Économie : les 5 propositions phares de la Nupes

Jean-Luc Mélenchon, Aurélie Trouvé et plusieurs économistes ont présenté ce mardi 7 juin les grandes mesures du programme économique de la Nupes. Voici les cinq principales propositions à retenir de ce volumineux programme de 650 mesures.
Grégoire Normand
Jean-Luc Mélenchon a annoncé que le Smic passerait finalement à 1.500 euros nets, pour tenir compte de l'inflation, en cas de succès de la Nouvelle union populaire, écologiste et sociale (Nupes) aux prochaines élections législatives.
Jean-Luc Mélenchon a annoncé que le Smic passerait finalement à 1.500 euros nets, pour tenir compte de l'inflation, en cas de succès de la Nouvelle union populaire, écologiste et sociale (Nupes) aux prochaines élections législatives. (Crédits : Reuters)

À quelques jours du premier tour du scrutin des législatives, la campagne peine toujours à intéresser les Français. Après une bataille présidentielle jugée atone par un grand nombre d'observateurs, l'abstention pourrait battre une nouvelle fois des records. Pourtant, les résultats de cette élection vont déterminer une grande partie des réformes économiques et sociales à venir dans les cinq prochaines années. Emmanuel Macron espère obtenir une majorité absolue à l'Assemblée nationale tandis que la Nouvelle union populaire économique et sociale (Nupes) rêve d'un nouveau Front populaire de 1936.

Selon un récent sondage Ipsos Sopra-Steria (échantillon de 6.300 personnes), la majorité présidentielle Ensemble (Renouveau, Modem et Horizons) et la NUPES (PS, EELV, PCF, France insoumise) sont au coude à coude (28% contre 27%) dans les intentions de votes. Dans ce contexte très serré, Jean-Luc Mélenchon, Aurélie Trouvé, Manon Aubry et plusieurs économistes proches de la Nupes ont présenté les grandes lignes économiques de cette alliance des forces vives de gauche lors d'un point presse ce mardi 7 juin. "Le programme de la NUPES prévoit une relance générale du système", a déclaré Jean-Luc Mélenchon devant les journalistes après avoir essuyé des salves d'attaques et de critiques du camp de la majorité et des conservateurs mais aussi de plusieurs groupes de réflexion proches du gouvernement comme l'institut Montaigne. Retour en cinq points sur quelques mesures emblématiques du programme de la Nupes.

1-Un SMIC à 1.500 euros net

La pagaille dans les chaînes d'approvisionnement et la guerre en Ukraine ont fait grimper l'indice des prix à la consommation à 5,2% au mois de mai dernier, un niveau inédit après des années de faible inflation. Face à cette poussée de fièvre des prix de l'énergie, des matières premières et de certains biens de première nécessité, les économistes de la Nupes proposent la mise en œuvre d'un salaire minimum à 1.500 euros net.

Sur cette mesure, le programme de la Nupes va plus loin que le programme à la présidentielle de Jean-Luc Mélenchon. Le leader de la France insoumise suggérait un SMIC à 1.400 euros. "On entend dire que la hausse du SMIC pénaliserait l'emploi. La réalité montre surtout le contraire. Le SMIC a augmenté en France de 14% entre 1997 et 2002 alors que l'indice des prix à la consommation augmentait entre 1,2% et 1,9%", a expliqué l'économiste de l'université de Bordeaux Eric Berr. Les économistes de la Nupes veulent également limiter les écarts de salaire de 1 à 20 à l'intérieur des entreprises. Enfin, ils suggèrent de mettre en place un blocage des prix sur certains produits comme un panier de cinq fruits et légumes ou d'autres biens de consommation comme des pâtes ou de l'habillement.

2- Une retraite à 60 ans

Sur la question inflammable des retraites, le programme de la Nupes va à l'exact opposé de la proposition d' Emmanuel Macron pour un départ à 65 ans, puis à 64 ans au lendemain du second tour de la présidentielle. Les économistes proposent de revenir "à la retraite à 60 ans à taux plein pour toutes et tous après quarante annuités de cotisation avec une attention particulière pour les carrières longues, discontinues et les métiers pénibles". Cette mesure a provoqué une levée de boucliers dans les rangs macronistes. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a récemment taclé cette proposition. "Ceux qui proposent la retraite à 60 ans, mentent aux Français", a-t-il affirmé au micro d'Europe 1.

Afin de financer ce retour à 60 ans, l'alliance de gauche suggère de prélever des cotisations patronales sur les dividendes, la participation, l'épargne salariale, les rachats d'action, ou les heures supplémentaires. Ils veulent également mettre en place une hausse de 0,25 point par an sur le taux de cotisation vieillesse et une surcotisation sur les hauts salaires. La Nupes entend enfin rétablir les facteurs de pénibilité supprimés par Emmanuel Macron.

