Déficit public : le mystère des 10 milliards d’économies

L’exécutif sera sommé de s’expliquer à plusieurs reprises d’ici aux européennes.
Nicolas Prissette
Thomas Cazenave, ministre délégué chargé des Comptes publics
Thomas Cazenave, ministre délégué chargé des Comptes publics (Crédits : © LTD / Arthur N. Orchard/Hans Lucas via Reuters)

Jusqu'où la Sécurité sociale devra-t-elle faire des économies ? Les idées ne manquent pas : indemnités journalières, transports de malades... Sans compter les efforts demandés à l'assurance chômage, aux collectivités locales et à l'État. Le gouvernement présentera cette semaine au Conseil des ministres le détail des prévisions financières de la France pour les années à venir (un document appelé programme de stabilité), après en avoir donné les grandes lignes il y a quelques jours.

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L'objectif pour cette année est connu : 10 milliards d'euros d'économies supplémentaires dans les crédits de l'État, après un premier effacement de 10 milliards en février. Mais nul ne sait dire où les coupes seront faites. Bercy s'est contenté d'annoncer qu'il procéderait par gel - ce qui évite le dépôt d'une loi de finances rectificative. « Sans un texte qui les détaille, ces 10 milliards sont fictifs », glisse un ancien ministre d'Emmanuel Macron et bon connaisseur du sujet.

Bercy s'est contenté de dire qu'il procéderait par gel

Le mystère sera-t-il levé avant les élections européennes ? Devant l'Association des journalistes parlementaires, Marie Lebec, ministre des Relations avec le Parlement, a indiqué jeudi que « le débat autour du programme de stabilité et le printemps de l'évaluation [examen de la loi de règlement] permettront aux ministres concernés d'éclairer les champs et les programmes sur lesquels nous faisons des économies. »

Le calendrier ressemble à un supplice chinois. Mercredi, Thomas Cazenave, ministre délégué chargé des Comptes publics, doit exposer devant la commission des finances les derniers comptes pour 2023 ainsi que le programme de stabilité. Les échanges promettent d'être sans concession. Le projet de loi de règlement est marqué par le « trou » dans les recettes, découvert tardivement à Bercy, qui a suscité dans les rangs des oppositions les accusations d'insincérité (l'équivalent d'une faute grave en gestion publique). Un rejet semble inéluctable lors du passage dans l'hémicycle en mai.

Ensuite, deux agences de notation, Fitch et Moody's, rendent leur verdict le 26 avril. Une baisse de la note de la dette française est anticipée. Puis l'exécutif affrontera un débat d'orientation à l'Assemblée nationale lundi 29 avril. De son côté, le groupe LR va lancer une commission d'enquête sur la dette. Les ministres de Bercy seront sans doute auditionnés. Ils ne sont pas au bout de leurs peines.

Nicolas Prissette
Commentaires 2
à écrit le 14/04/2024 à 16:03
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Notre dette explose, pendant ce temps celle de la russie malgré les sanctions n'est que de 21% (cinq fois moins).

à écrit le 14/04/2024 à 15:22
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"Ensuite, deux agences de notation, Fitch et Moody's, rendent leur verdict le 26 avril. Une baisse de la note de la dette française est anticipée." Fitch a déjà annoncé qu'elle ne la baissera pas en avril. La mauvaise nouvelle sera si elle mettra la...

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