Elisabeth Borne dévoile un nouveau plan d'égalité entre les femmes et les hommes au travail

Après une forte journée de mobilisation contre la réforme des retraites, la Première ministre Elisabeth Borne a dévoilé le nouveau plan de lutte contre les inégalités entre les hommes et les femmes ce mercredi en conseil des ministres. Malgré une avalanche de critiques, le gouvernement veut poursuivre son index égalité professionnelle mis en oeuvre en 2018 par l'ex-ministre du Travail Muriel Pénicaud. L'exécutif a prévu d'exclure des marchés publics, les entreprises qui ne respectent pas leurs obligations sur l'index ou celles qui auraient obtenu une note insuffisante. Bercy prévoit également d'appliquer par défaut un taux individualisé dans le prélèvement à la source à partir de 2025.
Grégoire Normand
Elisabeth Borne doit dévoiler ce nouveau plan en conseil des ministres mercredi 8 mars.
Elisabeth Borne doit dévoiler ce nouveau plan en conseil des ministres mercredi 8 mars. (Crédits : Reuters)

Le chemin vers l'égalité professionnelle s'annonce encore long et périlleux. Durant son premier mandat, le président de la République Emmanuel Macron avait élevé l'égalité entre les hommes et les femmes en « grande cause nationale » du quinquennat. En 2017, le chef de l'Etat avait prononcé en grande pompe un long discours pour défendre sa feuille de route sous les dorures du château de l'Elysée.

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Cinq ans après, les inégalités dans les sphères économique et sociale sont particulièrement criantes en dépit des politiques dites de diversité, de lutte contre les discriminations, ou en faveur de « l'empowerment » des femmes mises en avant dans certaines entreprises et organisations.

A l'occasion de la journée internationale des droits des femmes ce mercredi 8 mars, la Première ministre doit présenter une centaine de mesures en faveur de l'égalité des femmes et des hommes à l'issue du conseil des ministres. « C'est un plan ambitieux et transversal très axé sur les territoires », a expliqué l'entourage de la cheffe du gouvernement lors d'une réunion téléphonique avec les journalistes. Un comité interministériel en charge du suivi de ce plan doit se réunir tous les ans sous l'égide de la Première ministre. Avec toutes ces annonces, le gouvernement espère vite faire oublier la forte mobilisation du mardi 7 mars contre la réforme des retraites en espérant le vote de la réforme au Sénat le week-end prochain.

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Critiqué par les économistes, le gouvernement veut passer à la vitesse supérieure sur l'index égalité professionnelle

Lancé en grande pompe par l'ancienne ministre du Travail Muriel Pénicaud en 2018, l'index égalité professionnelle peine à convaincre. Dans une présentation dévoilée ce lundi 6 mars, les économistes de l'institut des politiques publiques (IPP) ont dressé un bilan sévère de cet outil. La mise en place de l'index égalité professionnelle « n'a pas eu d'effet à court terme » sur la réduction des inégalités entre hommes et femmes dans les entreprises.

Autre faiblesse de l'index, « la couverture limitée » des entreprises de plus de 50 salariés. En 2020, « près de 30% des entreprises n'ont pas déclaré leur index et ne sont donc pas en conformité avec la loi, » a souligné l'économiste et professeur à l'Ecole d'économie de Paris, Thomas Breda, lors d'un point presse ce lundi au siège de la CFDT à Belleville. Face à ces critiques, Matignon assure que le gouvernement « va passer à la vitesse supérieure. Les entreprises « qui n'ont pas répondu à l'index ne seront pas éligibles aux marchés publics », annonce-t-on dans l'entourage d'Elisabeth Borne. Les entreprises qui n'ont pas de note suffisante seront également concernées.

Pour rappel, les entreprises de plus de 50 salariés doivent publier leur note obtenue l'année précédente au titre de cet index tous les ans au premier mars. Cette obligation existe depuis 2019 pour les entreprises de plus de 250 salariés et 2020 pour celles entre 50 et 250 salariés. Cette note sur 100 comprend cinq critères : l'écart dans les rémunérations (40 points), dans les augmentations annuelles (20 pts), dans les promotions (15 pts), les augmentations au retour de congé maternité (15 pts) et la part des femmes dans les dix plus gros salaires (10 pts). Lorsque la note est inférieure à 75, l'entreprise doit prendre des mesures dans les trois ans.

