C'est un chef de l'État qui s'affiche confiant pour l'avenir. Alors que la croissance du produit intérieur brut (PIB) français a atteint +0,2% au premier trimestre de 2024, « on devrait avoir un deuxième semestre 2024 bien meilleur », a déclaré Emmanuel Macron dans un entretien publié ce mercredi par le journal L'Express. Il n'est d'ailleurs pas le seul à être optimiste sur ce sujet. Début mai, l'OCDE a légèrement relevé sa prévision pour l'ensemble de l'année 2024, la faisant passer à 0,7% contre 0,6% en février. Ce qui serait toutefois encore en dessous du niveau de 2023, établi à 0,9% dans un contexte d'inflation et de taux élevés.
« L'inflation, par ailleurs, a atterri de manière très rapide, beaucoup plus rapide que par le passé. (...) Et ce, sans entrer en récession », a poursuivi le président de la République.
Elle s'est affichée à +2,2% en avril sur un an, après +2,3%, se rapprochant de plus en plus de la cible des 2% souhaité par la Banque centrale européenne (BCE). Si bien que ce contexte, alliant hausse de la croissance et baisse de l'inflation, pourrait conduire l'institution monétaire à baisser ses taux dès sa réunion du 6 juin prochain, selon notamment le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.
Macron maintient son cap
L'interview publiée ce mercredi a également été l'occasion pour le président français de revenir sur le sujet du déficit public. Celui-ci s'est creusé à 5,5% du PIB en 2023, contre 4,9% attendus, en raison de recettes plus faibles que prévu. Et pour 2024, il devrait atteindre 5,1%, là encore, plus que l'objectif initial de 4,4%.
« Hormis une dérive des dépenses initialement prévues qui est du fait des collectivités locales, il n'y a pas de dérapage de la dépense de l'État, son budget est même plutôt sous-consommé », a affirmé Emmanuel Macron.
Il a réitéré son ambition de ramener le déficit public sous le seuil de 3% du PIB en 2027, dans les clous européens. « Est-ce qu'il fallait changer de politique ? La réponse est non. Constance, cohérence, confiance : on garde le cap, car notre stratégie est la bonne », a affirmé le président français.
Et d'ajouter : « On va garder la même politique avec pour objectif, dans les années qui viennent, de pouvoir reprendre la baisse du déficit, revenir sous les 3% comme prévu au niveau européen d'ici à 2027 et commencer à réduire la dette ».
Il a également défendu ses réformes économiques et sa stratégie politique caractérisée notamment par des baisses d'impôts. Il a ainsi répété son engagement de réduire de 2 milliards d'euros les impôts des classes moyennes en 2025. Mi-avril pourtant, le président du Haut Conseil des finances publiques (HCFP), avait alerté sur le fait que les caisses étaient vides. « Dans la situation compromise de nos finances publiques, nous n'avons pas, en réalité, les moyens faire des baisses d'impôts sèches », avait déclaré Pierre Moscovici. « Le gouvernement est libre de voter des baisses d'impôts naturellement », mais « il faut absolument qu'elles soient compensées par des économies supplémentaires qui doivent être incluses dans l'équilibre », avait-il rappelé. Sans visiblement être entendu par le chef de l'État.
Un « Choose France » français
Le président de la République s'est félicité par ailleurs du record de 15 milliards d'euros d'investissements étrangers, pour 10.000 emplois à créer, enregistré la semaine dernière au 7e sommet Choose France au château de Versailles. « En parallèle, il existe une véritable politique de réindustrialisation et d'investissement des entreprises » françaises, a-t-il souligné, citant Blue Solutions, filiale du groupe Bolloré qui construira une usine de batteries dans l'est, ou le groupe pharmaceutique Sanofi qui investira un milliard d'euros à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne).
Emmanuel Macron a d'ailleurs annoncé, sans autre précision, le lancement prochain d'un « sommet Choose France dédié aux entreprises françaises » investissant en France, « pour mieux valoriser ce choix du site productif France ».
Il a enfin déclaré que « dix nouvelles usines vont sortir de terre dans les prochains mois ». Il s'agit de startups, PME et ETI françaises, lauréates de la dernière vague de l'appel à projets « Première usine » du plan France 2030, qui vise à encourager l'innovation. Ces usines produiront notamment « de l'acier décarboné » à Fos-sur-Mer (région Provence-Alpes-Côte d'Azur), « des composites » à Pont-Sainte-Maxence (Hauts-de-France) ou Avrillé (Pays de la Loire) « ou encore des moteurs pour satellites » à Palaiseau (Ile-de-France).
(Avec AFP)