3- Une planification écologique

La multiplication des périodes de sécheresse, des catastrophes climatiques et les alertes des scientifiques ont remis en avant le thème de la planification écologique, longtemps restée dans l'angle mort des politiques économiques. Dans leur programme, les candidats de la nouvelle union défendent "une planification écologique citoyenne". "La planification écologique est devenue une question centrale", a affirmé Cédric Durand, économiste à l'université de Genève, lors du point presse. Dans l'hypothèse où les candidats de la Nupes obtenaient une majorité absolue dans l'hémicycle, le gouvernement devra mettre en place un conseil national à la planification écologique.

L'exécutif à Matignon pourrait "donner un mandat à l'Insee pour faire émerger une comptabilité nationale compatible avec l'écologie", a poursuivi l'enseignant. La garde rapprochée de Jean-Luc Mélenchon envisage de créer également une agence pour la relocalisation dépendant du conseil à la planification écologique. Elle serait chargée de faire un inventaire des secteurs industriels "indispensables sur le plan social et environnemental" et de mettre en place "un plan de relocalisation adapté à chaque filière ou production stratégique identifiée".

4- Le retour et le renforcement de l'impôt sur la fortune (ISF)

Sur le plan fiscal, l'alliance de gauche propose de rétablir l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) supprimé sous Emmanuel Macron et remplacé par l'impôt sur la fortune immobilière (IFI). Cet impôt décrié dans les milieux très aisés comporterait un volet climatique ayant pour but de taxer les plus gros pollueurs et serait calculé en fonction de l'empreinte carbone des actifs détenus. Cette idée a été largement développée par plusieurs ONG dont Greenpeace et Oxfam.

L'objectif de "cette proposition est une anti-taxe carbone. Il s'agit de faire porter les efforts de cette transition vers ceux qui ont le plus de moyens", avait assuré à La Tribune il y a quelques mois Elise Naccarato, responsable de la campagne climat chez Oxfam. Les recettes de cet ISF climat pourrait servir à financer une partie de la transition énergétique.

5 - Une allocation de 1.000 euros pour les jeunes

Les deux longues années de pandémie ont braqué les projecteurs sur les situations parfois précaires des étudiants et jeunes confrontés à diverses situations de mal logement ou de budget pour se nourrir.

Face à de telles difficultés, la NUPES défend une allocation d'autonomie pour les jeunes de 1.063 euros qui correspond au seuil de pauvreté. Ils prônent également une hausse des indemnités de stages et de mettre fin aux "CDD déguisés". Dans son programme, la Nupes ne précise pas que cette allocation sera soumise à certains critères d'éligibilité (revenus des parents, logement). Ce flou devra sans doute faire l'objet de précisions.

Surtout, l'application de ce programme va évidemment dépendre des résultats des élections législatives et de la capacité des différents partis à former un socle politique stable et solide. Sur les 650 propositions du vaste programme, 33 font l'objet de larges clivages comme, l'Europe, l'énergie, la suppression des stock options ou la titularisation généralisée des contractuels de la fonction publique. Ces mesures seront soumises au débat avertissent les auteurs du programme.

Grégoire Normand
Commentaires 9
à écrit le 08/06/2022 à 9:54
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Les allemands qui sont les contributeurs de l'Europe et en particulier de la France vont vite arrêter le jeu de Mélenchon, qui va se retrouver dans un pays non seulement endetté mais ruiné, par son programme comme chaque fois que l'extrême gauche com...

le 08/06/2022 à 13:04
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Oui et toute cette dette provient bien sûr de cette gauche radicale jamais au pouvoir. Plus personne ne croit à ce mensonge....

à écrit le 08/06/2022 à 9:38
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Il faut préciser qu'il ne s'agit que de l'urgence et non pas du programme, qui est bien plus intéressant a découvrir!

à écrit le 07/06/2022 à 23:39
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Les français en bon nombre croient pouvoir vivre du travail des autres sans se soucier de leur compétitivité en finançant leur pouvoir d'achat et leur dêficits commerciaux par la dette. Ils croient aussi que en taxant les patrimoines plus que dans le...

à écrit le 07/06/2022 à 22:44
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La "NUPES" ? On dirait le nom d'une nouvelle maladie sexuellement transmissible...

à écrit le 07/06/2022 à 19:06
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Faux suspense entretenu sur les mesures économiques et sociales qui seraient appliquées si la NUPES gagne les législatives. Pourquoi ne pas dire aux lecteurs que l'UE veillera sur la légalité des mesures mises en oeuvre selon le droit "européen" et ...

le 07/06/2022 à 20:32
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Heureusement que nous sommes dans l'Europe. Elle nous empêche de faire n'importe quoi. Dans quel état serait notre pays sans la BCE et sans l'euro ?

le 07/06/2022 à 20:56
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@ Jean Paul B: Les gouvernements sont tellement sous camisole, qu'ils n'arrêtent pas d'augmenter les dépenses publiques et de creuser la dette qui est déjà abyssale. LOL.

le 08/06/2022 à 18:08
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Vous savez qu'on parle de Mélenchon la, pas de Macron. Il sait surement déjà qu'une faible partie de son programme est "acceptable" pour l'Ue et n'oubliez pas qu'il va surement mettre en jeu une sortie de l'Ue pour faire ce qu'il veut. L'Ue va pa...

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