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Réduire les disparités liées à la parentalité

L'exécutif veut également mettre l'accent sur l'équilibre vie personnelle/vie professionnelle avec une attention particulière sur la période de parentalité. Le gouvernement a ainsi prévu « d'améliorer les congés maternité et paternité, notamment en diminuant, de 10 mois à 6 mois, la durée d'affiliation nécessaire avant de pouvoir percevoir une indemnisation et en menant une réflexion sur les minimums versés ».  Enfin, le gouvernement veut augmenter le nombre d'autorisations d'absence pour les rendez-vous prénataux pour le co-parent.

Des écarts salariaux toujours criants malgré une hausse des diplômées

En dépit de toutes ses ambitions affichées par Emmanuel Macron depuis 2017, les disparités de salaires entre les hommes et les femmes demeurent importantes. Dans une étude dévoilée ce mardi 7 mars, l'Insee rappelle que les inégalités de salaires se réduisent peu à peu mais restent à 24% dans le secteur privé. Cette divergence s'explique en partie par le temps de travail des femmes.

Ces dernières exercent trois fois plus souvent leur métier à temps partiel que les hommes. A temps complet, la différence redescend à 15%. Les statisticiens soulignent que c'est l'accès des femmes à certaines fonctions qui reste préoccupant. Surtout que la part des femmes inscrites de l'enseignement supérieur n'a cessé de grimper depuis des décennies pour dépasser celle des hommes. Mais elles restent sous-représentées dans les filières scientifiques ou les écoles d'ingénieurs.

Retraites : les femmes largement pénalisées

Sur le front brûlant des retraites, les écart de pensions entre les hommes et les femmes demeurent frappants. Dans sa  dernière publication annuelle phare, la direction statistique du ministère de la Santé révèle que la pension des femmes de droits directs des femmes est inférieure de 40% à celle des hommes. Il a certes diminué en 20 ans de 10 points grâce notamment à une hausse de la participation des femmes au marché du travail. Mais même en prenant en compte les pensions de réversion versées en cas décès du mari, les différences de pension entre les hommes et les femmes restaient importantes en 2020 (-28% pour les femmes).

Face à ces disparités, le gouvernement a promis des mesures dans la réforme décriée des retraites actuellement en débat au Sénat. Dans le dossier de presse confié aux journalistes le 10 janvier dernier, plusieurs mesures favorables aux femmes sont présentées pour corriger les effets des carrières hachées. « Les périodes validées au titre de l'assurance vieillesse des parents au foyer souvent en raison de congé parental seront désormais prises en compte dans le dispositif de carrière longues. Chaque année, plus de 3.000 femmes pourront partir ainsi partir plus tôt à la retraite », est-il précisé. Malgré cette présentation, l'étude d'impact annexée au projet de loi a montré que le report de l'âge légal d'ouverture des droits à la retraite de 62 ans à 64 ans allait beaucoup plus pénaliser les femmes que les hommes.

Outre le montant des pensions, la situation professionnelle des femmes chez les seniors est souvent moins favorable que celle des hommes. Dans un rapport très documenté, le conseil national de l'égalité indique que les femmes sont plus souvent en emploi partiel subi que les hommes après 55 ans et partent plus tard à la retraite. « Les femmes finissent, plus souvent que les hommes, par retrouver et/ou accepter un travail, mais celui-ci ne correspond pas à leurs attentes », écrivent les auteurs. Le nouveau plan présenté pour la période 2023-2027 pourrait s'avérer insuffisant pour corriger toutes ces inégalités.

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Grégoire Normand
Commentaires 3
à écrit le 08/03/2023 à 15:46
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Bof, encore un plan qui va finir à la benne comme les précédents.

à écrit le 08/03/2023 à 10:25
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comme toujours une petite avance mais toujours pas d'egalite idem pour la retraite ou les conges maternite sont pris en compte avec une louche exp les meres au foyer sont esclave du systheme 2 enfants doivent donner une retraite a plein temps au ...

à écrit le 08/03/2023 à 9:10
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Toujours dans un schéma technologique et financier de la feuille Excell, leur vision du futur est loin d'être humaine mais simplement dogmatique ! C'est une construction a coup de reforme !

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