de l'Économie, accompagné de plusieurs autres ministres, devrait annoncer un ciblage plus serré sur les secteurs en difficulté. "Nous regarderons ceux qui ont perdu du chiffre d'affaires pendant cette crise sanitaire, pendant ce mois de pass sanitaire, et nous aiderons ceux qui ont perdu de l'argent à cause des réglementations sanitaires", a promis le ministre.
En effet, beaucoup d'établissements ont encore été soumis à un certain nombre de restrictions durant l'été alors que la quatrième vague du variant Delta a mis sous tension certains services hospitaliers. Il s'agit principalement des cafés et restaurants, des lieux culturels ou encore des grands centres commerciaux.
Déjà, au mois de juin, le gouvernement avait déjà fermé une partie du robinet des aides en abaissant la prise en charge de l'activité partielle par l'Etat et l'Unedic. Le dispositif d'activité partielle, qui a permis de préserver l'emploi et les compétences durant la pire récession qu'a vécue la France depuis 1945, avait coûté 34,4 milliards d'euros fin avril. Par ailleurs, le fonds de solidarité a également fait l'objet de quelques aménagements au début du mois de juin. L'avenir de ce fonds, qui a coûté près 35 milliards d'euros depuis mars 2020 et bénéficié à plus de deux millions d'entreprises, sera également sur la table des discussions. Enfin, des exonérations ou réductions de cotisations sociales pour les PME et les indépendants doivent également prendre fin mardi.
Situations contrastées
"Nous sommes prêts à aider les secteurs qui en ont véritablement besoin, avec un dispositif forcément transitoire, très sectoriel", mais il faut "regarder quelle est la réalité des pertes par rapport à ce qui est dit", a résumé dimanche sur Radio J le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt.
De fait, les situations d'un secteur à l'autre voire à l'intérieur d'un même secteur peuvent présenter des contrastes. Ainsi les représentants des cafés, restaurants, hôtels et discothèques ont affirmé vendredi que leur activité estivale avait reculé de 20% en moyenne par rapport à l'été 2019, et réclament une prolongation des aides. Selon eux, 8 cafetiers et restaurateurs sur 10 ont constaté que la mise en place du pass sanitaire le 9 août avait provoqué une baisse de leur activité.
En revanche, un gros quart des restaurateurs ont connu un été en croissance, avec une hausse moyenne des ventes de 20% par rapport à 2019 alors que la situation du tourisme en région parisienne est loin d'être revenue à son niveau d'avant-crise.
De leur côté, les travailleurs indépendants et les auto-entrepreneurs ont fait part d'une grande disparité de situations en leur sein. Leurs représentants ont été reçus mercredi par Alain Griset, ministre des PME, lequel prépare un plan de mesures pérennes en leur faveur qui devrait être présenté en septembre.