Déséquilibre excessif : la France sort de l'impasse

La Commission européenne a salué, mercredi 7 mars, "l'amélioration progressive" de l'économie française. "Incontestablement, les choses s'améliorent, le déficit budgétaire et le chômage français baissent", a affirmé le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici, qui présentait l'analyse annuelle de la Commission de la situation économique et sociale dans les États membres.
Grégoire Normand
Selon les dernières prévisions du ministère français de l'Économie, la situation devrait s'améliorer sur le plan du déficit public, qui devrait s'établir à 2,9% du PIB en 2017, passant pour la première fois depuis dix ans sous la barre des 3% exigée par les traités européens, puis se réduire à nouveau en 2018 pour atteindre 2,8%.
Selon les dernières prévisions du ministère français de l'Économie, la situation devrait s'améliorer sur le plan du déficit public, qui devrait s'établir à 2,9% du PIB en 2017, passant pour la première fois depuis dix ans sous la barre des 3% exigée par les traités européens, puis se réduire à nouveau en 2018 pour atteindre 2,8%. (Crédits : Reuters/Benoit Tessier)

Les clignotants passent au vert pour l'économie française. Dans un rapport publié le mercredi 7 mars, la commission européenne a salué l'amélioration de la situation macroéconomique de la France tout en reconnaissant que la croissance à long terme devrait rester modérée.

"Après trois années de croissance modérée, l'activité économique a connu une forte accélération en 2017. Le gouvernement entreprend d'importantes mesures de réforme."

Ces bonnes performances permettent à la France de passer du groupe des pays européens en situation de "déséquilibre macroéconomique excessif", auquel elle appartenait ces dernières années avec notamment l'Italie, à ceux présentant quelques déséquilibres comme l'Allemagne - c'est-à-dire la deuxième catégorie sur quatre. L'Allemagne, qui multiplie les excédents budgétaires record depuis plusieurs années et qui est donc elle aussi en situation de déséquilibre macroéconomique, se fait régulièrement épinglée pour son manque d'investissement notamment.

Lire aussi : Pourquoi l'Allemagne doit se réformer d'urgence

Deux procédures

L'Union européenne dispose en effet de deux procédures pour évaluer les performances des États membres. La première porte sur les déficits. La seconde, moins connue et moins contraignante, porte sur les résultats macroéconomiques et sur l'efficacité des réformes entreprises pour réduire les déséquilibres. La seconde procédure mise en place après la crise permet de faire un bilan approfondi des mesures de prévention et de correction. Le document souligne :

"Les déséquilibres macroéconomiques de la France sont dus à une dette publique élevée et à une faible compétitivité dans un contexte de croissance atone de la productivité."

De bonnes prévisions à court terme

Selon l'institution européenne, l'activité économique devrait rester solide dans un avenir proche. Les auteurs du rapport, qui évaluent une croissance légèrement inférieure aux dernières révisions de l'Insee (1,8% contre 2% pour 2017), notent que cette accélération repose avant tout sur une forte croissance des investissements privés et une forte reprise du marché du logement. Selon les dernières prévisions de Bruxelles, la croissance du PIB devrait atteindre 2% en 2018 et 1,8% en 2019. Cette dynamique devrait être portée par une croissance de la consommation privée alors que l'investissement devrait se maintenir à des niveaux soutenus.

"L'investissement des ménages devrait conserver son dynamisme, comme l'indique l'augmentation du nombre de constructions neuves. De plus, l'investissement public devrait, après plusieurs années de repli, se redresser en 2018."

Lire aussi : La croissance révisée à 2% en 2017, du jamais-vu depuis 6 ans

Amélioration des finances publiques

En ce qui concerne les finances publiques, la Commission européenne souligne que la baisse "du déficit sous la valeur de référence de 3% du PIB semble durable, mais le déficit structurel devrait augmenter". Selon les dernières projections, le déficit public devrait tomber à 2,9% du PIB en 2017. Cependant, les experts expliquent que la recapitalisation d'Areva et l'abrogation de la contribution de 3% sur les dividendes pourraient remettre en question cette baisse. Au niveau de la dette, l'organisme européen souligne que la soutenabilité à court terme ne semble pas préoccupante malgré le ratio d'endettement public privé. Il prévoit une stabilisation du ratio 96,9% du PIB sur la période de prévision (2017-2019).

Lire aussi : Taxe sur les dividendes: un ratage aux responsabilités plurielles selon l'IGF

Manque d'intégration sur le marché du travail

Si les fonctionnaires européens expliquent bien que la situation du marché du travail s'est améliorée avec une baisse du chômage depuis plusieurs semestres, ils restent de nombreux défis à relever. Parmi les problèmes persistants figurent celui du chômage des jeunes et les personnes peu qualifiées. Des efforts devraient également être menés pour favoriser l'intégration de personnes défavorisées sur le marché du travail. Les auteurs soulignent, par exemple, le cas des personnes issues de l'immigration.

"Les conditions d'emploi pour les personnes issues de l'immigration, qu'elles soient nées en France ou hors de l'Union européenne, restent difficiles, avec des taux de chômage élevés, qui ne baissent que lentement."

Outre le chômage élevé des personnes issues de l'immigration, la Commission recommande d'augmenter l'apprentissage de la langue française pour les immigrés qui n'ont aucune connaissance. Le nombre d'heures proposées par l'Office français de l'immigration et de l'intégration s'élève actuellement à 200 heures au maximum contre 600 en Allemagne par exemple.

