La BCE persiste et signe : la baisse des taux se profile pour le mois de juin

La Banque centrale européenne a jugé « plausible » de commencer à baisser ses taux directeurs au mois de juin. Un scénario envisageable à partir du moment où l'inflation en zone euro atteint la cible de 2%. La Banque d'Angleterre est sur la même longueur d'onde tandis que la Fed américaine se montre plus frileuse.
Pour mémoire, en avril dernier, la BCE a décidé de laisser ses taux inchangés, le principal d'entre eux sur les dépôts campant à 4,0%.
Pour mémoire, en avril dernier, la BCE a décidé de laisser ses taux inchangés, le principal d'entre eux sur les dépôts campant à 4,0%. (Crédits : Wolfgang Rattay)

La première baisse des taux directeurs en Europe pourrait devenir une réalité dans très peu de temps. Selon le compte rendu d'une réunion parue ce vendredi, la Banque centrale européenne (BCE) a jugé « plausible » en avril de commencer à baisser ses taux directeurs en juin. Un scénario envisageable à partir du moment où les données confirment d'ici là le retour anticipé de l'inflation à la cible de 2%.

« Il a été considéré comme plausible que le Conseil des gouverneurs », l'instance qui décide du cap de la politique monétaire au sein de la BCE, « soit en mesure de commencer à assouplir » ses taux actuellement à leur plus haut « lors de la réunion de juin », énonce le document.

Ceci, à la condition que la batterie d'indicateurs supplémentaires dévoilés d'ici là confirment « les perspectives d'inflation à moyen terme », qui voient la progression de l'indice revenir à 2% en 2025, après 2,3% en 2024, selon les projections de l'institution monétaire en mars dernier.

Attendre « prudemment » encore

Pour mémoire, en avril dernier, la BCE a décidé de laisser ses taux inchangés, le principal d'entre eux sur les dépôts campant à 4,0%, c'est-à-dire son niveau atteint en septembre dernier. « Quelques membres » autour de la table du conseil ont plaidé pour desserrer la vis monétaire dès avril, jugeant que les conditions économiques étaient réunies, sans devoir attendre.

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Au total, un « large consensus s'est dégagé » pour « prudemment attendre la prochaine réunion de politique monétaire », qui devrait apporter plus de conviction sur le retour dans les clous de l'inflation, selon le document. Si les prochaines projections disponibles en juin « confirment que l'inflation est en passe de descendre en dessous de 2% au second semestre 2025, une baisse des taux sera alors un fait accompli », commente Carsten Brzeski, économiste chez ING.

Des incertitudes demeurent

La BCE a ouvert en avril la voie à une baisse des taux dès juin mais s'est abstenue d'envoyer des signaux sur l'évolution des taux au-delà. L'incertitude demeure sur la désinflation dans les services et les évolutions des salaires, sur l'environnement géopolitique, et sur ce que va décider la Réserve fédérale américaine sur ses taux.

Dans ce contexte qui n'exclut pas un retour temporaire de l'inflation, « le cycle d'assouplissement de la BCE se poursuivra lentement, probablement à raison de 25 points de base par trimestre », selon les économistes d'Unicredit.

La banque d'Angleterre sur la même longueur d'onde

Outre-Manche, la perspective d'une baisse des taux dans les prochains mois est aussi un scénario possible. Si hier la Banque d'Angleterre (BoE) a maintenu son taux directeur à 5,25%, elle s'est en revanche dite « optimiste » quant à un reflux de l'inflation qui devrait lui permettre de baisser ses taux dans les prochains mois.

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« Avec les progrès réalisés pour s'assurer que l'inflation reste autour de 2% (...), il est probable que nous aurons besoin de baisser les taux lors des prochains trimestres et de rendre la politique monétaire moins restrictive, peut-être plus que prévu par le marché », a ainsi déclaré le gouverneur de l'institution, Andrew Bailey, lors d'une conférence de presse. Et d'ajouter : « Un changement du taux d'intérêt en juin n'est ni exclu ni un fait accompli », a précisé le gouverneur de la BoE à la presse.

Pour rappel, après avoir flambé jusqu'à 11% fin 2022, l'inflation est largement retombée au Royaume-Uni, à 3,2% sur un an en mars. La BoE s'attend à ce que l'inflation tombe au mois d'avril vers sa cible de 2%, largement grâce à un abaissement du prix réglementé de l'électricité. Et la croissance britannique s'est établie à +0,6%, lors des trois premiers mois de l'année, alors que les économistes tablaient sur une progression de 0,4%. Le Royaume-Uni sort donc de la récession dans lequel il était tombé fin 2023.

La Fed beaucoup plus frileuse que la BCE et la BoE

Du côté des Etats-Unis, l'élan vers une baisse des taux est moins dynamique. Début avril, un responsable de la Fed a indiqué que l'institution pourrait finalement se contenter d'une seule baisse des taux en 2024. Ce, alors que les marchés en espèrent deux ou trois.

Et pour cause, lors de leur dernière réunion de la Réserve fédérale, le 21 mars dernier, les membres du comité de la Fed (FOMC) avaient annoncé tabler sur trois baisses des taux de 0,25 point de pourcentage cette année. Un chiffre en baisse par rapport à la précédente réunion en décembre dernier, à l'issue de laquelle ils avaient évoqué trois ou quatre baisses afin de ramener les taux à 4,6% à la fin de 2024. Pour rappel, ceux-ci se situent toujours dans une fourchette de 5,25 à 5,50%.

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Interrogé sur la chaîne CNBC, le président de la Fed d'Atlanta, Raphael Bostic, avait donc noirci davantage le tableau. « Les bonnes performances de l'économie en 2023 m'avaient amené à penser qu'on pourrait bouger plus tôt. Mais l'inflation a désormais une trajectoire plus accidentée et je pense que nous allons devoir attendre pour voir comment les choses évoluent », avait-il expliqué.

Selon le haut cadre institutionnel, « nous devons nous attendre à ce que l'inflation ralentisse bien plus lentement que beaucoup l'anticipaient et nous allons devoir être bien plus patients ». D'autant que l'indice PCE des prix, celui privilégié par la Fed pour la conduite de sa politique monétaire, est reparti à la hausse en février dernier; passant de 2,4% sur un an en janvier à 2,5% le mois suivant. L'inflation aux Etats-Unis a néanmoins ralenti à 0,3% sur un mois, contre 0,4% le mois précédent.

Dans ces conditions, la première, et donc potentiellement seule baisse des taux pour 2024, ne pourrait intervenir qu'à « la fin de l'année, au dernier trimestre, selon ce que les données montrent », a conclu le responsable de la Fed. De leur côté, les marchés anticipent, eux, une première baisse lors de la réunion prévue mi-juin.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 11/05/2024 à 8:45
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Depuis le temps que nos riches l'exigent. Le reste du monde lui et plus prudent forcément. On étouffe en UERSS empire prévu pour durer mille ans.

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