Le 27 mars, Gabriel Attal a convoqué un séminaire gouvernemental. Celui-ci sera consacré au travail. La date n'a rien d'innocente. La veille, les négociations entre partenaires sociaux sur l'assurance chômage seront arrivées à expiration, qu'elles soient conclusives ou non. Si ces derniers ne se sont pas entendus, l'exécutif reprendra alors la main et ne cache pas sa volonté d'agir vite.
Depuis sa nomination à Matignon, Gabriel Attal a fait du travail son marqueur. Il a, à de multiples reprises, affirmé sa volonté de faciliter le retour à l'emploi, usant de l'expression « devoir de travailler ». Lors du séminaire du 27 mars, il mettra en avant une autre priorité : le « travailler-mieux ». Ministre des Comptes publics, il avait déjà expérimenté dans son administration la semaine en quatre jours, sans réduction du temps de travail.
Mettre en place une expérimentation d'organisation du travail
Le 30 janvier, lors de son discours de politique générale à l'Assemblée, le nouveau chef du gouvernement avait demandé à ses ministres d'expérimenter cette solution dans leurs administrations. Le 27 mars, il va leur préciser leur feuille de route. Gabriel Attal va ainsi leur demander de mettre en place d'ici à septembre une expérimentation d'organisation du travail pour une durée d'une à deux années dans leurs administrations. À eux de réfléchir à la meilleure formule. Cela pourra être la semaine en quatre jours, la semaine en quatre jours et demi, la semaine différenciée... Dans ce panel d'options, Gabriel Attal tient notamment beaucoup à cette dernière piste, permettant par exemple aux parents divorcés de travailler moins la semaine où ils ont la charge de leurs enfants (quatre jours) et plus celle où ce n'est pas le cas (cinq jours).
Stanislas Guerini sera chargé de négocier un accord-cadre avec les syndicats
« Travailler-mieux »
À l'occasion du séminaire gouvernemental, le Premier ministre donnera également mandat à Stanislas Guerini, le ministre de la Fonction publique, pour négocier avec les organisations syndicales un accord-cadre sur le « travailler-mieux », afin de donner à celui-ci une autre ampleur. Ce texte permettra d'en fixer les grands principes : le volontariat, le volume inchangé du temps de travail annuel, le respect de l'empreinte carbone... La CFDT est déjà très engagée sur le sujet.
Pour Gabriel Attal, cette meilleure prise en compte de l'articulation entre vie professionnelle et vie privée correspond à une vraie aspiration des Français. Mais il n'y voit pas qu'un avantage sociétal. Cette plus grande flexibilité doit aussi permettre à certains métiers de retrouver plus d'attractivité. Elle doit aboutir à un meilleur service : la semaine en quatre jours peut favoriser l'extension des horaires d'accueil en guichet. Elle permet de lutter contre les absences. Au Royaume-Uni, une expérimentation dans le secteur privé, concernant 3 000 salariés, a permis de faire baisser de 71 % les burn-out et de 65 % les jours de congé maladie.