Lire aussi : Les discriminations accentuent fortement le chômage des immigrés

Commerce extérieur et productivité en berne

La multiplication des déficits commerciaux de la France inquiète la Commission européenne. Si le rapport note que "la compétitivité a cessé de se dégrader [...] Le solde du commerce extérieur s'est cependant détérioré en 2016, aussi bien pour les biens que pour les services". Pour les spécialistes européens, la compétitivité-coût s'est améliorée mais le ralentissement de la productivité continue de peser. "La croissance de la productivité reste modérée et empêche la compétitivité de la France de se rétablir plus rapidement." La croissance de la productivité de la main d'oeuvre en France (0,5%) demeure à un niveau inférieur à quelques voisins comme l'Allemagne (0,6%) ou l'Espagne (0,7%). La commission prévoit dans les prochaines années une poursuite du ralentissement de la productivité en raison de la baisse du taux du CICE et de la fin des aides aux nouvelles embauches.

La loi Pacte attendue

Le plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises (loi Pacte) qui doit être présenté le 18 avril prochain en Conseil des ministres est attendu par la commission. L'administration européenne souligne également que le grand plan d'investissement devrait permettre de soutenir l'économie tricolore. Elle indique cependant que des obstacles demeurent comme "la complexité des exigences réglementaires et administratives qui empêche l'économie numérique collaborative de croître", par exemple.

Lire aussi : Loi Pacte, réforme de l'apprentissage : qu'en pensent les chefs d'entreprise ?

Des inégalités en matière d'éducation

Les membres de la commission alertent sur les inégalités persistantes en matière d'éducation.

"Le système de formation et d'enseignement professionnels ne facilite pas suffisamment l'accès à l'emploi, malgré les réformes entreprises."

Les fonctionnaires européens mettent en exergue les lacunes du système de formation professionnelle continue qui ne profitent qu'à une certaine catégorie de chômeurs ou de travailleurs salariés. Ils indiquent également que les inégalités liées à l'origine socio-économique demeure notamment dans les zones urbaines défavorisées ou même dans l'accès au logement qui peut être difficile dans dans des métropoles où les loyers sont excessifs.

Lire aussi : La formation professionnelle, "véritable trappe à inégalités professionnelles"

Grégoire Normand
Commentaires 13
à écrit le 10/03/2018 à 8:24
Signaler
Suite. Pourquoi les Français ne comprennent-ils pas la note n°6 du CAE? C'et pour moi un mystère. Qui peut me donner la solution?

à écrit le 10/03/2018 à 8:14
Signaler
La solution pour la France est d'appliquer la note n°6 du CAE. Mais les Français ne peuvent pas le comprendre. Les Allemands l'ont compris et profitent de la situation. Il faut prévoir un impot social sur l'énergie.

à écrit le 09/03/2018 à 19:38
Signaler
Si le déficit continu ce n'est pas très grave, il suffit de taxer d'avantage les nantis, comme les retraités, les salariés, les chômeurs, les agriculteurs, les agents SNCF et tous ces fainéants. Grâce à la politique courageuse d'en Marche, les perso...

à écrit le 09/03/2018 à 8:39
Signaler
de la poudre aux yeux "on nous dit" tout va bien la relance est la !!! mais on nous parle jamais du remboursement de la dette mais on augmente toujours les impots pour les petits mais pas pour les riches en esperant qu'ils investissent en France alor...

à écrit le 09/03/2018 à 8:29
Signaler
Et pourtant la France a toujous safolle administration!!! Attendons la prochaine crise!!!

à écrit le 08/03/2018 à 23:23
Signaler
Le déficit budgétaire n'est pas de 3% d'un quelconque machin; les dépenses excèdent les recettes d'un quart: en clair, le gouvernement, approuvé par le parlement, a prévu de dépenser 125 quand il espère recevoir 100, le 25 représentant tout de même d...

à écrit le 08/03/2018 à 21:40
Signaler
Depuis quand des lois votées par un gouvernement ont des effets visibles en moins de 6 mois ? Encore une fumisterie bruxelloise pour nous faire oublier l'élan anti-Europe qui monte lentement mais sûrement (cf. UPR...). Vive le Frexit !

à écrit le 08/03/2018 à 19:42
Signaler
les gadgets (réformes) de macron peuvent tromper le brillantissime ex ministre moscovici qui a laissé notre pays HS, mais si l'on compare les résultats de la France avec les autres pays européens, c'est une calamité.

à écrit le 08/03/2018 à 19:07
Signaler
J'aime beaucoup le language utilisé: Le déficit devrait tomber de 3% à 2.90 %. Il faut peut-être juste rappeler que l'équilibre du budget est à 0 % de déficit et on est encore très loin. Donc il faut une véritable CHUTE pour y arriver. Pendent ce te...

le 08/03/2018 à 21:33
Signaler
Quels Pays SVP? Je constate que le précédent président à pris le pays a -5% de déficit et l'a redu à trois (2017c'est encore son budget) Avec 2% de croissance, mais on encense l'actuel? Y'*aurait-il une raison que je ne peux comprendre derrière?

le 08/03/2018 à 22:58
Signaler
" Pendent ce temps les autres pays font des éxédents dans leurs caisse de l'état," Citez nous donc un seul pays européen en dehors de l'Allemagne qui fait de l’excédent budgétaire ?

à écrit le 08/03/2018 à 18:53
Signaler
Les fonctionnaires européens soulignent, mettent en exergue.... ..🤣🤣 Depuis quand les avis de quelques fonctionnaires obscures fussent-ils européens intéressent votre journal économique plutôt anti-fonctionnaires? Dès lors que ces avis vont dans vot...

le 08/03/2018 à 23:51
Signaler
Il leur faudrait en effet donner un avis plus tranché : 3% de PIB de déficit public alors que l'économie est probablement proche de son haut de cycle, ça reste beaucoup trop. Avant même de commencer à parler de baisses d'impôts, il faut réduire la dé...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.